Ethiopie. Les forces démocratiques avancent sur tous les fronts. But Addis-Abeba (Fulvio Beltrami)

Il y a exactement un an, le 3 novembre 2020, le prix Nobel de la paix Abiy Ahmed Ali attaquait la région du Tigré pour résoudre militairement un différend politique avec le Front Populaire de Libération du Tigré – TPLF au pouvoir depuis 1991 au sein d’une coalition de gouvernement dans laquelle Abiy détenait un haut poste de commandement de sécurité nationale pendant dix ans. À l’époque, le Premier Ministre éthiopien avait défini l’invasion du Tigré comme une « simple opération de police contre un groupe terroriste » cachant l’intervention militaire massive d’un pays étranger : l’Éthiopie. Le 28 novembre 2020, il crie victoire en déclarant que le TPLF a été anéanti.

Après 12 mois, caractérisés par des violences sans précédent contre les civils dans tout le pays et un génocide au Tigré, le TPLF, avec l’Armée de Libération d’Oromia, est aux portes de la capitale Addis-Abeba. Les heures du régime fasciste d’Amhara et d’Abiy Ahmed Ali sont comptées.

L’offensive de l’armée fédérale (ENDF) qui a débuté en octobre a échoué comme toutes les précédentes. Il y a quatre raisons principales. Incapacité totale de stratégie militaire de l’état-major de l’armée aux mains de Généraux politiquement loyaux au régime mais incapables de gérer une guerre. Inexpérience de soldats recrutés à la hâte et mal entraînés après la destruction de l’armée fédérale au Tigré entre avril et mai 2021. La plupart, mineurs (entre 14 et 16) ou très jeunes, entre 19 et 21 ans. Tous des enfants arrachés de force aux bancs des écoles et jetés sur le front pour être massacrés par des vétérans expérimentés de l’armée régionale du Tigré (TDF).

La manqué intervention des troupes érythréennes qui ont préférais protéger leurs frontières, considérant peut-être que le régime fasciste Amhara et leur porte-parole : le Premier Ministre Abiy Ahmed Ali n’avait aucune chance d’emporter la victoire. L’utilisation schizophrène et irrationnelle de l’aviation militaire. Les ENDF disposaient d’une supériorité aérienne incontestée tandis que les TDF ne disposaient pas de moyens suffisants pour se défendre des attaques des MIG, bombardiers et drones de guerre achetés à la Chine, aux Émirats arabes unis, à l’Iran, au Maroc et à la Turquie.

Au lieu d’assurer la couverture aérienne nécessaire aux troupes au sol, le Premier Ministre Abiy a ordonné une lâche campagne de pure terreur en bombardant des villes et des quartiers très peuplés du Tigré, ciblant également des complexes religieux, dont le Centre Don Bosco à Mekelle. Ces bombardements aveugles ont produit une avalanche de morts et de blessés mais ont été préjudiciables à l’offensive terrestre en cours dans la région voisine d’Amhara. L’armée de gamins que le Roi Abyi a envoyée combattre les TDF s’est retrouvée sans couverture aérienne et impitoyablement soumise à un facile massacre.
Ces erreurs ont permis au TPLF de retourner la situation en sa faveur. Le 28 octobre, les forces Tigrinya ont libéré les villes stratégiques de Dessie et Kombolcha, bien que le gouvernement fédéral conteste toujours pathétiquement cette affirmation. Le 1er novembre, l’armée fédérale a tenté une contre-offensive pour reprendre le control des deux villes, se retrouvant face à une mauvaise surprise. Deux divisions de l’Armée de Libération d’Oromia (OLA) ont attaqué l’armée fédérale par derrière et l’ont anéantie, tandis que les TDF balayaient la résistance de la milice fasciste Amhara nommée Fano, responsable de crimes contre l’humanité au Tigré de novembre 2020 à mai 2021.

Simultanément à la surprise dans l’Amhara, l’OLA a lancé une offensive sur toute la région d’Oromia, conquérant une ville après l’autre sans rencontrer de résistance particulière de la part des forces fédérales toujours fidèles au régime amhara du Parti de la Prospérité désormais connu par tous sous le nom de Parti de la Pauvreté. Désormais les deux armées (Tigrinya et Oromo) se sont jointes aux localités de Bati et Habry dans l’Amhara. Une force de choc impressionnante d’environ 80 000 hommes bien armés et entraînés.

