Le pape François signe la vertu héroïque de Robert Schuman, l’homme politique français qui a inventé la CECA dont est née l’UE

La “Communauté européenne du charbon et de l’acier” née en ’51 est en fait la première pierre qui conduira des décennies plus tard à l’essor de l’UE. Grâce à son intuition de mettre en commun la matière première du charbon et un alliage ferreux comme l’acier, Robert Schuman a posé les bases d’une Europe unie. « Le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères de l’époque lance l’idée qui bouleversera le statu quo en quelques mois : placer la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une autorité supranationale ouverte à l’adhésion d’autres États. Le but? Retirer des épaules de l’Europe d’après-guerre le poids d’une guerre économique inutile et le remplacer par le principe bien plus utile que si les ressources sont partagées, tout le monde grandira et ira mieux », rappelle Vatican News, commentant l’actualité d’aujourd’hui, à savoir que le pape François a signé le décret reconnaissant les vertus héroïques du grand homme politique catholique français, lui ouvrant la possibilité de béatification, si des miracles lui sont attribués. “La paix mondiale ne peut être sauvegardée qu’avec des efforts créatifs, proportionnés aux dangers qui la menacent… L’Europe n’a pas été faite : nous avons eu la guerre”, sont les mots prononcés par Robert Schuman dans la salle de l’Horloge du ministère des étrangers ) devant plus de deux cents journalistes du monde entier, convoqués à la hâte. Le ministre va au cœur du problème : assurer la paix au Vieux Continent, après la monstruosité des deux guerres mondiales, le pillage et la destruction de la civilisation européenne écrasée par un mythe fou, les génocides commis au nom d’idéologies malsaines. Il n’utilise pas de mots prudents, hésitants, indécis. Il reconnaît la primauté des faits sur les mots. Il n’aime pas les doctrines opportunistes : c’est un réaliste, mais un « mystique », il le définira comme l’un de ses collaborateurs, car il puise sa force dans le Seigneur, dont il se sent un instrument pour faire le bien en politique . C’est décidé parce qu’il a examiné les faits, après sa dure expérience de guerre en prison, dans le domicile forcé, dans la fuite pour libérer la France et en préparant un avenir meilleur pour son peuple. Voici le but de son projet : la paix. Pour Schuman, il s’agissait d’un impératif catégorique, d’un dessein spirituel et moral, non d’une stratégie politique ou d’une réalité banale.

“Dans l’immédiat après-guerre, comme ministre, comme premier ministre, Schuman – se souvient Avvenire – avait réconcilié les âmes, résolu les problèmes non pas avec la force musculaire, mais avec constance, courage, fruits d’un charisme, d’une grâce qui lui était donnée par Dieu et dans le silence, dans l’étude, dans la capacité de concentrer, dans le calme, toutes les qualités utiles pour unir la vérité et la justice et vaincre la guerre, la mort. il n’est pas arrogant, il reste équilibré et par le dialogue il parvient à arrondir les angles, trouver médiations, sans céder aux compromis ».

En exposant sa célèbre déclaration, il utilise la force d’arguments clairement et clairement formulés. Schuman sait qu’il y aura des difficultés à surmonter, des revers à surmonter, mais il reste ferme dans l’attente d’atteindre le but final qui peut décourager même les hommes les plus forts, mais pas les chrétiens. La paix qu’il a planifiée n’est pas seulement une attente, mais l’espoir et la confiance d’une promesse. “” L’Europe – a-t-il averti – ne peut pas être réalisée d’un seul coup, ni ne se construire tous ensemble; il naîtra de réalisations concrètes qui créent d’abord une solidarité de fait “. L’avenir bienheureux utilise l’art de la mesure, la capacité d’accomplir un grand travail sans dépasser ses capacités, mais il y met toute sa passion. ” Rien de grand – expliqua-t-il – cela peut se faire sans passion ! “. La solidarité pour ce pacificateur, c’est la justice, à l’opposé du légalisme décalé. La solidarité entre les nations n’est pas seulement pitié et pitié pour ceux qui ont moins, mais unité qui s’efforce de faire le bien de tous. L’injustice est le fruit de l’esprit malade qui ignore ceux qui ont besoin d’aide. Aux intellectuels catholiques, lors de la signature des traités de Rome instituant le C.E.E. et le C.E.E.A., dira : “Nous constatons que l’Europe est aussi le Marché commun et l’Euratom, mais il serait injuste de réaliser que l’Europe se limite à une structure purement économique”.

