La Cassation française refuse l’extradition des 10 Italiens âgés pour des événements survenus il y a 50 ans. L’échange entre Vasapollo et le Pape (S.C.)

La Cassation française a confirmé le refus d’extrader vers l’Italie les 10 anciens Br accusés d’événements survenus il y a plus de 50 ans et dans de nombreux cas pour leur prétendue conspiration morale. Exilés en France sur la base de la soi-disant “Doctrine Mitterrand” qui remettait en cause la législation spéciale qui prévoyait entre autres la concurrence morale, il s’agit de 8 hommes (dont Giorgio Pietrostefani, condamné pour le meurtre de Calabresi) et 2 femmes (l’ancien Frère Marina Petrella et Roberta Cappelli), aujourd’hui tous soixante-dix ans, des personnes qui ont vécu en France pendant un demi-siècle sans enfreindre la loi, voire en s’engageant dans la société civile.

Pour ces motifs, la justice française avait refusé, le 29 juin 2022, l’extradition demandée par l’Italie. Le président de la Chambre de l’Instruction avait motivé le refus par le respect de la vie privée et familiale et le droit à un procès équitable, garanties prévues par les articles 8 et 6 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Le président de la France, Emmanuel Macron, pourtant déclaré que “ces personnes, impliquées dans des crimes de sang, méritent d’être jugées en Italie”. En conséquence, le procureur général près la Cour d’appel de Paris, Rémy Heitz, représentant le gouvernement, avait immédiatement déposé un pourvoi devant la Cour de cassation, estimant nécessaire de vérifier si les anciens terroristes condamnés en Italie par contumace bénéficieront ou non d’un nouveau procès si la France les livre. Arguments désormais définitivement rejetés par la cassation. Le professeur. Luciano Vasapollo a remis en décembre 2021 au pape François, et illustré lors de la rencontre, un appel en faveur des réfugiés italiens à Paris, dont l’extradition a ensuite été demandée.

Et le pape François, au bout d’une dizaine de jours, a envoyé une réponse signée en son nom par l’un des plus hauts responsables de la secrétairerie d’État, qui évoque “l’affaire judiciaire qui préoccupe diverses personnes et leurs familles” pour espérer que “chacun est légitime aspirations puissent se réaliser, inspirant des gestes concrets de compréhension mutuelle et de réconciliation dans le respect de la justice”.

“Du Vatican le 16 décembre 2021 Illustre monsieur, à l’occasion de l’audience générale du 1er décembre de cette année, il a adressé des expressions de déférence au Saint-Père et, faisant état d’une affaire judiciaire qui préoccupe plusieurs personnes et leurs familles, il a fait don d’une publication. Le pape François qui a apprécié l’hommage courtois et les sentiments de dévotion qui l’ont suscité, vous remercie pour le geste attentionné et assure un souvenir dans la prière pour vous et pour ceux qui vous sont chers, afin que la bonté de Jésus Roi de paix s’accorde et répond aux aspirations légitimes de chacun, inspirant des gestes concrets de compréhension mutuelle et de réconciliation dans le respect de la justice. En invoquant l’intercession céleste de la Vierge Marie Mère de l’Espérance, le Souverain Pontife a le plaisir d’adresser la Bénédiction Apostolique accompagnée du souhait d’un Saint Noël Avec des sens d’estime distincte Monseigneur L. Roberto Cona, assesseur”.

La réponse qui est venue du Vatican est très claire: même sans prendre explicitement position sur la question judiciaire, François s’est manifesté proche de l’inquiétude des familles de personnes éloignées de leur patrie depuis plus de 40 ans et qui en ce temps, en France, ont montré qu’ils étaient entrés dans la société en tant que pères et mères responsables et citoyens activement engagés dans le travail social. Et il a fait savoir, par l’intermédiaire du professeur Luciano Vasapollo, vice-président de l’Association Padre Virginio Rotondi pour le journalisme de paix (qui promeut ce journal) et représentant du “Réseau d’artistes et d’intellectuels pour la défense de l’humanité”, qu’il a en à l’esprit « l’affaire judiciaire qui préoccupe diverses personnes et leurs familles » et espérer que « les aspirations légitimes de chacun pourront se réaliser, inspirant des gestes concrets de compréhension mutuelle et de réconciliation dans le respect de la justice”.

Nous publions ci-dessous le texte de l’appel adressé par Vasapollo au Pape.

