« Votre combat pour la justice est aussi celui de l’Église. Car une foi qui ne touche pas les blessures du corps et de l’âme humaine est une foi qui n’a pas encore rencontré l’Évangile. » écrit le Pape Léon XIV à la journaliste péruvienne Paola Ugaz, avec qui il a partagé le douloureux moment de dissolution du Sodalitium, une organisation catholique où se sont produits des abus de conscience et sexuels. « Aujourd’hui », ajoute le Pape Prevost, « nous reconnaissons ces blessures chez tant d’enfants, de jeunes et d’adultes trahis là où ils cherchaient réconfort ; et chez ceux qui ont risqué leur liberté et leur réputation pour empêcher que la vérité ne soit étouffée. »
« Je tiens à remercier », poursuit le nouveau Pontife, « ceux qui ont persévéré dans cette cause, même lorsqu’ils ont été ignorés, dénigrés ou poursuivis en justice. »
Dans son texte, le Pape cite la Lettre au Peuple de Dieu de son prédécesseur, le Pape François, d’août 2018 : « La douleur des victimes et de leurs familles est aussi la nôtre, et il est urgent de réaffirmer notre engagement à protéger les mineurs et les adultes vulnérables ». « Dans cette même lettre », poursuit Léon, « mon prédécesseur soulignait la distinction encourageante entre crime et corruption, et nous appelait à une véritable conversion ecclésiale. Cette conversion n’est pas rhétorique : elle impose un chemin concret fait d’humilité, de vérité et de réparation. »
« Prévention et soin » commente ce Pape hispano‑américain, « ne sont pas une stratégie pastorale : c’est le cœur même de l’Évangile. Il est urgent d’ancrer dans toute l’Église une culture de prévention qui ne tolère aucun abus de pouvoir ou d’autorité, aucun abus de conscience ou de spiritualité, aucun abus sexuel. Cette culture ne sera authentique que si elle se fonde sur une vigilance active, des procédures transparentes et une écoute sincère des personnes blessées. »
Pour lutter contre les abus, l’Église a besoin de la presse
Dans la lutte contre les abus sexuels commis par des membres du clergé sur des mineurs et des personnes vulnérables, « l’Église a besoin des journalistes », écrit Léon XIV à Paola Ugaz, alors vice‑présidente de la conférence des évêques du Pérou, qui a joué un rôle clé dans la révélation du scandale du Sodalitium, grâce à son engagement journalistique.
« Aujourd’hui, je remercie tout particulièrement Paola Ugaz », confie Léon, « pour le courage dont elle a fait preuve en s’adressant au Pape François le 10 novembre 2022, et pour avoir demandé protection contre les attaques injustes qu’elle et trois autres journalistes – Pedro Salinas, Daniel Yovera et Patricia Lachira – ont subies pour leurs révélations sur les abus d’un groupe ecclésial originaire du Pérou mais actif dans plusieurs pays. Among the numerous victims were also victims d’abus économiques, habitants de Catacaos et Castilla, rendant la situation encore plus intolérable. »
« Dès le début de mon pontificat », rappelle‑t‑il, « lors de ma première rencontre avec la presse après le conclave, j’ai affirmé que ‘la vérité n’appartient à personne, mais c’est la responsabilité de chacun de la rechercher, la préserver et la servir’. Cette rencontre n’était pas un simple salut protocolaire, mais une affirmation de la mission sacrée des journalistes : ils construisent des ponts entre les faits et la conscience des personnes, malgré les difficultés. »
« Aujourd’hui, encore une fois », poursuit ce Pape hispano‑américain, « j’élève la voix avec inquiétude et espérance, en pensant à mon peuple bien-aimé du Pérou. En ces temps de tensions institutionnelles et sociales profondes, défendre un journalisme libre et éthique n’est pas seulement un acte de justice : c’est un devoir pour tous ceux qui aspirent à une démocratie forte et participative. La culture de la rencontre ne se bâtit pas sur des discours creux ni sur des histoires manipulées, mais sur des faits racontés avec objectivité, rigueur, respect et courage. »
« Nous exhortons donc », ajoute le Pontife, « les autorités péruviennes, la société civile et chaque citoyen à protéger ceux qui, des radios communautaires aux médias nationaux, des zones rurales à la capitale, racontent avec intégrité et courage. Là où un journaliste est réduit au silence, l’âme démocratique d’un pays s’éteint. »
« La liberté de la presse », rappelle Léon, « est un bien commun inaliénable. Ceux qui exercent consciencieusement cette vocation ne peuvent voir leur voix muselée par des intérêts sordides ou la peur de la vérité. À tous les communicants péruviens, je dis avec affection pastorale : ne craignez pas. Par votre travail, vous êtes artisans de paix, d’unité et de dialogue social. Soyez des semeurs de lumière dans les ténèbres. »
À propos de la pièce de théâtre “Proyecto Hugaz”, retraçant le scandale du Sodalitium, le Pape conclut : « Je prie pour que cette œuvre soit à la fois un acte de mémoire et un signe prophétique. Qu’elle éveille les cœurs, trouble les consciences et nous aide à construire une Église où personne ne souffre plus en silence, et où la vérité n’est pas vécue comme une menace, mais comme une libération. »
S.C.