Le prélat de l’Opus Dei ne sera plus évêque. C’est l’une des innovations contenues dans un “motu proprio” signé par le pape François. Quarante ans après la Constitution apostolique “Ut sit”, qui érigeait la Prélature de l’Opus Dei par décision de Jean-Paul II, François modifie certaines de ses normes pour les harmoniser avec la récente réforme de la Curie arrangée avec le document “Praedicate Evangelium”, dans le but de “protéger le charisme” et de “promouvoir l’action évangélisatrice que ses membres mènent dans le monde” en diffusant “l’appel à la sainteté dans le monde, à travers la sanctification du travail et des engagements familiaux et sociaux”.
Ceci est établi par le Motu proprio «Ad charisma tuendum», promulgué aujourd’hui. L’intention évidente n’est pas d’isoler les communautés de l’Opus Dei de la vie des Églises locales en les soustrayant à l’autorité de l’ordinaire territorial, comme l’a fait explicitement Jean-Paul II en considérant que l’Oppus Dei offrait l’assistance spirituelle de son propre clergé aux fidèles qui y ont adhéré. En bref, depuis les années 1980, la prélature représentait une sorte de diocèse non territorial semblable à celui des ordinariats militaires, avec ses propres prêtres et fidèles qui, tant dans le cas de l’Opus que dans celui des casernes, mènent leur propre vie apostolique, s’interfacent très peu avec celle des diocèses sur le territoire desquels ils sont présents.
A partir d’aujourd’hui, nous lisons dans l’article premier, sur la base de l’article 117 du Praedicate Evangelium, le Dicastère du Vatican se référant à l’Opus Dei ne sera plus celui des évêques mais celui du Clergé, auquel le Prélat, le la plus haute autorité, présentera un rapport annuel sur l’état de la Prélature. Le Prélat lui-même, contrairement au passé, ne peut plus être nommé évêque et cela – est expliqué dans le Motu proprio à l’article 4 – pour “renforcer la conviction que, pour la protection du don spécial de l’Esprit, une Il faut une forme de gouvernement plus sur le charisme que sur l’autorité hiérarchique ». Par conséquent, le titre qui appartiendra au Prélat d’Opus sera celui de Protonotaire Apostolique surnuméraire avec le titre de “Révérend Monseigneur”. Au-delà du titre, le prélat jouira néanmoins d’une grande liberté pastorale car ne faisant pas partie de l’Église de Gerrchica, il pourra se laisser guider par l’Esprit Saint dans ses initiatives apostoliques, exactement comme l’a fait le fondateur Sant’Escrivà de Balaguer, ou comme le fondateur de la CL Don Luigi Giussani : deux simples prêtres qui ont guidé l’histoire de l’Église plus que bien des Conférences épiscopales réunies. En acceptant « filialement » les dispositions de François, l’actuel prélat de l’Opus, l’Espagnol Monseigneur Fernando Ocariz, espère dans une lettre envoyée aux membres de la Prélature, et rapportée par Vatican News, que l’invitation du Pape « résonne avec force dans chaque et chacun “comme” une occasion de comprendre en profondeur l’esprit que le Seigneur a insufflé à notre fondateur et de le partager avec de nombreuses personnes dans le milieu familial, professionnel et social”. En ce qui concerne désormais la figure du prélat, tout en remerciant “pour les fruits de la communion ecclésiale que représentaient l’épiscopat des bienheureux Alvaro et don Javier”, Mgr Ocáriz reconnaît dans la lettre que “l’ordination épiscopale du prélat n’était pas et n’est pas nécessaire pour diriger l’Opus Dei”.
La volonté du Pape de souligner désormais la dimension charismatique de l’Œuvre nous invite à renforcer l’environnement familial, d’affection et de confiance: le prélat doit être un guide, mais surtout un père”. Questions et réponses pour comprendre le changement La lettre du Prélat est accompagnée d’une série de huit questions et réponses connexes sur le sens du Motu proprio et ses implications les plus directes sur la vie des membres de la Prélature. En particulier, sur la relation entre charisme et hiérarchie, il est souligné que le Motu proprio « nous rappelle que le gouvernement de l’Opus Dei doit être au service du charisme – dont nous sommes administrateurs, et non propriétaires – afin qu’il puisse croissez et portez du fruit, avec la foi que c’est Dieu qui opère tout en tous”.
Le prélat actuel, Mgr Fernando Ocariz, n’est pas évêque, mais ses deux prédécesseurs de l’œuvre fondée par le bienheureux Josémaria Escrivà de Balaguer (1902-1975), le bienheureux Alvaro del Portillo (1914-1994) et Mgr. Javier Echevarria (1994-2016) étaient évêques. Rappelant la “grande espérance” avec laquelle l’Église a adressé “ses préoccupations maternelles et ses attentions à l’Opus Dei”, lors de sa constitution en Prélature, comme l’a exprimé à l’occasion le Pape Wojtyla, avec ce Motu proprio, le texte de ajoute le document papal, “il est destiné à confirmer la Prélature de l’Opus Dei dans le contexte authentiquement charismatique de l’Église, en précisant son organisation en harmonie avec le témoignage du Fondateur, saint Josémaria Escrivá de Balaguer, et les enseignements de l’ecclésiologie conciliaire sur les prélatures personnelles”. L’entrée en vigueur de ces dispositions se fera à partir du 4 août prochain.