« En 2025, nous célébrerons également le 1700ème anniversaire du Premier Concile Œcuménique de Nicée. J’espère que la mémoire de cet événement très important pourra faire grandir chez tous les croyants en Christ Seigneur la volonté de témoigner ensemble de la foi et de l’aspiration à une plus grande communion. En particulier, je me réjouis que le Patriarcat Œcuménique et le Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens aient commencé à réfléchir à la manière de commémorer ensemble cet anniversaire ; et je remercie Sa Sainteté Bartholomée de m’avoir invité à le célébrer près du lieu où le Concile s’est réuni. C’est un voyage que je désire faire du fond du cœur ». C’est ce qu’a déclaré le Pape François, recevant au Vatican la délégation envoyée par Bartholomée à l’occasion de l’actuelle fête du Siège de Pierre. Le Pontife se prépare donc à un second voyage en Turquie après celui de 2014.
À cette occasion, François est revenu sur les dix ans de la rencontre au Vatican avec Bartholomée, Shimon Peres et Abu Mazen pour invoquer ensemble la paix au Moyen-Orient : « l’histoire actuelle – a-t-il dit – nous montre de manière tragique la nécessité et l’urgence de prier ensemble pour la paix, afin que cette guerre finisse, que les Chefs des Nations et les parties en conflit puissent retrouver la voie de la concorde et que tous se reconnaissent comme frères. Bien sûr, cette invocation de paix s’étend à tous les conflits en cours, en particulier à la guerre qui ravage l’Ukraine ».
« À une époque où tant d’hommes et de femmes sont prisonniers de la peur de l’avenir, nos Églises – a souligné François – ont la mission d’annoncer toujours, partout et à tous Jésus Christ ‘notre espérance’. C’est pourquoi, suivant une ancienne tradition de l’Église catholique, selon laquelle l’Évêque de Rome proclame un Jubilé tous les vingt-cinq ans, j’ai voulu annoncer pour l’année prochaine le Jubilé Ordinaire qui aura pour devise ‘Pèlerins d’espérance’. Je vous serai reconnaissant, vous et l’Église que vous représentez, de bien vouloir accompagner et soutenir par votre prière cette année de grâce, afin qu’elle porte des fruits spirituels abondants. Cela sera également très beau avec votre présence ».
Sur le rôle des églises pour favoriser la paix au Moyen-Orient et en Ukraine, le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Orientaux, a également parlé dans une belle interview à Antonella Palermo de Vatican News. Ancien nonce apostolique à Minsk et Londres, il est très critique envers l’Occident néocolonialiste qui attise les guerres en envoyant des armes pour ensuite se rembourser avec les dettes des pays pauvres en les dépouillant de leurs matières premières.
« Ça m’indigne – a confié le cardinal – la nature tribale des luttes internes et encore plus que toutes ces guerres soient le fruit de choix extérieurs aux pays, de puissances qui veulent exercer leur influence pour se partager le monde. On ne fait pas la guerre chez soi : on la fait chez les autres. Ce sont les plus faibles qui ne peuvent pas s’y opposer car, à leur tour, ils ont des divisions internes. Ensuite, quand ces terres seront exsangues, ce seront les peuples qui voudront venir les reconstruire. Mais d’ici là, cela empêche toute possibilité de trouver un accord. Aucun conflit n’échappe à cette logique de faire la guerre sur le territoire des autres. J’ai parlé avec un haut fonctionnaire politique du Moyen-Orient qui m’a dit : qui peut venir me parler d’Europe ou des États-Unis ? Seulement les services secrets qui ne craignent pas de perdre des votes car ils sont inconnus. Les politiciens ne viendront jamais car ils disent : si nous venons vous rencontrer, ils ne nous voteront pas. Si les grandes puissances voulaient s’entendre, demain il n’y aurait plus de guerres comme celles dont nous parlons, et même celles dont nous ne parlons pas. Il suffit de regarder le PIB des pays africains et de voir les richesses naturelles qu’ils ont. Où vont ces fonds ? Ils ont une dette internationale très élevée qu’ils ne pourront jamais payer. C’est une illusion de recevoir de l’argent d’eux tout en continuant à le demander et en appauvrissant les ressources de ces peuples. Voilà ce qu’est le néocolonialisme ».
« Les gens – a martelé Gugerotti – ne sont pas sauvés avec un journal télévisé à la place de l’homélie car ils voient déjà les tragédies à la télévision. Les gens ont besoin d’espoir et l’unique espoir est que le Christ est mort et ressuscité. C’est difficile à comprendre quand on appelle les prêtres à combattre en première ligne en laissant vacantes les communautés paroissiales. Qui peut donner à ces gens, de manière capillaire, un espoir de survie sinon la liturgie, les sacrements, la prière, le prêtre qui console, qui aide : en bref, l’amour de Dieu ? Comment peut-on penser qu’il soit plus utile de combattre que de gérer le moral des gens ? Mais pour le faire, il faut croire en Dieu. Et quand la foi est une sorte de vernis, alors on prend des décisions qui, convaincus de les prendre pour le bien du peuple, mettent en question la force de survie du peuple lui-même. L’instrumentalisation devient toujours une forte tentation du pouvoir d’avoir l’Église de son côté et de l’Église d’en tirer avantage. Et quand on demande à avoir l’Église de son côté, c’est qu’on se sent fragile ».
Sante Cavalleri