Enquêter sur le génocide à Gaza, lutter contre le néocolonialisme économique, respecter l’environnement et le climat. Le pape François analyse dans un livre les urgences dramatiques d’aujourd’hui (S.C.)

« Selon certains experts, ce qui se passe à Gaza présente les caractéristiques d’un génocide. Il faudrait enquêter sérieusement pour déterminer si cela entre dans la définition technique formulée par des juristes et des organismes internationaux. » C’est ce que demande le pape François dans le livre-entretien “L’espérance ne déçoit jamais. Pèlerins vers un monde meilleur”, signé par le vaticaniste argentin Hernán Reyes Alcaide (Éditions Piemme), qui sortira mardi en Italie, en Espagne et en Amérique latine, puis dans plusieurs autres pays. Ce texte très structuré aborde des thèmes tels que la famille, l’éducation, la situation sociopolitique et économique mondiale, les migrations, la crise climatique, les nouvelles technologies et la paix.

Selon le pape, la question des migrations ne peut être résolue que « par l’intégration des pays d’origine, de transit, de destination et de retour des migrants ». « Face à ce défi, aucun pays – affirme François – ne peut être laissé seul, et personne ne peut penser résoudre la question de manière isolée, par des lois plus restrictives et répressives, parfois adoptées sous la pression de la peur ou pour des avantages électoraux. Au contraire, tout comme nous voyons une mondialisation de l’indifférence, nous devons répondre par une mondialisation de la charité et de la coopération, afin que les conditions des migrants soient humanisées. »

« Quand nous entendons tel ou tel dirigeant se plaindre des flux migratoires d’Afrique vers l’Europe, combien d’entre eux se demandent-ils encore sur le néocolonialisme qui persiste dans de nombreux pays africains aujourd’hui ? » s’interroge François. Il cite son voyage en République démocratique du Congo en 2023, où il avait dénoncé le problème du pillage actuel de certaines nations : « Il y a cette maxime, issue de l’inconscient collectif de nombreuses cultures : ‘L’Afrique est à exploiter.’ C’est terrible ! Après le colonialisme politique, un *colonialisme économique*, tout aussi asservissant, s’est déchaîné. Ainsi, ce pays, largement dépouillé, ne parvient pas à tirer pleinement profit de ses immenses ressources : le paradoxe est tel que les fruits de sa terre le rendent étranger à ses propres habitants. Le poison de l’avidité a ensanglanté ses diamants. »

François estime que « lorsque le monde sera capable de conclure des accords pour promouvoir le développement local de ceux qui, autrement, finiraient par émigrer, il sera important que les gouvernants de ces pays, appelés à exercer une bonne politique, agissent de manière transparente, honnête, prévoyante et au service de tous, en particulier des plus vulnérables ». Et « une fois accueillis et protégés, les migrants doivent être promus. En demandant que les portes leur soient ouvertes, j’exhorte également à favoriser leur développement intégral, à leur donner la possibilité de se réaliser en tant que personnes dans toutes les dimensions de l’humanité voulue par le Créateur. » Il appelle également à « faire des progrès significatifs pour favoriser l’insertion socio-professionnelle des migrants et des réfugiés, ainsi que pour offrir aux demandeurs d’asile des opportunités de travail, accompagnées de cours de formation linguistique et d’éducation à la citoyenneté active, avec des informations adéquates dans leur propre langue. »

En Italie, le pape cite l’exemple du jeune prêtre don Mattia Ferrari, « qui non seulement s’engage dans les sauvetages en mer, mais assure également, avec son groupe, une intégration durable et supportable sur le lieu de destination ». Une migration bien gérée, selon François, pourrait même répondre à la grave crise causée par le déclin démographique dans de nombreux pays, notamment en Europe.

Dans ce livre, le pape aborde également « la crise éthique et socio-environnementale actuelle ». « Le temps presse – explique-t-il – il ne nous en reste pas beaucoup pour sauver la planète. » Il appelle à une « alliance pour le soin de la maison commune », citant Carlo Petrini et l’effort nécessaire pour contrer le frénétique *jetable*, tout en cherchant à « préserver le lien avec la nourriture et les traditions locales qui y sont associées ».
Il est nécessaire, conclut François, « d’adopter des modes de vie justes et durables qui donnent à la Terre le repos qu’elle mérite, ainsi que des moyens de subsistance suffisants pour tous qui ne détruisent pas les écosystèmes qui nous soutiennent : nous sommes appelés à sortir de notre zone de confort et à proposer des solutions et des alternatives créatives, afin que la planète reste habitable et que notre existence sur Terre ne soit pas mise en danger ». Les nouveaux problèmes exigent de nouvelles solutions. Nous devons méditer sur les dilemmes éthiques posés par l’utilisation omniprésente de la technologie, en faisant appel à la connaissance intégrée pour empêcher le paradigme technocratique de continuer à régner ».

Sante Cavalleri