Ethiopie. Tigray-Oromia Alliance. Les fondements d’un avenir de paix? (Fulvio Beltrami)

Le projet d’une alliance militaire entre les forces démocratiques du Tigray et ceux de l’Oromia avait été tenté depuis longtemps. Les principales forces de défense: les forces du Tigray et l’armée de libération de l’Oromia au cours des derniers mois ont collaborées sporadiquement sans plan stratégique commun.

Maintenant, cette collaboration est devenue une réalité structurelle en cédant l’espoir d’une Éthiopie unie et fédérale, la seule solution dans la post-Abiy pour la stabilité et la sécurité du pays, de la région de la Corne de l’Afrique et du continent africain.
C’est le chef militaire de l’armée de libération d’Oromo: Kimsa Diriba (nom de bataille Jaal Marroo) à annoncer officiellement l’alliance militaire avec l’armée régulière du Tigray. Objectif: changement du régime. “La seule solution consiste maintenant à renverser ce gouvernement qui a détruit l’Éthiopie. Pour espérer de rétablir la paix nous devons parler de sa propre langue: les armes” dit à la Associated Press Jaal Marroo.

Nos sources de renseignement africaines informent que le projet d’alliance entre les deux forces militaires qui s’opposent au régime brutal et racial du Parti de Prospérité a fait l’objet de discussions intenses et très compliquées commencées la mi-juillet dernier. Il y avait des points de détresse à surmonter datant du passé.

Les forces démocratiques oromo ont alliées du TPLF dans les années 90 créant les conditions pour la chute du régime de Mengistu Hailemariam. Après une brève parenthèse du gouvernement unitaire, les deux alliés ont été victimes des fort problématiques politiques internes qui ont poussé le Front de Libération d’Oromo – OLF (l’aile politique de l’OLA) à sortir de la Coalition gouvernementale de l’EPRDF (Front Démocratique Révolutionnaire de l’Éthiopie) en 1992. Après cette décision, l’OLA a repris la lutte armée.
Les deux formations militaires dans les dernières semaines ont tenté de surmonter les malentendus passés pour éviter de répéter les mêmes erreurs une fois que le pays sera libéré. Des discussions sur une alliance politique entre TPLF et OLF pour gérer la période post-Abiy sont en cours. Le projet commun regarde la création d’une nouvelle coalition forte où, pour la première fois de l’histoire du pays, les Oromo seront correctement représentés. Le TPLF est conscient qu’il ne sera pas en mesure de prendre le leadership de la coalition tel qu’il était dans le cas de celui de la EPRDF. Les deux partis politiques convergent sur la nécessité d’incorporer d’autres parties et d’examiner le système fédéral afin d’assurer une plus grande autonomie régionale.

L’Alliance militaire stipulée prévoit l’échange d’informations et des plans de combat communs. Lors de la première phase de la libération du pays le TDF et l’OLA, ils se battront en parallèle pour étouffer les dernières résistances de l’armée fédérale et les milices qui lui sont associées. Dans la deuxième phase, les deux formations militaires vont se battre côte à côte pour la choute finale du régime. Le porte-parole TPLF: Getachew K. Reda a déclaré aux médias internationaux la volonté de collaborer avec toutes formations politiques qui ne sont pas impliquée dans le projet de génocide contre le Tigray.

Jaal Marroo a voulu souligner que les problèmes politiques passés restent non résolus, tout en précisant que les différences du passé ne doivent pas empêcher une collaboration visant à mettre fin aux atrocités commises dans Tigray et Oromia par le Premier Ministre éthiopien et de la direction nationaliste Amhara. Maroo s’est déclarée optimiste sur l’avenir. «Avec ce que les Tegaru ont souffert, je ne pense pas que le TPLF ferait les mêmes erreurs du passé à moins que ses dirigeants ne soient hors de leur esprit. S’ils le feront de nouveau, il y aura du chaos en Éthiopie et la fédération pourrait s’effondrer. Aucune des deux parties ne veut ce scénario ».

Maroo s’est tourné vers les Nations Unies, l’Union Européenne et les États-Unis les invitant à cesser de demander une trêve et le début des négociations de paix. La demande a été motivée par l’attitude du Premier Ministre Abiy que démontre aucune intention de traiter sérieusement la paix en raison de trop nombreux crimes contre l’humanité commis et son fanatisme nationaliste imprégné par les folies religieuses pentecôtistes auxquelles Abiy adhère sans réserve. À l’étape actuelle du conflit, la seule solution possible est une victoire militaire qui doit assurer en même temps aucun acte de violence à l’encontre des civils et aucune représailles contre les éthiopiens d’origine Amhara.
Maroo a finalement invité la communauté internationale à accorder une attention particulière à un gouvernement post-conflit. Un soutien qui doit être fondé sur le renforcement des tous les acteurs politiques qui seront impliqués dans n’importe quel gouvernement de coalition. Cette solution représente, selon le chef militaire Oromo, la dernière possibilité d’éviter la balkanisation de l’Éthiopie.

Sur le terrain, la situation militaire est maintenant insoutenable pour le régime de Addis-Abeba. Tout en faisant rage la bataille dans la ville stratégique de la région d’Amhara de Woldiya, d’autres divisions de l’armée régulière du Tigray contrôlent désormais la ville de Fillakit et sont engagés dans de lourdes combats à la localité de Nefas Meevhacha. Le porte-parole des forces de défense du Tigray: Gebre Gebretsadik a annoncé le début de la “Opération Aube” qui consiste en un contrôle absolu de la région Amhara. L’armée fédérale, malgré des grandes difficultés, parvient toujours à résister grâce à la supériorité aérienne. L’armée de l’air éthiopienne met en œuvre diverses raids pour briser l’offensive Tegaru en Amhara et Afar.

Cette supériorité aérienne commence à être contrastée par des armes de missiles tactiques anti-aériens dont les soldats Tegaru sont maintenant en possession. Sur le front de l’Oromia l’armée de libération Oromo revendique la libération du district stratégique de Kuyu où est situé l’axe routier que conduit à la région d’Amhara. Son contrôle empêche Addis-Abeba d’envoyer les dernières unités fédérales pour empêcher la défaite en Amhara. Les victoires territoriales rapportées par les Guérillas de l’Ola empêchent également Addis Ababa d’organiser la contre-offensive visant à arrêter les soldats Tegaru. Ce qui reste de l’armée fédérale est maintenant placé dans la défense de la capitale.

L’alliance militaire entre la TPLF et l’OLA représente un coup dur pour le Premier Ministre Abiy, car il lisse sa tentative de créer une coalition nationale contre le Tigray et décourage la participation de la civilisation dans le conflit. De nombreux partisans du Parti de la Prospérité commencent maintenant à craindre toute vengeance ethnique. TPLF et OLA continuent de veiller sur le respect de tous les civils et leurs propriétés. Jusqu’à présent, cette promesse a été maintenue dans les territoires libérées dans Afar, Amhara et Oromia.

Fulvio Beltrami