“Le monde est gouverné par des gens qui ne savent pas ce qu’est la miséricorde, l’amour. Et donc ils commettent le plus stupide des péchés, la guerre : un mot laid, qui salit tout. Nous devons y mettre fin. Comment se fait-il que lorsque les enfants jouent, dès que l’un d’eux se blesse, ils s’arrêtent, fin du jeu, et qu’au contraire ceux qui font la guerre ne s’arrêtent pas au premier enfant qui se blesse ? La guerre doit cesser”. C’est un raisonnement très clair et cohérent que Roberto Benigni a mené (à la demande du pape François et du frère qui a organisé le méga-événement, Fortunato de nom et de fait) sur la place Saint-Pierre, à l’occasion de la merveilleuse Journée mondiale de l’enfance qui a ramené la place Saint-Pierre au centre de l’opinion publique mondiale comme elle l’avait été pour les événements du pape Wojtyla, grâce à la Sapienza (également dans ce cas de nom et de fait : c’est le nom du régent de la Maison pontificale, c’est-à-dire le responsable du cérémonial du Vatican) et à l’enthousiasme des organisateurs, parmi lesquels se distingue la Communauté de Sant’Egidio. Egidio représentée par son président Marco Impagliazzo.
Un seul grain de beauté : la présence sur le parvis de la basilique vaticane de Giorgia Meloni, le premier ministre belliciste qui nous conduit au bord du gouffre de la troisième guerre mondiale en continuant à inciter et à fomenter le conflit en Ukraine et le génocide à Gaza, en envoyant des armes et des soutiens politiques mécontents au régime de Kiev et au boucher de Telaviv. Une présence qui n’avait donc rien à voir avec ce grand événement qui a réuni plus de 50 000 enfants (et parents) de 110 pays autour du Pape. Mais il était peut-être providentiel qu’elle se matérialise aussi pour recevoir en direct la condamnation morale bien méritée du lauréat de l’Oscar.
Nous devons trouver les mots justes pour rendre les choses réelles, personne n’a trouvé le mot juste pour arrêter la guerre : “arrêt de la guerre”, un peu comme “sésame ouvre-toi”. Mais je suis convaincu que parmi vous, il y a ceux qui trouveront le mot pour arrêter la guerre, nous devons le chercher ensemble”, a lancé Benigni à l’immense foule de jeunes.
Prenez votre envol, prenez votre vie en main et faites-en un chef-d’œuvre, construisez un monde meilleur, nous n’avons pas réussi. Rendez le monde plus beau : le monde en a besoin, et vous pouvez le faire”, a invoqué Benigni dans son monologue, qui a enchanté la place Saint-Pierre. Essayez de faire de belles choses, de rendre les autres heureux, et pour cela, vous devez être heureux. Soyez heureux, devenez l’adulte que vous vouliez avoir à vos côtés quand vous étiez enfant”.
Dans son monologue, Benigni confesse son admiration sans bornes pour le pape François qui, à sa demande explicite et insistante, l’a autorisé à l’embrasser : “Regardez ce ciel bleu, aujourd’hui tout est bleu, dans la Cité du Vatican. Le plus petit État du monde où se trouve le plus grand homme du monde”. Et tout de suite après, il a ajouté, avec une certaine irrévérence pardonnable, qu’enfant il avait aspiré à être pape et qu’il aimerait maintenant lui succéder, mais sans le mettre de côté, c’est-à-dire en devenant une sorte de nouveau “deuxième pape”, allusion peut-être pas tout à fait claire au pape émérite Benoît XVI, décédé il y a un an et demi. Mais il a ajouté que François et lui pourraient gagner ensemble les élections européennes, en créant, a-t-il dit, “un nouveau champ large”, formule récemment abandonnée (avec un échec retentissant) par Schlein et Conte.
Benigni a également expliqué que la chose la plus sensée au monde, il l’avait entendue d’une seule personne, Jésus, lorsqu’il a dit dans le Sermon sur la montagne : “Heureux les miséricordieux”. Un concept également évoqué par le pape François dans sa merveilleuse homélie d’aujourd’hui : “Jésus pardonne tous les péchés, mais pardonne-t-il toujours tout ? Toujours, toujours ? Et s’il y a un homme ou une femme qui est un pécheur, un pécheur, Jésus pardonne-t-il ? Même le plus laid des pécheurs ?” a demandé le Pape à la foule d’enfants qui ont répondu en chœur “oui”.
“Il pardonne toujours, ne l’oubliez pas, et nous devons avoir l’humilité de demander pardon”, a expliqué François, décrivant, dans une véritable leçon de catéchisme, le “rôle” de l’Esprit Saint, “qui nous accompagne dans la vie, nous dit dans notre cœur les bonnes choses que nous devons faire et nous réprimande quand nous faisons quelque chose de “mala” (mauvais), nous donne la force, nous console dans les difficultés.”
“Nous sommes donc tous heureux parce que nous croyons”, a lancé le souverain pontife, “la foi nous rend heureux”. “Il faut prier pour vous, pour les parents, pour les grands-parents, pour les enfants malades, il y en a beaucoup ici, et surtout prier pour la paix, pour qu’il n’y ait plus de guerres”. Nous devons “prier Jésus pour le monde entier et surtout pour la paix”.
Salvatore Izzo