“Je suis venu ici, avec amour et respect, en pèlerin et frère en Christ. Je pense à nos racines apostoliques communes et je prie l’Esprit Saint de nous aider à cheminer ensemble sur ses chemins”. C’est la phrase écrite de sa propre main par le pape François signant le livre d’honneur de l’archevêché orthodoxe d’Athènes.
Immédiatement après, le Pape François, prononçant le discours en présence de Ieronymos II, archevêque orthodoxe de Grèce, a de nouveau demandé pardon pour les erreurs de l’Église: “L’histoire – a-t-il dit – a son poids et aujourd’hui je ressens le besoin de renouveler demande de pardon à Dieu et aux frères pour les erreurs commises par tant de catholiques ». Le Pontife a ensuite poursuivi : « Cependant, la certitude que nos racines sont apostoliques et que, malgré les déformations du temps, la plante de Dieu pousse et porte du fruit dans le même Esprit est d’un grand réconfort. Et c’est une grâce de reconnaître les fruits les uns des autres et d’en remercier le Seigneur ensemble”.
Le pape François a adressé une prière pour que les chrétiens puissent recevoir “un regard de vérité calme et clair, animé par la miséricorde divine, capable de libérer les esprits et de susciter en chacun une disponibilité renouvelée » pour le dialogue et l’unité. Il l’a fait dans son discours à l’Église orthodoxe grecque au cours de son discours à l’archevêque Ieronymos II. Une aide divine, a ensuite ajouté François, qui « nous aide à ne pas être paralysés par la négativité et les préjugés du passé, mais à regarder la réalité avec des yeux nouveaux. Alors les tribulations du passé laisseront place aux consolations du présent – a-t-il ajouté dans son discours – et nous serons réconfortés par les trésors de grâce que nous retrouverons dans les frères”.
Alors que le pape entrait dans l’archevêché orthodoxe d’Athènes pour rencontrer Ieronymos II, la police locale a bloqué un prêtre orthodoxe âgé à l’extérieur du bâtiment, qui s’est jeté par terre en criant en grec “Pape, tu es un hérétique”. L’homme a été enlevé sans incident.
Dans la matinée, à Athènes, François a également lancé une mise en garde forte contre les autoritarismes et les populismes “qui paraissent tentants”, dénonçant “un recul de la démocratie” et les exhortant à répondre à leurs séductions par la démocratie, pour aider l’Europe à trouver “un humanisme renouvelé” , une “bonne politique”, “art du bien commun”, qui privilégie les groupes les plus faibles.
Lors de la rencontre avec les autorités politiques et religieuses, les membres du Corps diplomatique et les représentants de la société civile au Palais présidentiel à Athènes, deuxième étape de son 35e voyage apostolique à l’étranger, François a fustigé les nationalismes de l’Occident, dans lesquels il tend à être “piégé par la frénésie de mille races terrestres et par l’avidité insatiable d’un consumérisme dépersonnalisant”. “La démocratie est née ici. Le berceau, des millénaires plus tard, est devenu un foyer, une grande maison de peuples démocratiques: je veux parler de l’Union européenne et du rêve de paix et de fraternité qu’elle représente pour tant de peuples”, affirme-t-il et ajoute aussitôt: “C’est pas possible, cependant, que de constater avec inquiétude qu’aujourd’hui, non seulement sur le continent européen, il y a un recul de la démocratie. Elle requiert la participation et l’implication de tous et demande donc des efforts et de la patience. C’est complexe, alors que l’autoritarisme est précipité et que les assurances faciles offertes par les populismes paraissent tentantes”.
Le Pape a ensuite observé que dans diverses sociétés, “inquiètes pour la sécurité et anesthésiées par le consumérisme, la fatigue et le mécontentement conduisent à une sorte de « scepticisme démocratique”. François a également adressé une critique de la Communauté européenne, “déchirée par des égoïsmes nationalistes” qui “au lieu d’être le moteur de la solidarité, apparaît parfois bloquée et non coordonnée”. Le remède à ce scepticisme « ne réside pas dans la recherche obsessionnelle de la popularité, dans la soif de visibilité, dans la proclamation de promesses impossibles ou dans l’adhésion à des colonisations idéologiques abstraites, mais réside dans la bonne politique », précise-t-il. “Parce que la politique est une bonne chose et qu’elle doit donc l’être dans la pratique, en tant que responsabilité suprême du citoyen, en tant qu’art du bien commun. Pour que le bien soit vraiment partagé, il faut porter une attention particulière, je dirais prioritaire, aux groupes les plus faibles”. L’invitation du Pontife est de “passer de la prise de parti à la participation”.
Et cela est vrai sur plusieurs fronts: climat, pandémie, marché commun et surtout à la pauvreté généralisée. « Ce sont des défis qui nous obligent à collaborer concrètement et activement. La communauté internationale en a besoin, pour ouvrir des voies de paix à travers un multilatéralisme qui ne soit pas étouffé par des revendications nationalistes excessives. La politique en a besoin, pour faire passer les besoins communs avant les intérêts privés”.