« Au Saint-Père le Pape François,
Je me tourne vers vous avec la plus grande humilité pour demander une intervention à travers une prière en faveur de 9 personnes (étiquetées par la presse même si avec différentes histoires anciennes appartenant à différentes organisations politiques telles que “Les terroristes des Neuf Brigades Rouges doivent être extradés vers l’Italie “); il y a neuf personnes âgées qui risquent de finir leur vie en prison.

Dans les années 1970 et 1980, alors qu’ils avaient entre vingt et trente ans, ils faisaient partie de ce profond mouvement social qui traversait la société italienne et mondiale et opposait certaines composantes de manière dure et directe, mettant en jeu et malheureusement détruisant même des vies humaines. .
C’était un conflit radical et violent des deux côtés. Ils ont pratiqué la violence et l’ont subie. Ces années ont été une tragédie pour tout le monde et la douleur reste inscrite chez tous ceux qui en ont été les protagonistes. Ils ont été reconnus coupables d’infractions pénales graves à des peines très sévères et longues.

Après quelques années d’emprisonnement, ils sont libérés dans l’attente d’une condamnation définitive et décident de « s’exiler » en France où la «doctrine Mitterrand» leur permet de ne pas être extradés. Ils ont déclaré leur présence au grand jour dès leur arrivée en France.

Ils ont ainsi échappé à l’exécution de peines de plusieurs décennies, sans se cacher. Mais ils s’imposent des renoncements douloureux et une forme d’expiation qui passe par la souffrance intime : un départ sans retour possible, des ruptures familiales définitives, l’impossibilité de retourner sur sa terre natale et d’enterrer ses morts. La douleur et la compassion pour les blessures causées et subies sont à jamais inscrites dans leurs cœurs et leurs corps.
En même temps, l’accueil et la protection de la France leur ont permis de se remettre en question, de reconstruire leur vie sous le signe de la solidarité humaine et de la paix, de devenir socialement utiles et par cette réinsertion sociale, d’opérer une sorte de compensation symbolique et sociale : être utile aux autres, aider les plus démunis, faire du bien aux autres: leur vie et leur travail en témoignent.

Demander leur extradition et les remettre en prison aujourd’hui, plus de 40 ans après les infractions pénales commises, ne rendrait pas justice aux autres protagonistes et descendants des protagonistes de ce conflit social qui, comme toutes les parties impliquées, ont besoin de paix et souvenir.
Remettre ces neuf personnes en prison aujourd’hui ne rendrait pas justice à l’État qui, dans les systèmes judiciaires modernes, ne trouve plus l’utilité de punir, une fois que trop de temps s’est écoulé et que le condamné a été réintégré dans la société.

Je voudrais conclure mon humble question en citant quelques-unes de vos paroles poignantes et sincères d’une grande signification humaine et spirituelle :

‘Un mot que je voudrais adresser aux prisonniers, c’est le mot courage’, ‘Jésus lui-même vous le dit. Le ‘courage’ vient du cœur. Courage, car tu es dans le cœur de Dieu, tu es précieux à ses yeux et, même si tu te sens perdu et indigne, ne te décourage pas. Vous qui êtes en prison, vous êtes importants pour Dieu, qui veut faire des merveilles en vous’. ‘Je m’imagine te regarder et voir dans tes yeux déception et frustration, alors que l’espoir bat encore dans ton cœur, souvent lié au souvenir de tes proches. Courage, n’étouffe jamais la flamme de l’espoir ».

Les remettre aujourd’hui en prison, compte tenu de leur âge avancé (presque tous autour de 70 ans) et pour cette raison de l’impossibilité d’utiliser les avantages accordés aux détenus après de nombreuses années d’emprisonnement, ne reviendrait pas tant à les affecter à servir leurs peines, mais les assigner à la torture d’attendre la mort en prison.

Plusieurs fois le Saint-Père, du haut de sa bonté, de sa prévoyance et de sa magnificence, a déclaré:
‘La réclusion à perpétuité n’est pas la solution aux problèmes, je le répète: la réclusion à perpétuité n’est pas la solution aux problèmes mais un problème à résoudre. Car si l’espoir est enfermé dans une cellule, il n’y a pas d’avenir pour la société. Ne privez jamais le droit de recommencer!; ‘N’étouffez jamais la flamme de l’espérance’, ‘ne vous laissez jamais emprisonner dans la cellule obscure d’un cœur sans espoir, ne cédez pas à la résignation. Dieu est plus grand que tout problème et vous attend pour vous aimer’.

Avec ce cri d’espoir éclairant, je veux vous embrasser affectueusement et vous demander humblement une prière pour ces personnes et leurs familles qui souffrent.

Avec amour et dévotion
Luciano Vasapollo”