« La guerre est toujours une cruauté ». C’est par ces mots que le pape François a conclu l’audience générale sur la place Saint-Pierre. « Ma pensée, a-t-il confié, va à l’Ukraine tourmentée. L’autre jour, j’ai reçu des petits garçons et des petites filles qui ont souffert de brûlures, qui ont perdu leurs jambes à la guerre : ces petits garçons et ces petites filles doivent commencer à marcher, à se déplacer avec des bras artificiels… ils ont perdu leur sourire. C’est très grave, très triste quand un enfant perd son sourire ».
Prions, a demandé le pape à la foule des fidèles, pour les enfants ukrainiens. Et n’oublions pas la Palestine, Israël qui souffrent tant : que la guerre cesse. N’oublions pas non plus le Myanmar et tant d’autres pays en guerre. Les enfants souffrent, les enfants en guerre souffrent. Prions le Seigneur pour qu’il soit proche de tous et qu’il nous donne la grâce de la paix. Amen ».
Selon les calculs de Save the Children, plus de dix enfants par jour, en moyenne, ont perdu une jambe ou les deux à Gaza depuis le début du conflit. Du 7 octobre à la fin du mois de décembre dernier, plus de 1 000 enfants ont été amputés d’une ou des deux jambes, selon l’UNICEF. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un grand nombre de ces opérations ont été réalisées sans anesthésie, en raison de la paralysie du système de santé dans la bande de Gaza causée par le conflit et de la grave pénurie de médecins, d’infirmières et de fournitures médicales telles que les anesthésiques et les antibiotiques.
« J’ai vu des médecins et des infirmières complètement dépassés par l’arrivée d’enfants souffrant de blessures causées par des explosions. L’impact de voir des enfants souffrir autant et de ne pas avoir l’équipement et les médicaments nécessaires pour les traiter ou soulager la douleur est trop important, même pour les professionnels les plus expérimentés. Même dans une zone de guerre, la vue et la voix d’un enfant mutilé par les bombes ne peuvent être acceptées ou même comprises dans les limites de l’humain”, a déclaré Jason Lee, directeur de Save the Children dans le territoire palestinien occupé.
« Les jeunes enfants pris dans les explosions sont particulièrement vulnérables aux blessures graves et invalidantes. Leur cou et leur torse étant plus faibles, il suffit d’une force moindre pour provoquer une lésion cérébrale. Leur tête n’est pas encore complètement formée et leurs muscles peu développés offrent moins de protection, de sorte qu’une explosion est plus susceptible de déchirer des organes dans l’abdomen, même s’il n’y a pas de dommages visibles. La souffrance des enfants dans ce conflit est inimaginable, d’autant plus qu’elle est inutile et totalement évitable. Cette souffrance, le meurtre et la mutilation d’enfants sont considérés comme des violations graves à l’encontre des enfants, et les responsables doivent être tenus de rendre des comptes ».
« Si la communauté internationale n’agit pas pour assumer les responsabilités qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire et pour prévenir les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale, l’histoire nous jugera tous. Nous devons tirer les leçons du passé et empêcher la poursuite de crimes odieux. Seul un cessez-le-feu définitif mettra fin aux meurtres et aux mutilations de civils et permettra à l’aide humanitaire dont on a désespérément besoin – y compris les médicaments essentiels pour les enfants blessés – d’arriver dans les quantités et les lieux demandés”, a conclu M. Lee.
La création « gémit et souffre comme si elle était en train d’accoucher », et cela parce que l’humanité a ainsi photographié la situation dans laquelle elle se trouve, assiégée par le changement climatique et de plus en plus exposée au risque d’un carnage nucléaire en raison des multiples foyers de guerre qui ensanglantent divers pays.
« Il s’agit d’une réalité, a expliqué le Souverain Pontife lors de la catéchèse d’aujourd’hui à l’audience générale, qui nous concerne de près et nous affecte de manière dramatique. L’Apôtre voit la cause de la souffrance de la création dans la corruption et le péché de l’humanité qui l’a entraînée dans son éloignement de Dieu. Cela reste aussi vrai aujourd’hui qu’à l’époque. Nous voyons les ravages que l’humanité a causés et continue de causer à la création, en particulier à la partie de celle-ci qui a la plus grande capacité d’exploiter ses ressources ».
Bergoglio a cité saint François comme celui qui nous montre « le chemin de la contemplation et de la louange » pour restaurer l’harmonie originelle. « Il s’agit de faire passer la joie de contempler avant celle de posséder. Et personne ne s’est réjoui des créatures plus que François d’Assise, qui ne voulait pas en posséder ».
Aujourd’hui même, plus de 60 entrepreneurs et experts en innovation se sont réunis à l’Académie des Sciences, à la Casina Pio IV dans les jardins du Vatican, pour présenter des projets et des réalités visant à combiner la science et la technologie avec le respect et la protection de la Création, en réfléchissant sur les possibilités de rapprocher activement la science et la foi, même dans un monde qui bénéficie de plus en plus, et parfois souffre, des progrès réalisés par la technologie.
Dans le contexte actuel, les personnes de foi sont appelées à apporter leur contribution. Les croyants, a déclaré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, aux participants, doivent avoir un regard attentif et proactif afin de suivre des chemins communs et d’agir pour un avenir digne des nouvelles générations. Une question sur l’héritage à transmettre aux plus jeunes, que le pape François avait déjà présentée avec force dans l’encyclique Laudato si’ de 2015, en posant la question : « Quel monde laisserons-nous aux générations futures ? ».
Ils sont donc de plus en plus nécessaires, souligne le cardinal en conclusion, « des choix concrets pour le bien de tous ». Pour cela, « la relation entre le développement scientifique et la personne humaine » est importante, afin que l’objectif « du bien commun » soit toujours présent à l’esprit.
Sante Cavalleri
Sur la photo : Sasha Pascal, blessée l’année dernière lors du bombardement du village ukrainien de Zatoka. Sa datcha a été touchée et, lors de l’effondrement du bâtiment, sa fille de 6 ans a été touchée et grièvement blessée. Après trois longs jours en soins intensifs et 15 jours de coma artificiel, les médecins n’ont eu d’autre choix que de l’amputer.