À l’Angélus, le Pape François a évoqué sa rencontre avec la mère de l’un des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre, dont le corps a récemment été retrouvé à Gaza, Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, « retrouvé mort le 10 septembre avec cinq autres otages. » Le 22 novembre dernier, le Pape avait rencontré la mère du jeune homme, Rachel, accompagnée d’une délégation de proches des otages, et c’est elle qui l’avait le plus longtemps entretenu (sur la photo). « Elle m’a touché par son humanité. Je l’accompagne en ce moment difficile. Je prie pour les victimes et continue à rester proche de toutes les familles des otages », a confié François à la foule réunie sur la place Saint-Pierre pour l’Angélus de midi, très fréquenté aujourd’hui, premier après son retour d’un long voyage en Asie et en Océanie.
Les impressions que le Pape a partagées après cet entretien ont été suivies d’un nouvel appel pressant à la paix au Moyen-Orient, avec une demande, répétée une fois de plus, de cesser les armes et de parvenir à un accord pour mettre fin aux hostilités.
« Que cesse le conflit en Palestine et en Israël, que cessent les violences, que cessent les haines, que les otages soient libérés, que les négociations se poursuivent et que des solutions de paix soient trouvées », a déclaré le Pape, qui a ensuite évoqué les milliers de « victimes innocentes » et les nombreux jeunes morts sur le champ de bataille. « Je pense aux mères qui ont perdu des fils à la guerre. Combien de jeunes vies fauchées », a ajouté François, qui a ensuite invité à ne pas oublier « les guerres qui ensanglantent le monde », ainsi que l’« Ukraine martyrisée » et le Myanmar.
Vatican News a relayé, en commentaire de la nouvelle intervention du Pape, quelques paroles de Rachel, recueillies par le journaliste Roberto Cetera lors d’une rencontre avec le cardinal Matteo Maria Zuppi en Terre Sainte avant l’été : « Je sais que vous, les chrétiens, parlez beaucoup du pardon. Parler de pardon dans cette situation est difficile, voire impossible. Mais il y a quelque chose qui peut ouvrir la voie à un futur pardon mutuel. C’est de prendre conscience de la souffrance des autres. Nous ne sommes pas les seuls à souffrir. De l’autre côté de ce mur à Gaza, il y a aussi de nombreux innocents qui souffrent. Nous ne pouvons pas l’ignorer. »
Dans la catéchèse précédant la prière mariale de midi, le Pape a médité sur la question posée par Jésus dans l’Évangile de Marc, dans le passage lu lors de la liturgie d’aujourd’hui. « Et vous, que dites-vous ? Qui suis-je ? », à laquelle Pierre, au nom des disciples, a répondu : « Tu es le Christ », mais il s’est ensuite agité lorsque Jésus lui-même lui a parlé de la souffrance et de la mort qui l’attendaient, provoquant un sévère reproche. De cet épisode, François a tiré une réflexion pour interroger les fidèles de la place Saint-Pierre sur ce que signifie réellement connaître Jésus.
Selon le Pape, la perplexité de Pierre face à la perspective de la Passion de Jésus, innocent destiné à souffrir injustement aux mains des autorités, montre que l’Apôtre « doit encore se convertir » et se libérer de la mentalité du monde qui conçoit le Messie comme invincible. Réfléchir à cette dissonance nous fait aller, a souligné le Pape, au-delà de la doctrine, de la récitation des prières et des réponses apprises « par cœur au catéchisme ». François a en effet expliqué que « pour connaître le Seigneur, il ne suffit pas de savoir quelque chose sur Lui, mais il faut le suivre, se laisser toucher et changer par son Évangile. Il s’agit d’avoir avec Lui une relation, une rencontre. Je peux connaître beaucoup de choses sur Jésus, mais – a-t-il dit textuellement – si je ne l’ai pas rencontré, je ne sais toujours pas qui est Jésus. Il faut cette rencontre qui change la vie : cela change ta façon d’être, change ta façon de penser, change tes relations avec tes frères, ta disponibilité à accueillir et à pardonner, change les choix que tu fais dans la vie. Tout change si tu as vraiment connu Jésus ! »
À ce propos, le Pape a cité le théologien et pasteur luthérien Bonhoeffer, martyr du nazisme, qui dans son ouvrage « Résistance et Soumission. Lettres et écrits de prison », écrit : « Le problème qui ne me laisse jamais tranquille est de savoir ce que le christianisme ou même qui est le Christ pour nous aujourd’hui. » « Malheureusement, beaucoup ne se posent plus cette question et restent ‘tranquilles’, endormis même loin de Dieu. Il est important, au contraire, de se demander : est-ce que je me laisse déranger, est-ce que je me demande qui est Jésus pour moi et quelle place Il occupe dans ma vie ? »
À la fin de la prière mariale, infatigable, le Pape, en plus d’invoquer la paix dans les zones de conflit, a appelé à la solidarité avec les populations du Vietnam et du Myanmar, qui « souffrent des conséquences des inondations » causées par le typhon Yagi, avec des centaines de victimes et de disparus. Enfin, il a rappelé la béatification à Mexico du prêtre Moisés Lira Serafín et la Journée de sensibilisation à la SLA (sclérose latérale amyotrophique), espérant que la recherche sur cette maladie progresse.
S.C.