Le Burundi rejette les demandes de l’ONU pour la surveillance des droits de l’homme tout en éliminant les enfants des rues et les mendiants (Fulvio Beltrami)

Le représentant du Burundi au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré qu’il avait perdu tout espoir que le pays puisse travailler avec le nouveau rapporteur spécial, chargé de surveiller et de rendre compte de la situation des droits de l’homme dans le pays. Le Burundi accuse le Conseil d’ingérence politisée dans ses affaires intérieures.

Le 29 juin, après une mise à jour fournie par le Rapporteur spécial, certains pays européens se sont déclarés préoccupés par les “mesures ciblées contre les membres de l’opposition politique”. Ils ont également demandé aux autorités « d’enquêter de manière approfondie et de poursuivre les cas présumés d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de torture et d’autres violations et abus des droits de l’homme ». Mais dans le même temps, certains pays européens ont salué les efforts du gouvernement, les prétendus progrès réalisés et la travaux de sa commission nationale des droits de l’homme, qui manque d’indépendance.
Malheureusement, l’Italie se distingue parmi eux, tout évitent d’aborder la question des violations quotidiennes des droits de l’homme perpétrées par la junte militaire burundaise illégalement au pouvoir, ainsi que d’évoquer la présence encombrante mais puissante de terroristes FDLR rwandaises (Forces démocratiques de libération du Rwanda).
Responsables du génocide de 1994 au Rwanda et premiers suspects de l’exécution politique
extrajudiciaire de l’ambassadeur d’Italie au Congo Luca Attanasio, qui a eu lieu près de Goma, au Nord-Kivu en février 2021, les FDLR contrôlent depuis 2014 l’appareil policier burundais, le des milices paramilitaires Imbonerakure et parviennent à influencer la vie politique du petit pays africain otage de fanatiques extrémistes nazis fidèles à l’idéologie de mort HutuPower (le pouvoir aux Hutus) qui prévoit l’extermination de la minorité Tutsi dans toute la région des Grands Lacs. Les FDLR disposent dans la capitale économique Bujumbura également d’un état-major opérationnel bien connu de la population.

L’attitude diplomatique italienne au Burundi s’inscrit dans la politique obscure du ministère italien des Affaires étrangères, qui en Afrique s’oriente progressivement vers le soutien des pires dictatures parmi lesquelles celles d’Erythrée et d’Etipie, responsables de le génocide qui se déroule au Tigré. Le silence adopté par l’Italie s’inscrit dans la lignée de la faction pro-dictature burundaise au sein de l’Union Européenne dont le représentant au Burundi, l’ambassadeur de l’UE Claude Bochu, est l’une des figures clés du soutien aux dictatures raciales nazies, ce qui implique également la France. Encore une autre page sombre de la politique étrangère italienne qui suit la logique des intérêts liés à l’industrie d’armement et aux politiques énergétiques italiennes, qui échappent au contrôle du Parlement et des citoyens.

Désormais, le mythe de la politique réformatrice du général Neva (alias Évariste Ndayishimiye) illégalement au pouvoir depuis mai 2020 et assassin présumé de l’ancien dictateur et leader du parti FDLR-FDD Pierre Nkurunziza décédé le 8 juin 2020, s’est effondré. De puis le chef de la junte militaire Hutu est arrivé au pouvoir les rapports de l’ONU ont mis en évidence les mêmes schémas d’abus qui ont eu lieu pendant les 15 années de règne de Nkurunziza.
Les experts des droits de l’homme de l’ONU disent qu’il y a eu lieu quelque efforts pour lutter contre les violations systématiques des droits de l’homme au Burundi. Il y a eu quelques pas positifs mais limités sous Ndayishimiye. Les autorités burundaises ont levé certaines suspensions des médias et de la société civile et ont libéré plusieurs défenseurs des droits humains et journalistes emprisonnés.
Malheureusement, ces gestes d’ouverture n’étaient que de façade et destinés à faire cesser les sanctions imposées par l’Union Européenne, levées en février 2022 grâce à l’engagement actif de l’Italie et de la France et de leurs représentations diplomatiques respectives dans la région des Grands Lacs.

