Ukraine. S. Sede prêt à toute médiation. Parolin : “Arrêtez la destruction de la guerre”. Et rappelez-vous les abus subis par les Russes dans le Donbass

« La position du Saint-Siège est celle que le Pape a répétée à plusieurs reprises : un non ferme à la guerre, la guerre est une folie, il faut l’arrêter. Nous demandons, en faisant appel à la conscience de chacun, qu’ils cessent les combats ont souffert”. Ce sont les mots du secrétaire d’État Pietro Parolin qui a confié au Vatican un nouvel appel du Saint pour arrêter “la destruction de la guerre”. Le pape, souligne-t-il, a dit explicitement que l’Ukraine est une guerre et non une “opération militaire” car “les mots sont importants, et définir ce qui se passe en Ukraine, une opération militaire, c’est ne pas reconnaître la réalité des faits”.

Nous sommes confrontés à une guerre, qui récolte malheureusement de nombreuses victimes parmi les civils comme toutes les guerres”. Dans l’interview, Parolin rappelle “la situation conflictuelle existante dans le Donbass, la mise en œuvre insuffisante des accords de Minsk et ce qui s’est passé avec la Crimée”.

“Mais nous ne pleurons pas – poursuit le cardinal – sur le lait renversé ! Il faudrait plutôt une nouvelle détermination pour faire en sorte que ces crises soient résolues avec l’aide de tous”.

“Nous avons sous les yeux les images terribles qui nous viennent d’Ukraine. Les victimes parmi les civils, les femmes, les vieillards, les enfants sans défense qui ont payé de leur vie la folie de la guerre. L’angoisse de voir des villes aux maisons éventrées, laissées sans électricité avec des températures inférieures à zéro, le manque de nourriture et de médicaments. Ainsi que les millions de réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, fuyant les bombes”, dit le cardinal qui confie ensuite: “Ces jours-ci, il m’est arrivé de rencontrer un groupe d’entre eux, venus en Italie de diverses parties de l’Ukraine : regards absents, visages sans sourires, tristesse sans fin… quel défaut ont ces jeunes mères, quel défaut ont leurs enfants ! restent impassibles et laissent cette destruction se poursuivre, rivières de sang et de larmes continuent de couler”.

“La guerre – dit Parolin – est barbare ! Il est significatif que lors de l’Angélus du dimanche 27 février, le Saint-Père se soit référé à l’article 11 de la Constitution italienne qui dit : “L’Italie répudie la guerre comme instrument d’offense à la liberté des autres peuples et comme un moyen de régler les différends internationaux'”. “Ceux qui font la guerre – note Parolin – se confient à la logique diabolique des armes et oublient l’humanité : combien d’exemples avons-nous de la vérité de ces mots ! On l’oublie souvent, parfois parce qu’il s’agit de guerres que l’on considère qui en réalité dans notre monde interconnecté, ils ne sont jamais vraiment éloignés”.

Parolin revient notamment sur la visite du pape François à l’ambassade de Russie au lendemain du début de l’attaque de l’armée de Moscou en Ukraine. “Le pape François a été un geste sans précédent. Le Saint-Père a voulu exprimer aux autorités de Moscou toute sa préoccupation face à l’escalade de la guerre qui venait de commencer à ce moment-là, et il a décidé de faire personnellement un pas dans cette direction en se rendant à la représentation diplomatique de la Fédération de Russie au Saint-Siège”.

Cela a été suivi d’une conversation téléphonique avec le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov au cours de laquelle, révèle Parolin, “j’ai répété l’appel du pape à un cessez-le-feu immédiat. J’ai demandé la fin des combats et la voie d’une solution négociée au conflit. J’ai insisté sur le respect de la population civile et sur les couloirs humanitaires. J’ai également réitéré, comme le Pape l’avait déjà fait dimanche dernier lors de l’Angélus, la disponibilité totale du Saint-Siège pour tout type de médiation susceptible de favoriser la paix en Ukraine”.