« La guerre déshumanise, elle pousse à tolérer des crimes inacceptables. » Ce sont des paroles d’accusation très directes du Pape François après l’Angélus, lorsqu’il s’est adressé à la foule place Saint-Pierre en lançant : « Frères et sœurs, prions pour la paix : en Ukraine meurtrie, en Palestine, en Israël, au Liban, au Myanmar et au Soudan. »
« Que les gouvernants – a-t-il ensuite martelé – écoutent le cri des peuples qui demandent la paix. »
François refuse de se taire sur les offensives qui continuent à Gaza, en Ukraine et ailleurs, faisant des centaines de milliers de victimes innocentes, contrairement aux gouvernements occidentaux qui alimentent les guerres en envoyant des armes.
Une indifférence honteuse que, avant la prière mariale de midi, depuis la fenêtre de la troisième loge du Palais Apostolique, le Pape a indirectement évoquée en commentant l’Évangile de la liturgie du jour. En particulier, il a rappelé ce que Jésus décrit comme « une grande tribulation : le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière ». « Face à cette souffrance, beaucoup – a observé François – pourraient penser à la fin du monde, mais le Seigneur saisit cette occasion pour nous offrir une autre clé de lecture en disant : “le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas”. Il est nécessaire, a suggéré le Pape, de réfléchir à cette expression : “ce qui passe et ce qui reste”. »
« Dans certaines circonstances de notre vie, lorsque nous traversons une crise ou que nous vivons un échec, mais aussi lorsque nous voyons autour de nous les douleurs causées par les guerres, les violences, les calamités naturelles, nous avons le sentiment que tout va vers la fin, et nous ressentons que même les plus belles choses passent. Les crises et les échecs, cependant, bien que douloureux, sont importants car ils nous apprennent à donner à chaque chose son juste poids, à ne pas attacher notre cœur aux réalités de ce monde, car elles passeront : elles sont destinées à disparaître. »
« En même temps – a poursuivi le Pape – Jésus parle de ce qui reste. Tout passe, mais ses paroles ne passeront pas : les paroles de Jésus restent pour l’éternité. Il nous invite ainsi à faire confiance à l’Évangile, qui contient une promesse de salut et d’éternité, et à ne plus vivre sous l’angoisse de la mort. En effet, tandis que tout passe, le Christ demeure. En Lui, en Christ, nous retrouverons un jour les choses et les personnes qui sont passées et qui nous ont accompagnés dans notre existence terrestre. À la lumière de cette promesse de résurrection, chaque réalité acquiert un nouveau sens : tout meurt, et nous mourrons aussi un jour, mais nous ne perdrons rien de ce que nous avons construit et aimé, car la mort sera le début d’une nouvelle vie. »
« Frères et sœurs, même dans les tribulations, les crises, les échecs, l’Évangile – a martelé François – nous invite à regarder la vie et l’histoire sans crainte de perdre ce qui finit, mais avec joie pour ce qui demeure. N’oublions pas que Dieu prépare pour nous un avenir de vie et de joie. Alors, demandons-nous : sommes-nous attachés aux choses terrestres, qui passent, qui passent vite, ou aux paroles du Seigneur qui restent et nous conduisent vers l’éternité ? Posons-nous cette question, je vous en prie. Cela nous aidera. Et prions – a exhorté enfin le Pape – la Sainte Vierge, qui s’est totalement confiée à la Parole de Dieu, pour qu’elle intercède pour nous. »
Après l’Angélus, François a également rappelé que « hier, à Scutari, ont été béatifiés deux martyrs : Luigi Palić, prêtre de l’Ordre des Frères Mineurs, et Gjon Gazulli, prêtre diocésain, victimes de la persécution religieuse du XXe siècle. Et aujourd’hui, à Fribourg-en-Brisgau, a été béatifié un autre martyr, le prêtre Max Josef Metzger, fondateur de l’Institut séculier du Christ-Roi, opposé au nazisme pour son engagement religieux en faveur de la paix. L’exemple de ces martyrs console tant de chrétiens qui, en notre temps, sont discriminés pour leur foi. Un applaudissement pour les nouveaux Bienheureux ! »
À l’Angélus, il n’a pas manqué une brève réflexion sur la Journée mondiale des pauvres célébrée aujourd’hui, ayant pour thème : « La prière du pauvre monte jusqu’à Dieu. » « Je remercie – a déclaré le Pape – tous ceux qui, dans les diocèses et les paroisses, ont promu des initiatives de solidarité avec les plus démunis. Et en ce jour, souvenons-nous aussi de toutes les victimes de la route : prions pour elles, pour leurs familles, et engageons-nous à prévenir les accidents. Je pose une question, chacun peut se poser cette question : est-ce que je me prive de quelque chose pour le donner aux pauvres ? Quand je fais l’aumône, est-ce que je touche la main du pauvre et le regarde dans les yeux ? Frères et sœurs, n’oublions pas que les pauvres ne peuvent pas attendre ! »
«Je m’unis – a assuré Bergoglio – à l’Église en Italie qui propose demain une journée de prière pour les victimes et les survivants des abus. Tout abus est une trahison de confiance, c’est une trahison envers la vie ! La prière est indispensable pour “retisser la confiance”. Je souhaite aussi rappeler – a-t-il ajouté – tous les pêcheurs, à l’occasion de la Journée mondiale de la pêche, qui sera célébrée jeudi prochain : que Marie, Étoile de la mer, protège les pêcheurs et leurs familles. »
S.C.