“Au bon moment, une bonne campagne de presse devrait être menée pour tromper nos magistrats”. C’est le texte d’un message envoyé par le cardinal Giovanni Angelo Becciu, ancien substitut de la secrétairerie d’État et donc proche collaborateur du pape Benoît puis du pape François, au financier Enrico Crasso, également accusé dans l’affaire de l’immeuble de centre de Londres. Le cardinal, interrogé aujourd’hui lors d’une audience de huit heures, a admis que le message était le sien, mais a déclaré qu’il l’avait écrit “parce que Crassus était désespéré et voulait se défendre”. Un détail ce message texte dans le flot de papiers d’un procès très chaotique, où ce n’est qu’aujourd’hui qu’une nouvelle partie civile a été admise, que Mgr. Alberto Perlasca qui représente le témoin clé contre Becciu mais, bien que formellement disculpé dans l’enquête comme “repenti”, certainement aussi l’un des principaux coupables des irrégularités présumées, étant à la tête du bureau d’investissement et ayant personnellement autorisé les paiements. Mais un détail révélateur du climat de persécution judiciaire subi par le cardinal et les autres accusés, avec une fureur inexplicable qui vise évidemment à détruire moralement l’ecclésiastique sarde qui dans chaque ministère qu’il a occupé ne cherchait que le bien de l’Église.
Avec l’intention d’achever le massacre, le Bureau du promoteur de justice a même voulu aujourd’hui projeter une partie de la conférence de presse du 25 septembre 2020 (sur la photo) dans la salle d’audience, au lendemain de l’audience choc au cours de laquelle le pape François a privé lui de la charge de préfet des saints et des droits du cardinal, sans qu’aucun tribunal ne l’ait condamné et bien que Becciu se soit déclaré innocent.
Au cours de l’interrogatoire d’aujourd’hui, cependant, le Card. Becciu a pu préciser qu’il n’avait joué aucun rôle dans la démission, le 19 juin 2017, de l’auditeur général du Vatican de l’époque, Libero Milone. La dernière fois, à la question, Becciu a fait usage de la faculté de ne pas répondre, “pour sauvegarder le Saint-Père”. « Ces jours-ci, j’ai demandé au pape si je pouvais parler librement et il a dit oui – il a ensuite rapporté -. Je tiens donc à clarifier brièvement ce dont je suis conscient. Je ne suis pas responsable de la démission du Dr. Milone. Je n’ai donné cours qu’à l’ordre du Saint-Père”. “Le Pape m’a appelé – a-t-il poursuivi – : ‘Votre Excellence, je vous demanderais d’appeler le Dr. Milone et lui dire qu’il ne jouit plus de la confiance du Saint-Père et doit démissionner.’ J’ai appelé Milone lui-même le matin et je l’ai informé de la décision du pape, les raisons étant celles qui étaient alors écrites dans la déclaration du 24 septembre 2017, après les déclarations de Milone à la presse. Bref, Milone, “au-delà de ses pouvoirs, a engagé illégalement une société extérieure pour mener des activités d’enquête sur la vie privée des représentants du Saint-Siège ». Je répète avec force que je n’ai joué aucun rôle dans la décision du Saint-Père”.
De même, Becciu a précisé qu’il n’avait pas de responsabilités spécifiques pour chacune des opérations effectuées par le Bureau administratif de la Secrétairerie d’État (celui de Mgr Alberto Perlasca et Fabrizio Tirabassi) qui “préparait pour moi les dossiers que je me limitais à visiter . L’Office – m’a-t-il expliqué – devait me montrer le pour et le contre. Il avait l’obligation morale de ne pas mettre le supérieur en difficulté. La tâche aussi de ne pas faire mal paraître le supérieur. Et s’ils me présentaient quelque chose d’aussi avantageux, je le signais. C’était leur tâche de faciliter la décision du remplaçant”.
Le journaliste d’Ansa Fausto Gasparroni a décrit comme “le climat dans la salle d’audience était très tendu, avec de fréquentes querelles entre les défenses et l’accusation et la nécessité de la part du président Giuseppe Pignatone d’arrêter la polémique”.
En plus du Palais de Londres, Becciu a parlé des relations avec le diocèse d’Ozieri, de la prétendue “détournement” qui est contestée avec la proposition formulée par des tiers sur l’achat du Palais de Londres (“J’en ai parlé avec le Prof. Gian Piero Milano , je lui ai dit qu’il y a cette offre, un fonds qui veut se proposer pour ce bâtiment. Il a dit : “Peut-être ! Allez-y”. Si j’avais eu des objectifs différents, en aurais-je parlé avec le promoteur de Justice? “).
Becciu a également parlé de Mme Cecilia Marogna, précisant qu’il n’avait jamais parlé avec elle de « rançon » pour la religieuse colombienne enlevée au Mali. Désarmant la réponse sur le séjour de Marogna chez lui, un épisode mentionné dans l’acte d’accusation : “Je suis un lecteur fidèle de Manzoni. Vous souvenez-vous de Fra Cristoforo qui accueille Lucia au Monastère et ‘Omnia munda mundis’ répond aux disputes ? Elle est venue me voir le soir, il fallait qu’on se parle. Il s’est fait tard. Quand il partait, les religieuses qui m’assistaient à la maison m’ont dit : ‘la dame a peur d’aller à l’hôtel parce qu’il y a le Covid. Pouvons-nous rester là-bas ?’’ J’ai dit oui. Je l’ai retrouvée le lendemain matin au petit déjeuner puis elle est partie. C’est comme ça que ça s’est passé.”