Congo. Hommage au Cardinal Laurent Monsengwo, le symbole de la Nation (Fulvio Beltrami)

Hier, mercredi 21 juillet, la Sainte Messe et les funérailles du Cardinal Laurent Monsengwo ont eu lieu à la Cathédrale Notre-Dame du Congo à Kinshasa. Etaient présents à la cérémonie les Présidents Félix Tshisekedi et Denis Sassou-Nguesso (République du Congo-Brazzaville). Les restes de Monsengwo ont été enterrés dans la cathédrale avec ses prédécesseurs, les cardinaux Frédéric Etsou Nzabi et Joseph-Albert Malula. Pour l’occasion, un caveau a été construit et sera accessible aux fidèles pendant deux semaines afin de leur permettre la méditation et la prière.

La messe a été célébrée en lingala (une des langues officielles du Congo) par cinq cardinaux. Parmi eux : Fridolin Ambongo (Congo-Kinshasa), Dieudonné Nzapalainga (République Centrafricaine), Philippe Ouédraogo (Burkina Faso). Etaient également présents les cardinaux du Nigeria et même du Rwanda, ainsi que les présidents et vice-présidents des Conférences Épiscopales du Tchad et du Congo-Brazzaville. Tout le monde voulait pouvoir rendre hommage à Laurent Monsengwo.

Dans son homélie, l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a rendu hommage à un homme qui s’est entièrement donné pour les autres. “Notre cher père, le cardinal Tata Monsengwo peut se reposer de ses travaux car ses nombreuses œuvres réalisées avec abnégation et compassion, sans chercher à l’avoir ou le pouvoir, uniquement pour l’amour de Dieu et des hommes, ses œuvres le suivent cela dans nos cœurs”.

Le Pape François a envoyé un message de condoléances pour saluer l’homme de science, le grand homme spirituel. « Un pasteur intensément dévoué au service de l’Église ». D’autres responsables du Vatican ont également livré des messages.
Laurent Monsengwo était déjà devenu le symbole de l’Afrique qui aspire à la paix, à l’harmonie ethnique, au développement économique inclusif et au respect de l’environnement. Aujourd’hui, il est devenue une icône de l’Afrique qui veut rompre avec son passé et se tourner vers l’avenir. Dans l’imaginaire collectif congolais, Monsengwo s’est hissé au panthéon des héros de la Nation qui ont consacré leur vie au pays. Maintenant, il rit et plaisante avec son vieux compagnon : Patrice Lumumba.
Le Président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, a décoré à titre posthume le cardinal décédé de la Médaille du Grand Cordon de l’Ordre national Kabila-Lumumba, pour ses services distingués à la nation congolaise. Ce geste a eu lieu en présence du président Denis Sassou Nguesso du Congo voisin, ainsi que de nombreux ministres et parlementaires des deux Congo. Bien avant que la médaille ne soit déposée sur le cercueil surmonté d’une Bible ouverte, les deux chefs d’État avaient déposé leurs couronnes.

« Il était strict avec tout le monde et surtout avec la classe politique. Il avait l’attitude de tout bon parent: être strict quand on veut le bien de son pays, de ses frères et sœurs. Il était exigeant. Il n’épargnait aucun homme politique qui faisait du mal. C’était aussi un homme ouvert et de cœur. Tous ceux qui voulaient aller à lui, il les accueillait avec amour. Un exemple à suivre non seulement pour nous catholiques mais pour tous les Congolais », a déclaré Christophe Mboso, Président de l’Assemblée Nationale, devant la presse à l’arrivée de la dépouille à l’aéroport international de N’djili à Kinshasa.

Se joignant à la prière pour le Cardinal Laurent Monsengwo, nous concluons ce modeste article en son honneur et en sa mémoire par les paroles prononcées lors de la sainte messe par le l’archevêque de Kinshasa Fridolin Ambongo
« La meilleure façon d’honorer la mémoire de ce personnage qu’est Laurent est de s’engager fermement pour que l’immense richesse dont Dieu a doté notre pays serve véritablement le bien de nos populations et non d’un petit groupe de privilégiés. Nous ne pouvons rendre hommage à la mémoire du cardinal Laurent si nous laissons la population languir dans la misère tandis que les gouvernants vivent dans l’opulence et l’impunité. Honorer la mémoire du Cardinal Monsengwo, c’est aussi devenir les artisans de la paix, de la justice, de l’instauration de l’Etat de droit pour qu’il soit possible de vivre ensemble dans la paix et la réconciliation nationale en Afrique et au Congo».

Fulvio Beltrami