“Nous avons brisé les liens qui nous unissaient au Créateur, aux autres êtres humains et au reste de la Création. Nous avons besoin d’assainir à nouveau ces relations abîmées, qui sont essentielles à notre soutien et à tout le tissu de la vie”. C’est ce qu’a dénoncé le Pape François lors de son intervention à l’occasion de la Journée mondiale de la Terre. Il appelle, plus que jamais, tout les nations, en particulier les plus industrialisées, à un engagement commun pour mettre fin à la pollution et à l’exploitation inconsidérée des ressources de notre planète.
Lors de ce sommet virtuel sur le climat, qui se tient en ligne les 22 et 23 avril à l’initiative des Etats-Unis dirigés par Joe Biden, une quarantaine de dirigeants dont le Pape François, Vladimir Poutine, Xi Jinping, ont été conviés à participer. Le Président américain a en effet décidé de faire faire marche arrière à l’administration des Etats-Unis après la sortie des Américains de l’accord de Paris 2015 imposé par son prédécesseur Donald Trump en 2018.
Cette rencontre est aussi une première étape de préparation avant la Conférence sur les changements climatiques, la COP26, qui se tiendra cette année en Ecosse, à Glasgow, du 1er au 12 novembre prochains. Dans ce cadre, réduction des émissions de gaz à effet de serre, usage rationnel des ressources et autres initiatives sont mises en place pour mettre fin à l’empoisonnement continuel de la Terre.
Le Saint-Siège, assure le Pape François, est engagé à faire en sorte que l’Etat de la Cité du Vatican réduise à zéro les émissions nettes d’ici 2050, en intensifiant ses efforts de gestion environnementale, déjà en cours depuis plusieurs années, qui permettent un usage rationalisé des ressources naturelles comme l’eau et l’énergie, la mobilité durable, la reforestation et l’économie circulaire également dans le traitement des déchets.
Il s’agit de lancer une série d’actions qui se réfèrent à l’écologie intégrale. Pour cette valeur importante pour le Pape, François souhaite une éducation en premier lieu au soin des biens communs, dans les politiques nationales et internationales, et de favoriser la production durable également dans les pays les moins fortunés, en partageant les technologies développées et adaptées. Le Saint-Père appelle ainsi à “changer de route” et à “ne pas voler l’espoir d’une meilleur avenir aux générations futures”.
En pleine syntonie avec le Pape, Greta Thunberg a elle aussi accusé les gouvernements d'”ignorer” la crise climatique. Dans son intervention face au Congrès américain, la jeune militante suédoise pour l’environnement a exhorté à mettre fin aux subventions des énergies fossiles. “Combien de temps encore croyez-vous pouvoir continuer à ignorer la crise climatique, les aspects mondiaux des inégalités et les émissions historiques sans être appelés à y répondre” a-t-elle lancé.
Ces derniers jours, Greta a aussi dénoncer la “tragédie” de l’inégalité face à l’accès aux vaccins et donné 100 000€ de sa fondation au programme Covax qui permet d’envoyer des vaccins anti-covid aux populations les plus pauvres. “Nous avons à disposition les moyens de corriger le grand déséquilibre qui existe dans le monde dans cette lutte contre le Covid-19. Tout comme pour la crise climatique, nous devons avant-tout aider les plus vulnérables” a-t-elle déclaré.
À l’occasion de cette Journée de la Terre célébrée chaque année le 22 avril, le Pape François a enregistré un message vidéo dans lequel il invite à agir avec efficacité contre la destruction de la planète :
«Frères et sœurs,
En cette commémoration de la Journée de la Terre, il est toujours bon de se rappeler des choses que nous nous sommes dites pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli. Depuis quelque temps, nous sommes de plus en plus conscients que la nature mérite d’être protégée, ne serait-ce que parce que les interactions de l’homme avec la biodiversité de Dieu doivent se faire avec le plus grand soin et le plus grand respect: prendre soin de la biodiversité, prendre soin de la nature. Et tout cela dans cette pandémie, nous avons appris tellement plus. Cette pandémie nous a également montré ce qui se passe lorsque le monde s’arrête, fait une pause, ne serait-ce que pour quelques mois. Et l’impact que cela a sur la nature et le changement climatique, avec une force, d’une manière tristement positive, n’est-ce pas, c’est-à-dire que cela fait des dégâts.
Et cela nous montre que la nature globale a besoin de nos vies sur cette planète. Elle nous concerne tous, même si c’est sous des formes très différentes et sans équivoque; elle nous en apprend donc aussi davantage sur ce que nous devons faire pour créer une planète juste, équitable et écologiquement sûre.
En bref, la pandémie de Covid nous a appris cette interdépendance, ce partage de la planète. Et les deux catastrophes mondiales, le Covid et le climat, montrent que nous n’avons plus le temps d’attendre. Que le temps presse et que, comme l’a montré le Covid-19, oui nous avons les moyens de faire face à cette perte. Nous en avons les moyens. Il est temps d’agir, nous sommes à la limite.
Je voudrais répéter un vieux dicton espagnol: “Dieu pardonne toujours, nous les hommes pardonnons de temps en temps, la nature ne pardonne plus”. Et lorsque cette destruction de la nature est déclenchée, il est très difficile de l’arrêter. Mais nous sommes toujours dans le temps. Et nous serons plus résilients si nous travaillons ensemble plutôt que seuls. L’adversité que nous vivons avec la pandémie, et que nous ressentons déjà dans le changement climatique, doit nous inciter, nous pousser à l’innovation, à l’invention, à la recherche de nouvelles voies. On ne sort pas d’une crise de la même façon, on en sort meilleur ou pire. Tel est le défi, et si nous n’en sortons pas meilleurs, nous sommes sur la voie de l’autodestruction.
Puissiez-vous tous, et je me joins également à vous, [lancer] un appel à tous les dirigeants du monde pour qu’ils agissent avec courage, qu’ils agissent avec justice et qu’ils disent toujours la vérité aux gens, afin que les gens sachent comment se protéger de la destruction de la planète, comment protéger la planète de la destruction que nous déclenchons très souvent.
Merci pour ce que vous faites, merci pour les bonnes intentions, merci pour le rassemblement de tous et la prospérité pour tous.»