Congo. 43 millions de dollars ont disparu en tant que faux prêt à une société liée à l’ancien Président Kabila (Fulvio Beltrami)

Les gros titres de la presse congolaise sont dominés par une enquête sur la disparition de 43 millions de dollars en tant que faux prêt signé à Entreprise Générale d’Alimentation et de Logistique (Egal SARL), société liée à l’ancien Président Joseph Kabange Kabila. En fait, le scandale financier était déjà connu en octobre 2016, lorsque le journal belge Le Soir avait publié un dossier exclusif intitulé «Lumumba Papers». Un dossier qui a révélé les activités suspectes de la banque BGFI RDC, filiale de la Banque internationale gabonaise et française (BGFI) en République Démocratique du Congo, ainsi que son implication dans la corruption et le détournement de fonds publics.
Basée en grande partie sur des documents internes révélés par l’ancien employé de banque Jean-Jacques Lumumba, l’affaire révèle également, dans l’une de ses composantes, l’histoire présumée de la société congolaise Egal SARL, présentée à l’époque comme proche de l’ancien Président Joseph Kabika.
Selon ces enquêtes, l’entreprise spécialisée dans le commerce agroalimentaire a bénéficié, en 2013, de quatre versements totalisant 43 millions de dollars sur un compte auprès de la BGFI.

«Ces paiements provenaient de la Banque centrale du Congo, une institution publique dirigée par Deogratias Mutombo Nyembo. Un prêt direct à une entreprise est normalement interdit. D’autant que la somme n’a jamais été remboursée », expliquait alors le journal belge.
Ce n’est que maintenant, après que le Président de la République Tshisekedi a rompu l’alliance gouvernementale avec Joseph Kabila, qu’il est possible de parler librement et ouvertement de cette colossale arnaque financière contre l’Etat congolais. L’arnaque a été confirmée par Jules Alingete, récemment nommé par Tshisekedi à la tête de l’Inspection Générale des Finances, un service placé directement sous l’autorité présidentielle. La mission de l’Inspection est de contrôler les comptes des entreprises publiques, des institutions publiques, des comptables de l’Etat, des gouvernements provinciaux et toutes les dépenses de l’Etat engagées par la Banque Centrale du Congo.

L’inspecteur général et son équipe ont d’abord examiné les rapports des médias belges qui indiquaient amplement qu’EGAL SARL bénéficierait plus tard de 43 millions de dollars directement de la Banque Centrale pour financer ses activités. En février dernier, l’inspecteur Alingete a écrit une lettre officielle au directeur de l’EGAL pour lui demander des explications sur ce prétendu prêt. Aucune réponse n’a été reçue. Celui qui a rompu le silence est la banque congolaise BGFI qui affirme que la société EGAL SARL «a régulièrement bénéficié, de la Banque, d’un prêt d’investissement à long terme garanti par les revenus généraux de l’exploitation de son entreprise». Les fonds du prêt provenant de la Banque Centrale, donc l’opération constitue un grave délit de fraude contre l’État.
Pour sa propre défense, BGFI Bank affirme que les allégations selon lesquelles la Banque Centrale du Congo a financé cette activité, avec des paiements via BGFI Bank RDC, sont fausses et sans fondement. Malheureusement pour l’institution financière privée, l’inspecteur Alingete découvre la preuve qu’au cours de la période du 18 juillet 2013 au 6 novembre 2013, un montant total de 42 999 699,05 U $ a été transféré de la Banque Centrale du Congo à la BGFI Bank, pour être placé sur le compte 70010285011- 72 intitulé “Banque Centrale du Congo Equipements” tel qu’il figure dans les livres comptables de la BGFI.
Cet argent a ensuite été transféré du compte «Banque Centrale du Congo Equipments» au crédit du compte n ° 45191026110-13 USD ouvert au nom d’EGAL SARL, un virement effectué en quatre versements, par les agents Kusombi Hervé et Diop Abdel Kader .

L’inspecteur en chef des finances arrive à une conclusion inattendue. «Dans l’état actuel des choses, il apparaît que l’Etat congolais a perdu le montant de 42 999,6 99,05 dollars US prélevé sur le compte + Banque Centrale du Congo Equipments + et la responsabilité incombe à BGFI-BANK RDC». L’entière responsabilité incomberait à l’institution financière privée car le compte ouvert au nom de la société EGAL était un «compte séquestre» auquel cette dernière ne pouvait pas avoir accès.

Même si les 43 millions de dollars étaient payés, le compte ne pourrait être activé que par BGIF Bank elle-même et, en aucun cas, par la société EGAL SARL, selon ce qui est ressorti des enquêtes. Dans une lettre datée du 16 mars 2021, l’inspecteur général exonère EGAS SARL de fraude financière.

Le mystère de la disparition des 43 millions de dollars reste à découvrir. Cet immense montant a quitté les comptes de la Banque Centrale pour se retrouver sur un compte auprès de BGFI BANK, puis a disparu. Des enquêtes récentes ont révélé des soupçons sur deux hommes du dictateur Joseph Kabila: le Gouverneur de la Banque Central: Deogratias Mutombo Nyembo, et l’ancien ministre délégué au Premier Ministre et chargé des finances Patrice Kitebi qui signerait les ordres de paiement.
Puisqu’il a été démontré que la société EGAL SARL n’a jamais bénéficié de cet argent, les deux hautes autorités de la Banque Centrale doivent répondre de l’accusation de fraude contre l’Etat. Une fin logique à l’enquête qui devrait déclencher un procès et un verdict. Malheureusement, nous sommes au Congo, où l’argent, les amitiés de haut rang et les affiliations ethniques prévalent sur la justice.

Patrice Kitebi, est aujourd’hui PDG du Fonds pour la promotion de l’industrie. Deogratias Mutombo Nyembo reste à son poste de Gouverneur de la Banque Centrale. L’inspecteur général des finances Jules Alingete a transmis le dossier d’enquête à la CENAREF (Cellule Nationale des Renseignements Financiers), organe de contrôle créé par la loi n ° 04/16 du 19 juillet 2004 pour lutter contre le blanchiment d’argent provenant du trafic illicite, des zones de conflit, de la mafia et des activités terroristes. Maintenait il appartient désormais au Président Félix Tshisekedi de choisir si rompre ou non le connivence et la protection historique adressé aux hauts fonctionnaires de la République Démocratique du Congo.

Fulvio Beltrami