Les institutions européennes « seraient un corps sans âme si elles n’étaient animées d’un esprit de fraternité fondé sur une conception chrétienne de la liberté et de la dignité de la personne humaine » écrivait-il en 1953. « [La nouvelle Communauté] constituera la première noyau d’une Fédération européenne indispensable au maintien de la paix “- poursuit dans sa déclaration Schuman. La CECA ne sera qu’un premier pas à franchir, qui devra être suivi d’autres pour parvenir à une Europe fédérée et politiquement unie”, est son projet.

“Ce n’est pas un utopiste, il pèse ses propositions avec autant de soin qu’un vieux pharmacien fait ses pilules, mais il détourne le regard. Il a les pieds sur terre, faisant coïncider la vision idéaliste de son projet avec la dure réalité que l’Europe la joie et l’espoir nourris par les personnes âgées d’une Europe véritablement solidaire, l’euphorie qui envahissait les jeunes Allemands après la chute du mur de Berlin, ont fait place à une apathie envers l’Europe : au temps des grands récits, Les dangers de scepticisme, de nationalisme et de nihilisme ont suivi.Les quatre éléments mentionnés dans la déclaration : la paix, le fruit du pardon, la solidarité, le fruit de la justice, l’unité dans une fédération, le fruit de la supranationalité, les réalisations communes, le fruit de l’égoïsme a pris le dessus de l’unité.

“Cette idée – Alessandro De Carolis reconstruit sur le site du Vatican – devient un baume sur les cicatrices du Vieux Continent, qui a encore le rugissement des canons dans les oreilles, et aujourd’hui l’histoire enseigne que Mais d’où vient cette ingéniosité politique et au-dessus tout cela ? l’âme de Schuman, ou plutôt l’exercice des « vertus héroïques » pour lesquelles l’Église aujourd’hui, avec les Décrets approuvés par le Pape François, le reconnaît comme Vénérable ? Le futur père de l’Europe unie, né en 1886, avocat par de formation, est chrétien les manches retroussées. A tout juste 25 ans, il s’engage dans la plus misérable enfance, celle qui n’a personne et survit par des expédients. Willibrord Benzler, qui deviendra évêque de Metz, veut lui président de la fédération diocésaine des associations de jeunesse catholiques. Vient ensuite 1913, l’année du 60e Katholikentag, le Congrès des catholiques allemands, qui fut célébré à Metz cette année-là. Schuman s’implique dans l’organisation et en lui le rêve d’un Europe, fondée sur la solidarité et la garde d’une paix mondiale, devient un objectif de la carrière politique qui commence en 1919.

Entre les deux guerres, il s’occupe de l’intégration législative de l’Alsace et de la Lorraine après l’annexion à la France et dépense son énergie à défendre le Concordat avec le Saint-Siège et à défendre la justice sociale. Les années de la Seconde Guerre mondiale sont très dures – d’abord prisonnier de la Gestapo, puis la fuite et les années de clandestinité – puis de retour sur les bancs du parlement et du gouvernement français – ministre des Finances, Premier ministre, Affaires étrangères – mais toujours avec le style de serviteur des affaires publiques. Jusqu’au 25 mars 1957, date du traité de Rome avec le partenariat d’Adenauer et de De Gasperi et de l’élection par acclamation du premier président du nouveau Parlement européen. Derrière l’action de l’homme public se cache l’intériorité de l’homme qui vit les sacrements, qui se réfugie dans une abbaye chaque fois que cela est possible, réfléchissant sur la Parole sacrée avant de trouver la forme de ses paroles politiques”. Son héritage a été condensé par le Pape dans le Regina Caeli récité le 10 mai 2020, au lendemain du 70e anniversaire de la Déclaration Schuman. De là, rappelle François, vient “la longue période de stabilité et de paix dont nous bénéficions aujourd’hui”. De là l’exemple que peut inspirer “ceux qui ont des responsabilités dans l’Union européenne, appelés à faire face aux conséquences sociales et économiques causées par la pandémie dans un esprit de concorde et de collaboration”.