Les deux états-majors interarmées ont décidé de ne pas engager leurs troupes pour conquérir la capitale d’Amhara : Bahir Dar et la capitale historique Gondar, mais de viser directement Addis-Abeba pour renverser le régime et mettre fin à la guerre civile. Chaque jour qui passe, des milliers de personnes, pour la plupart des civils, meurent à cause de la folie meurtrière du Premier Ministre Nobel de la paix.
Le général Oromo Gammachiis Aboye a déclaré à la BBC que les troupes de l’OLA ont encerclé Addis-Abeba. Ils lanceront l’attaque finale dans les jours à venir quand les divisions Tigrinya arriveront en renfort. Le TDF et l’OLA ont été rejoints par 10 000 autres miliciens des régions de Gambella (frontières avec le Soudan du Sud) et de la région de Benishangul-Gumuz où se trouve le méga barrage GERD. Des sources diplomatiques informent de la présence probable de mercenaires envoyés par la junte militaire soudanais qui a récemment pris le pouvoir à Khartoum par un coup d’État.
L’armée fédérale s’est désintégrée. Les divisions qui ont survécu au massacre de ces derniers jours ont tenté d’atteindre la capitale Addis-Abeba pour la défendre mais ont été arrêtées par les troupes de l’OLA. Maintenant, ils risquent l’encerclement et l’anéantissement. De nombreux enfants soldats refusent de combattre ou désertent en jetant leurs armes et leurs uniformes.

La direction d’Amhara et le Premier Ministre Abiy Ahmed Ali sont littéralement devenus fous. Ils lancent des proclamations aux civils de la capitale pour qu’ils prennent les armes et défendent Addis-Abeba et, entre-temps, ont commencé des rafles maison par maison où des citoyens éthiopiens d’origine tigrinya sont illégalement arrêtés puis éliminés. Des sources locales craignent que des milliers de citoyens éthiopiens d’origine tigrinya aient déjà été tués par la terrible police politique National Intelligence and Security Service (NISS), sous le contrôle de Temesgen Tiruneh, l’un des principaux dirigeants du nationalisme fasciste Amhara surnommé le Boucher du Tigré.
Des sources diplomatiques affirment que les dirigeants du régime Amhara illégalement au pouvoir évacuent leurs familles. Hier soir, le Premier Ministre Abiy à la télévision nationale, dans un discours frénétique en langue amharique, a justifié la victoire du Tigré et de l’Oromia par le soutien présumé de soldats envoyés au combat par les puissances occidentales, dont l’Italie. Déclaration complètement surréaliste, utilisée pour justifier un désastre militaire provenant d’une incompétence totale du régime qui pendant une année entière s’est concentré sur le massacre des femmes, des vieillards et des enfants, perdant toutes les batailles contre les forces démocratiques éthiopiennes : TPLF et OLA.
Les dirigeants d’Amhara ont également tenté de proposer un cessez-le-feu et le début de pourparlers de paix, jusqu’ici ostensiblement rejetés en raison de leur foi aveugle dans une victoire finale facile. Proposition rejetée par le TDF et l’OLA qui contrôlent désormais le pays. Hier soir, le Conseil des Ministres a déclaré l’état d’urgence, le couvre-feu et la loi martiale dans tout le pays. C’était une décision tardive et inefficace, car pour faire respecter ces mesures exceptionnelles, il faut avoir une armée et une police qui aujourd’hui n’existent pratiquement plus.

L’ambassade américaine à Addis-Abeba et le Département d’État ont lancé l’alerte rouge exhortant les citoyens américains à ne pas se rendre en Éthiopie et à ne pas prendre de billets d’avion incluant une escale à l’aéroport Bole d’Addis-Abeba, même pour quelques heures. Les citoyens américains résidant dans le pays ont été invités à ne pas quitter leur domicile. Des unités marines pourraient être activées pour sauver leur vie en évacuant au cas où la situation s’aggraverait. Les ambassades de Russie et de Chine (jusqu’alors alliées au régime Amhara et au Premier Ministre Abiy) ont également pris des mesures similaires à celles décidées par la Maison Blanche.
Divers experts militaires régionaux prévient la chute d’Addis-Abeba dans les prochains jours. Les dirigeants du Tigré et de l’Oromia ont déjà passé des accords avec les régions de Gambella et de Benishangul-Gumuz pour former un gouvernement de transition. Place St Pierre suivra au quotidien l’évolution du conflit, qui est entré dans sa phase finale.

Fulvio Beltrami