«J’écouterai tout le monde, pour apprendre, comprendre et décider ensemble. » Le pape Léon XIV a pris possession de la cathédrale du Latran. « Penser en grand, se dépenser sans réserve dans des projets courageux, et se mettre en jeu même face à des scénarios nouveaux et exigeants » (I.S.)

De longs et chaleureux applaudissements ont salué le geste de Léon XIV lorsqu’il a atteint la cathèdre située derrière le maître-autel de la cathédrale du Très-Saint-Sauveur à Saint-Jean-de-Latran, et s’y est assis après avoir gravi la dernière marche à l’invitation du cardinal vicaire Baldo Riina. Celui-ci lui avait adressé un bref salut au nom du diocèse de Rome, qui l’a accueilli aujourd’hui comme son nouvel évêque.

« L’Église de Rome, a rappelé le nouveau Pape dans son homélie, est l’héritière d’une grande histoire, enracinée dans le témoignage de Pierre, de Paul et d’innombrables martyrs, et elle a une mission unique, clairement exprimée par ce qui est écrit sur la façade de cette cathédrale : être *Mater omnium Ecclesiarum*, Mère de toutes les Églises. » Prevost a cité à ce propos l’appel du pape François « à réfléchir sur la dimension maternelle de l’Église et sur les caractéristiques qui lui sont propres : la tendresse, la disponibilité au sacrifice, et cette capacité d’écoute qui permet non seulement de secourir, mais souvent d’anticiper les besoins et les attentes avant même qu’ils ne soient exprimés. Ce sont des traits que nous espérons voir grandir partout dans le peuple de Dieu, y compris ici, dans notre grande famille diocésaine : chez les fidèles, chez les pasteurs, et en moi le premier. »

Le pape hispano-américain a ensuite décrit « le chemin exigeant que le diocèse de Rome parcourt depuis quelques années, articulé sur différents niveaux d’écoute : vis-à-vis du monde qui l’entoure, pour en accueillir les défis, et à l’intérieur des communautés, pour comprendre les besoins et promouvoir des initiatives d’évangélisation et de charité sages et prophétiques. » « C’est un chemin, a-t-il expliqué, difficile, encore en cours, qui cherche à embrasser une réalité très riche, mais aussi très complexe. Mais il est digne de l’histoire de cette Église, qui a souvent su *penser en grand*, se dépenser sans réserve dans des projets courageux, et se risquer même face à des scénarios nouveaux et exigeants. »

Le nouveau évêque de Rome a ensuite salué « le grand travail par lequel tout le diocèse, en ces jours mêmes, se dépense pour le Jubilé, dans l’accueil et le soin des pèlerins, et dans d’innombrables autres initiatives. Grâce à tant d’efforts, la ville apparaît à ceux qui y arrivent, parfois de très loin, comme une grande maison ouverte et accueillante, et surtout comme un foyer de foi. »

Le pape a ensuite rappelé les paroles de saint Léon le Grand : « Tout le bien accompli dans l’exercice de notre ministère est œuvre du Christ ; ce n’est pas nous qui agissons, car nous ne pouvons rien sans lui, mais c’est en lui que nous nous glorifions, lui dont émane toute l’efficacité de notre agir », et il a également cité Albino Luciani, devenu Jean-Paul Ier, qui en entrant à Venise avait dit à ses nouveaux diocésains : « Que deviendrais-je, Vénitiens, si je ne vous aimais pas ? » « Moi, a confié le pape Prevost reprenant les mots de Luciani, je dis quelque chose de semblable aux Romains : je peux vous assurer que je vous aime, que je désire seulement me mettre à votre service et mettre à la disposition de tous mes modestes forces, ce peu que j’ai et que je suis. »

« Pour ma part, je formule le désir et je prends l’engagement, a-t-il enfin conclu, d’entrer dans ce vaste chantier en me mettant, autant que possible, à l’écoute de tous, pour apprendre, comprendre et décider ensemble : ‘chrétien avec vous et évêque pour vous’, comme disait saint Augustin »

Irina Smirnova