En effet, la situation des droits humains au Burundi s’est aggravée car elle se double d’une crise économique irréversible qui plonge le pays dans le gouffre. L’ambiguïté classique de l’UE a créé une situation paradoxale. Les sanctions ont été levées sur la base de prétendues améliorations des droits de l’homme et autant d’ouvertures démocratiques présumées mais les fonds destinés à soutenir le Burundi ne sont pas débloqués car les crimes contre la population et le renforcement de la dictature militaro-mafieuse du parti au pouvoir : CNDD-FDD persistent.
Le dernier rapport de l’ONU sur la situation des droits humains au Burundi de 2022 souligne que la répression du gouvernement reste enraciné avec une augmentation des meurtres, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions, des détentions arbitraires et de la torture d’opposants présumés à la junte militaire. Le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant, la police est en partie contrôlée par les terroristes rwandais FLDR et la milice paramilitaire Imbonerakure (liée au CNDD-FDD et aux FDLR) a accru son pouvoir en assumant des fonctions de police et en triplant la violence contre les citoyens.

Les Nations Unies exhortent les autorités burundaises à concrétiser les promesses, à donner accès au Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme, à libérer tous ceux qui ont été injustement emprisonnés, à punir les auteurs de crimes contre la population, à dissoudre la milice Imbonerakure et à briser le alliance politique militaire avec les terroristes des FDLR.
Malheureusement, ces demandes justes rencontrent de sérieux obstacles et peu d’engagement politique en raison des politiques pro-régime mises en œuvre par l’Italie, la France et la faction pro HutuPower au sein de l’UE et leurs représentants opérant dans la région.

Pour renforcer les preuves de l’escalade des crimes commis par la junte militaire, arrive le plan du gouvernement consistent à éliminer dans les rues de Bujumbura tous les mendiants et les enfants des rues. En soi, l’initiative serait louable mais le régime a cantonné le délicat et titanesque projet à une opération de nettoyage faite par la police. Près de 300 mendiants et enfants des rues ont été arrêtés entre mercredi 20 et jeudi 21, selon la Fédération Nationale des Associations d’Enfants du  Burundi (FENADEB), une faîtière représentant 70 organisations de la société civile. Les autorités ont confirmé ces opérations qui, selon elles, dureront jusqu’à “qu’au Burundi la mendicité et le phénomène des enfants des rues soient complètement éradiqués”.

Le secrétaire permanent du ministère de la solidarité nationale, Félix Ngendabanyikwa, a déclaré que les enfants des rues arrêtés par la police seront transférés dans des centres de traitement pour être ensuite réintégrés dans leurs lieux d’origine, tandis que les mendiants adultes seront piqués conformément à la loi. Le code pénal burundais prévoit des peines allant de deux mois de prison pour vagabondage à 15 ans pour incitation à la mendicité. L’opération policière a été précédée d’un arrêté ministériel publié fin juin, qui accordait à environ 7 000 enfants des rues et à environ 4 000 mendiants adultes 2 semaines pour disparaître des rues de Bujumbura sous peine de sanctions prévues par la loi.
Les défenseurs burundais des droits de l’homme tirent la sonnette d’alarme car il existe un soupçon fondé que cette opération policière cache des objectifs finaux terrifiants. Ils notent que pour résoudre le fléau des enfants des rues, le gouvernement n’a pas impliqué les ONG burundaises et internationales, les institutions religieuses, l’UNICEF pour identifier un plan national de intégration, social et économique de ces enfants, tout en éradiquant les causes du phénomène, comme la pauvreté et la violence parentale. Personne ne connaît les centres de collecte des enfants des rues arrêtés ni le sort des mendiants adultes ignorent même les lieux de leur détention.

Des rumeurs circulent selon lesquelles les mendiants adultes ainsi que les enfants des rues
physiquement émaciés seraient éliminés tandis que les enfants des rues éligibles seraient enrôlés de force dans la milice paramilitaire Imbonerakure et parmi les rangs des terroristes rwandais des FDLR pour les envoyer plus tard combattre l’opposition armée burundaise RED Tabara au Congo voisin.

Des sources diplomatiques et de la société civile s’accordent à dire que ces rumeurs pourraient être dramatiquement vraies étant donné l’opacité de l’opération policière et le secret du sort des enfants et des mendiants arrêtés.
Rappelons qu’une opération similaire avait été ordonnée par feu le dictateur Nkurunziza en 2018, mais de nombreux enfants des rues et mendiants qui avaient été envoyés par leurs familles à l’intérieur du pays étaient retournés à Bujumbura, comme l’explique le coordinateur du FENADEB, Ferdinand Ntamahungiro. Désormais, la junte militaire aurait opté pour des solutions drastiques, ou plutôt des SOLUTIONS FINALES.

 

 

Fulvio Beltrami