“C’est le moment de la honte” dénonce le Pape François après l’énième naufrage meurtrier en Méditerranée

“Je vous avoue que je suis très attristé par la tragédie qui s’est à nouveau déroulée ces derniers jours en Méditerranée… 130 migrants sont morts en mer. Ce sont des personnes. Ce sont des vies humaines qui, pendant deux jours entiers, ont imploré de l’aide, en vain. Une aide qui n’est pas venue. Frères et sœurs, interrogeons-nous tous sur cette énième tragédie. C’est le moment de la honte.” Ce sont les mots forts prononcés avec gravité par le Pape François, au terme du Regina Coeli de ce dimanche 25 avril.

“Prions pour ces frères et sœurs, et pour tous ceux qui continuent à mourir au cours de ces voyages dramatiques. Nous prions également pour ceux qui peuvent aider mais préfèrent détourner le regard. Prions en silence pour eux” a ajouté le Saint-Père face aux fidèles rassemblés place Saint-Pierre, les invitant à observer un moment de silence.

Ces dernières 48 heures, deux embarcations de migrants auraient sombré au large de la Libye. L’ONG SOS Méditerranée indiquait avoir repéré, au large des côtes libyennes, une dizaine de corps près d’un bateau pneumatique retourné qui avait été signalé en détresse avec environ 130 personnes à bord. Aucun survivant n’a été retrouvé lors des opérations de recherches menées par le navire Ocean Viking affrété par cette ONG française, ainsi que trois navires marchands, dans des conditions météorologiques très difficiles.

De l’autre embarcation, 42 personnes seraient portées disparues. Des naufragés qui “ont été abandonnés à la noyade par les autorités européennes et libyennes” dénonce Alarm Phone qui signale les appels de détresse en mer. Des bateaux à la dérive repérés aussi par les aéroplanes de l’agence européenne Frontex : “l’avion a immédiatement alerté les centres de secours nationaux d’Italie, de Malte et de Libye, comme prévu par le droit international” précise une note. “A cause d’un mauvais temps critique, l’équipage de notre avion a aussi émis plusieurs appels au secours sur les canaux radio marins d’urgence pour alerter tous les navires à proximité.”

Sur ces derniers jours, il s’agirait donc d’un dramatique total de 170 morts en 48 heures. Selon Corriere.it, Alarm Phone et l’ONG SeaWatch soutiennent que les autorités européennes auraient indiqué la Libye comme “autorité compétente” pour coordonner les opérations de sauvetages. Se renvoyant la responsabilité, cet immobilisme a fait ainsi perdre un temps précieux et causé ces tragédies. “Les Etats ont refusé de sauver ses naufragés” a dénoncer l’organisation de l’ONU pour les réfugiés.

Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), au moins 453 migrants ont péri depuis le 1er janvier 2021 en Méditerranée, essentiellement sur cette route centrale au départ de la Tunisie et de la Libye.

A Tripoli, les responsables des Garde-côtes ont expliqué aux diplomates et officiers de liaison italiens qu’ils étaient intervenu immédiatement avec un des bateaux offerts par le gouvernement italien, sauvant ainsi, assurent-ils “une centaine de migrants” qui ont été ramenés sur les côtés libyennes. Ils reconnaissent n’avoir pas pu, à cause des conditions météo difficiles, être prêts à temps pour repartir pour un second sauvetage.
Ces embarcations de migrants auraient pris la mer depuis Khoms, le port à l’est de Tripoli, où un des garde-côtes italien est amarré. Les migrants récupérés en mer par les Libyens seront envoyés dans un des cinq camps de détention du gouvernement, surveillés par les agences de l’ONU et la Croix-Rouge internationale. Au premier avril, il y avait environ 4300 migrants.
Nazareno Galiè