« Frères, sœurs, c’est l’heure de l’amour ! » Ce sont les mots par lesquels Léon XIV a conclu l’homélie de la messe inaugurale de son ministère pétrinien, célébrée place Saint-Pierre avec l’ensemble du Collège des cardinaux (électeurs et non électeurs), devant plus de 200 000 fidèles et 156 chefs d’État et de gouvernement. Un rite solennel précédé de son premier tour en papamobile parmi la foule (voir photo).
« La charité de Dieu qui nous rend frères entre nous est le cœur de l’Évangile et, avec mon prédécesseur Léon XIII, nous pouvons aujourd’hui nous demander : si ce critère “prévalait dans le monde, tout conflit ne cesserait-il pas immédiatement et la paix ne reviendrait-elle pas ?” », a déclaré le Pape, citant la Rerum Novarum. « Avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, construisons une Église fondée sur l’amour de Dieu et signe d’unité, une Église missionnaire, qui ouvre les bras au monde, qui annonce la Parole, qui se laisse interpeller par l’histoire et devient levain de concorde pour l’humanité », a-t-il ajouté, dessinant le profil de la communauté ecclésiale. « Ensemble, comme un seul peuple, comme tous frères, marchons vers Dieu et aimons-nous les uns les autres », a exhorté le nouveau Pontife.
« L’amour et l’unité : ce sont les deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus », a rappelé Léon XIV, commentant l’épisode évangélique du lac de Tibériade, lieu où Jésus avait commencé la mission reçue du Père : « pêcher l’humanité pour la sauver des eaux du mal et de la mort ». « En passant sur les rives de ce lac, il avait appelé Pierre et les premiers disciples à être, comme lui, des pêcheurs d’hommes ; et maintenant, après la résurrection, c’est à eux de poursuivre cette mission », a expliqué le Pape, résumant ainsi le rôle du successeur de Pierre : « jeter toujours et à nouveau le filet pour plonger dans les eaux du monde l’espérance de l’Évangile, naviguer sur la mer de la vie pour que tous puissent se retrouver dans l’étreinte de Dieu ».
Le nouveau Pape a exprimé, dans un passage de l’homélie, ses propres sentiments en ce moment si solennel : « J’ai été choisi sans aucun mérite et, avec crainte et tremblement, je viens à vous comme un frère qui veut se faire serviteur de votre foi et de votre joie, marchant avec vous sur le chemin de l’amour de Dieu, qui nous veut tous unis en une seule famille ».
« Ces derniers jours, nous avons vécu un temps particulièrement intense », a encore déclaré le nouveau Pontife, en évoquant les récents événements : « La mort du pape François a rempli nos cœurs de tristesse et, en ces heures difficiles, nous nous sommes sentis comme les foules dont parle l’Évangile, qui étaient comme des brebis sans berger. Mais c’est précisément le jour de Pâques que nous avons reçu sa dernière bénédiction et, dans la lumière de la Résurrection, nous avons affronté ce moment avec la certitude que le Seigneur n’abandonne jamais son peuple, qu’il le rassemble lorsqu’il est dispersé et le garde comme un berger son troupeau ».
En parlant du Conclave, Léon XIV a ensuite expliqué : « Venus d’horizons et de chemins divers, nous avons confié à Dieu le désir d’élire le nouveau successeur de Pierre, l’évêque de Rome, un pasteur capable de garder le riche patrimoine de la foi chrétienne et, en même temps, de porter son regard au loin, pour aller à la rencontre des questions, des inquiétudes et des défis d’aujourd’hui. Accompagnés par votre prière, nous avons ressenti l’action de l’Esprit Saint, qui a su accorder les différents instruments, faisant vibrer les cordes de nos cœurs dans une seule mélodie ».
Et c’est justement le service de l’unité – avec les efforts pour la paix – qui sera sa première préoccupation comme Pape, comme il l’a confié en citant les paroles de saint Augustin pour exprimer son « premier grand désir », qu’il aimerait voir partagé par tous : « une Église unie, signe de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié ». « En notre temps, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées qu’il aimerait voir partagé par tous : « une Église unie, avec un cœur seul et une âme seule, tournée vers Jésus et ouverte au monde. Une Église qui soit, au milieu des divisions et des conflits de l’histoire, un signe et un instrument d’unité pour le genre humain. »
« Frères et sœurs – a-t-il conclu –, c’est l’heure de l’amour, c’est l’heure de l’unité, c’est l’heure de marcher ensemble, à l’écoute de l’Esprit, dans la douce joie de l’Évangile. »
Sante Cavalleri