Journée mondiale du Migrant et du Réfugié : le Pape dit stop aux “nationalismes fermés et agressifs”, “l’avenir de nos sociétés est un avenir ‘en couleurs'”

Stop aux “nationalismes fermés et agressifs” et “à l’individualisme radical, dans le monde comme dans l’Eglise”. C’est l’appel du Pape François dans son message présenté le 6 mai, en vue de la 107ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, qui aura lieu le 26 septembre.

“Ce qui paient le prix le fort”, prévient le Saint-Père dans ce message appelé “Vers un nous toujours plus grand”, ce sont les “autres”, “les étrangers, les migrants, les marginaux, qui vivent dans les périphéries existentielles”.

“L’avenir de nos sociétés est un avenir ‘en couleurs’, enrichi par la diversité et les relations interculturelles. C’est pourquoi nous devons apprendre aujourd’hui à vivre ensemble en harmonie et dans la paix” souligne François, qui dit s’adresser “à tous les hommes et toutes les femmes du monde” afin de “marcher ensemble vers un nous plus grand, recomposer la famille humaine, construire ensemble notre avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne reste exclu”.

Tirant ses réflexions de sa lettre encyclique Fratelli tutti, le Pape François précise que ce “nous” puise son origine dans le “projet créatif de Dieu lui-même”. Dieu crée l’homme et la femme pour former ce nous appelé à devenir plus grand en se multipliant. Et quand l’être humain se détourne de Dieu, ce n’est pas à “des individus” que Dieu accorde sa miséricorde, mais à “un peuple”, à un “nous destiné à inclure toute la famille humaine, tous les peuples”. “L’histoire du salut voit donc un nous au début et un nous à la fin” ajoute le Pape.

“Le temps présent, cependant nous montre que le nous voulu par Dieu est brisé et fragmenté, blessé et défiguré” constate François. Aussi bien dans le monde que dans l’Église, ce nous est mis à mal par la pandémie. Or, “nous sommes tous dans le même bateau et nous sommes appelés à nous engager pour qu’il n’y ait plus de murs qui nous séparent, qu’il n’y ait plus les autres, mais un seul nous, aussi grand que toute l’humanité.”

Premiers interpellés, les catholiques : le Pape les exhorte à être toujours plus fidèles à “leur être catholique”. La catholicité de l’Église doit être vécue grâce à l’Esprit du Seigneur qui “nous rend capables d’embrasser tout le monde pour faire communion dans la diversité, en harmonisant les différences sans jamais imposer une uniformité qui dépersonnalise”, précise François. Dans la rencontre avec les étrangers, les migrants, les réfugiés et le dialogue interreligieux, “nous avons l’opportunité de grandir en tant qu’Église, de nous enrichir mutuellement”. “Chaque baptisé est un membre à part entière de la communauté ecclésiale locale, un membre de l’unique Église”, insiste-t-il.

François appelle aussi les fidèles à s’engager pour que l’Église devienne “plus inclusive” poursuivant la mission assignée aux Apôtres par Jésus. “Aujourd’hui, l’Église est appelée à sortir dans les rues des périphéries existentielles pour soigner les blessés et chercher les perdus, sans préjugés ni peur, sans prosélytisme, mais prête à élargir sa tente pour accueillir tout le monde” affirme-t-il.

Cet appel est élargi à tous les hommes et toutes les femmes du monde afin de “construire ensemble notre avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne reste exclu”. “L’avenir de nos sociétés est un avenir “en couleurs”, enrichi par la diversité et les relations interculturelles. C’est pourquoi nous devons apprendre aujourd’hui à vivre ensemble en harmonie et dans la paix” souligne François. L’idéal à atteindre est celui de la nouvelle Jérusalem “où tous les peuples se rassemblent dans la paix et l’harmonie, célébrant la bonté de Dieu et les merveilles de la création”. Pour cela, il faut “faire tomber les murs”, “construire des ponts”. Dans cette optique, affirme François, «les migrations contemporaines nous offrent l’opportunité de surmonter nos peurs pour nous laisser enrichir par la diversité du don de chacun”.

Cet appel à ne pas détourner son regard de l’étranger, le Pape l’étend à la préservation de la création. François explique que le Seigneur nous demandera des comptes “pour garantir que notre maison commune soit correctement entretenue”. Pour cela, là aussi le “nous” est nécessaire, un “nous toujours plus grand, toujours plus coresponsable, avec la ferme conviction que tout bien fait au monde l’est pour les générations actuelles et futures”. L’objectif est celui d’atteindre «un développement plus durable, équilibré et inclusif”, sans faire de distinction. “Le trésor est commun et personne ne doit être exclu de ses soins et bénéfices”. Rêvons ensemble exhorte-t-il enfin, reprenant son appel dans Fratelli tutti.

Prière

Père saint et bien-aimé,
ton Fils Jésus nous a enseigné
que dans le ciel une grande joie éclate
quand quelqu’un qui était perdu
est retrouvé,
quand quelqu’un qui a été exclu, rejeté ou écarté
est accueilli de nouveau dans notre nous,
qui devient ainsi toujours plus grand.

Nous te demandons d’accorder à tous les disciples de Jésus
et à toutes les personnes de bonne volonté
la grâce de faire ta volonté dans le monde.
Bénis chaque geste d’accueil et d’assistance
qui place tous ceux qui sont en exil
dans le nous de la communauté et de l’Église,
pour que notre terre puisse devenir,
comme tu l’as créée,
la maison commune de tous les frères et sœurs. Amen.