La première mission de la politique est de « promouvoir et défendre, au-delà de tout intérêt particulier, le bien de la communauté, en particulier pour protéger les plus faibles et marginalisés ». Le pape Léon XIV a tenu à le rappeler lors du Jubilé des hommes politiques qui se tient aujourd’hui au Vatican, où participe aussi la Première ministre Giorgia Meloni, saluée par le nouveau Pontife dès le début de son discours d’un geste marquant. Selon le pape hispano‑américain, « il s’agit de s’employer à éliminer l’inacceptable disproportion entre une richesse concentrée entre peu de mains et une pauvreté largement répandue ». « Ceux qui vivent dans des conditions extrêmes crient pour se faire entendre et, souvent », a déclaré le nouveau Pontife en citant son prédécesseur, Léon XIII, « ils ne trouvent pas d’oreilles pour les écouter. Cet écart génère une injustice permanente qui aboutit facilement à la violence, et tôt ou tard, au drame de la guerre ». Une bonne action politique, en revanche, en favorisant une répartition équitable des ressources, « peut offrir un service efficace ».
La Déclaration des droits de l’homme doit guider la politique
Le pape Léon XIV s’est fortement engagé à défendre les droits de l’homme, cruellement violés dans les guerres actuelles qui ensanglantent l’Europe et le Moyen-Orient. « La Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée et proclamée par les Nations Unies le 10 décembre 1948, fait désormais partie du patrimoine culturel de l’humanité », a-t-il rappelé lors de son discours au Jubilé des hommes politiques et gouvernants. « C’est un texte toujours d’actualité, qui peut contribuer à placer la personne humaine, dans son intégrité inviolable, au centre de la recherche de la vérité, pour rendre la dignité à ceux qui ne se sentent pas respectés dans leur être intime ni dans les exigences de leur conscience ».
Léon a demandé que la politique contribue « à l’harmonie et à la paix, tant au niveau social qu’à l’échelle internationale » et, dans ce contexte, a souligné le rôle des religions, valorisant la liberté religieuse et le dialogue interreligieux.
« Là encore, l’action politique », a-t-il souligné, « peut faire beaucoup en favorisant les conditions d’une véritable liberté religieuse et en permettant un dialogue respectueux et constructif entre différentes communautés religieuses ».
« Croire en Dieu, avec les valeurs positives qui en découlent, est dans la vie des individus et des communautés », a-t-il observé, « une source immense de bien et de vérité ».
Il a cité saint Augustin : « le passage de l’amour égoïste, fermé et destructeur, à l’amour gratuit, enraciné en Dieu, qui conduit au don de soi, fondement de la civitas Dei ».
Pour lui, « afin d’avoir un référent unitaire dans l’action politique, plutôt que d’exclure d’emblée le transcendant dans les décisions, il est utile d’y chercher ce qui unit tous ». Le pape a ainsi souligné « la loi naturelle, non écrite par la main de l’homme mais reconnue universellement comme valable à chaque époque, qui trouve dans la nature sa forme la plus plausible et convaincante », citant Cicéron : « La loi naturelle est la droite raison, conforme à la nature, universelle, constante et éternelle… ».
« Cette loi ne saurait être modifiée ou abolie ; ni par le Sénat ni par le peuple on peut s’en affranchir, ni faut-il chercher un commentateur ou un interprète. Et il n’y aura pas une loi à Rome, une à Athènes… mais une seule loi éternelle et immuable gouvernera tous les peuples en tous temps ».
Ainsi, la loi naturelle « valable universellement au-delà de toute conviction plus discutable, constitue la boussole pour légiférer et agir, en particulier sur des questions éthiques qui aujourd’hui touchent l’intimité personnelle ».
Regarder l’intelligence artificielle avec confiance… et prudence
Pour Léon XIV, « confiance et inquiétude » ne sont pas contradictoires car elles signifient ouverture au changement tout en souhaitant le maîtriser au service du bien commun. C’est le message qu’il a adressé aux politiciens réunis au Vatican.
« Le degré de civilisation atteint par notre monde, et les objectifs que vous devez satisfaire, se trouvent aujourd’hui fortement mis au défi par l’intelligence artificielle », a-t-il déclaré. Il s’agit d’un développement utile à la société… « à condition que son usage ne porte pas atteinte à l’identité, à la dignité et aux libertés fondamentales ».
Il a insisté : l’IA doit rester un outil au service de l’homme, « non pour l’amoindrir ou en définir la défaite ».
« C’est un défi majeur, nécessitant attention et vision à long terme, pour concevoir – même dans de nouveaux contextes – des styles de vie sains, justes et sûrs, surtout pour les jeunes générations.
La vie personnelle vaut infiniment plus qu’un algorithme, les relations sociales réclament des espaces humains bien plus larges que les schémas offerts par une machine sans âme ».
Il a rappelé : « l’IA, capable d’emmagasiner des millions de données et d’apporter des réponses en quelques secondes, conserve une mémoire statique, loin de la mémoire humaine, créative, dynamique, générative, capable de relier passé, présent et avenir dans une recherche vive de sens ». Il l’a présenté comme une « provocation, appelant à confiance et prudence à la fois ».
Il a cité Jean-Paul II : « À l’an 2000, il désigna saint Thomas More comme modèle pour les politiciens, qui mit sa vie publique au service de la personne, en particulier des faibles ou pauvres ; traite les conflits sociaux avec équité ; protège la famille ; promut l’éducation intégrale de la jeunesse ».
« Son courage », a conclu Prevost, « jusqu’au sacrifice de sa vie ne pas trahir la vérité, fait de lui – encore aujourd’hui – un martyr de la liberté et du primat de la conscience. Puisse son exemple inspirer chacun de vous. »
Salvatore Izzo