Le Pape François lui-même l’a répété avec force lors de l’Angelus : il faut assurer “un accueil humain et digne à ceux qui cherchent l’asile”. Soutenant le message du Saint-Père, la Communauté Sant’Egidio, le Jesuit Refugee Service (JRS) et les sœurs missionnaires de Saint Charles Borromée (Scalabriniennes) ont lancé un appel à l’aide. Car l’incendie qui a détruit une partie du camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos le 9 septembre dernier a provoqué “d’énormes difficultés et rien ne sera plus jamais comme avant” s’alarment ces organisations.
“L’Union européenne, en collaboration avec le gouvernement grec, doit immédiatement intervenir dans le signe de l’accueil et de l’intégration d’un certain nombre de personnes, qui est certainement à sa portée. Avec une extrême urgence, dans les prochaines heures, des décisions importantes doivent être prises pour sauver les personnes les plus vulnérables, à commencer par les malades, les femmes et les enfants. Ce n’est qu’en privilégiant la voie du dialogue et des relations pacifiques qu’il sera possible de parvenir à une solution dans l’intérêt de tous. Mais retarder ou, pire, ne rien faire en attendant qu’une nouvelle précarité permanente se crée au détriment des familles qui vivent sur l’île depuis des mois, voire des années, serait une grave culpabilité pour un continent qui est un symbole de respect des droits de l’homme et une honte face à l’histoire” dénoncent la Communauté Sant’Egidio, le JRS et les sœurs Scalabriniennes.
Ces trois organisations, engagés depuis longtemps auprès des réfugiés et demandeurs d’asile notamment à Lesbos et en Grèce, demandent tout particulièrement :
-d’héberger, dès que possible, les personnes évacuées de l’incendie de Moria dans de petites structures, dotées des services de base;
-de garantir le libre accès aux associations humanitaires pour aider les migrants dans leurs besoins les plus immédiats, en particulier envers les malades, les femmes, les enfants et les personnes âgées;
-d’organiser dans le même temps, au niveau de l’Union européenne ou des différents pays européens volontaires, la nécessaire relocalisation, non seulement des mineurs non accompagnés mais aussi des familles et des personnes vulnérables sur l’île;
-de changer le modèle d’accueil sur l’île de Lesbos pour les nouveaux arrivants en provenance de Turquie, en fournissant des installations d’accueil sur une base transitoire, gérable et respectueuse de la dignité humaine, en sauvegardant le droit de tout réfugié, quelle que soit son origine, à demander l’asile.
Ces trois communautés ont tenu aussi à rappeler que depuis février 2016, l’expérience des couloirs humanitaires fonctionne et avait justement été lancée à Lesbos par le Pape François en personne lorsque, le 16 avril de cette même année, il était revenu en avion avec les trois premières familles, au total 67 réfugiés, avec l’intervention de l’Aumônerie Apostolique et de la Communauté Sant’Egidio. “C’est un chemin qu’il faut continuer à suivre pour sauver d’autres réfugiés en travaillant en réseau avec de nombreuses associations, paroisses, citoyens ordinaires qui ont offert de les accueillir avec une grande générosité”.
“Les expériences déjà lancées dans certains pays démontrent qu’un bon accueil est porteur de chances et d’opportunités pour tous” avait souligné les cardinaux Krajewski, Hollerich et Czerny dans leur lettre aux épiscopats européens le 28 janvier dernier, espérant ainsi pousser les gouvernements à créer de nouveaux projets d’accueil et d’intégration, deux pratiques qui font du bien non seulement aux migrants, mais aussi, en grande part, en terme de valeur et d’avenir, à tous les citoyens européens.