Le pape Léon XIV sur la place Saint-Pierre avec la papamobile, puis avec la croix pastorale de Paul VI. Vance, Mattarella et la putschiste Dina Boluarte au premier rang. Sur l’autel, la Vierge du Bon Conseil de Genazzano (S.C.)

Première sortie émouvante en papamobile pour Léon XIV parmi la foule de la place Saint-Pierre et de la via della Conciliazione : plus de 100 000 personnes (peut-être le double) avant la célébration que le nouveau Pontife présidera pour le début de son ministère, premier acte officiel après son élection le 8 mai. Visiblement ému, Prevost est allé jusqu’à la piazza Pia à bord de la jeep découverte, récemment embellie par deux fontaines.

De retour au Vatican par l’Arc des Cloches, le nouveau Pontife a ensuite rejoint la basilique vaticane et l’autel de la Confession pour descendre au tombeau de saint Pierre, appelé le Trophée, où l’attendaient le pallium et l’Anneau du Pêcheur. À ses côtés, les patriarches orientaux qui ont vénéré avec lui le premier pape.

En procession avec les cardinaux, le pape Prevost a ensuite fait son entrée sur le parvis où l’attendaient les 156 délégations officielles. Pour l’Italie, le président Mattarella, la Première ministre Meloni et les présidents de la Chambre et du Sénat. Pour les États-Unis, le vice-président Vance ; pour l’Ukraine, l’ancien président Zelensky (jamais reconfirmé par le Parlement) ; pour le Pérou, la putschiste Dina Boluarte.

À côté de l’autel, à la place de l’icône Salus Populi Romani, se trouvait l’image de la Vierge du Bon Conseil, provenant de Scutari en Albanie, mais conservée et vénérée au sanctuaire augustinien de Genazzano, où le nouveau pape a effectué sa première visite après l’élection.

Léon tenait dans ses mains la croix pastorale de Paul VI, œuvre du sculpteur varesin Felice Mina, ensuite utilisée par saint Jean-Paul II. Benoît XVI y a renoncé car elle était trop lourde pour lui. Une copie de cette croix est conservée au musée diocésain de Manille, à qui Paul VI l’avait offerte après l’attentat subi dans la capitale philippine en 1970.

Le vaticaniste Luigi Accattoli raconte que « le pape Montini fut le premier pape depuis des siècles à célébrer avec le peuple : avant lui, les papes — y compris Jean XXIII — assistaient aux célébrations sans les présider. Ils ne célébraient qu’en privé. Paul VI, qui signait les documents conciliaires avec le titre d’évêque de Rome, a voulu célébrer avec le peuple comme le font les évêques diocésains. Mais il ne savait pas quoi faire de ses mains car, en tant qu’archevêque de Milan, il utilisait une crosse pastorale, et les papes — l’ont averti les cérémoniaires — n’avaient jamais eu de crosse. La croix papale à trois bras était réservée à l’ouverture des portes saintes ou à la proclamation des dogmes. Il les a donc encouragés à lui proposer une croix pastorale, c’est-à-dire avec une hampe comme la crosse mais sans les trois bras. C’est ainsi qu’est née la croix à laquelle il se cramponnait tremblant dans les derniers temps, reprise ensuite par le pape Luciani, puis brandie par Jean-Paul II avec la fougue d’un missionnaire, et que Benoît XVI, tout comme Léon XIV aujourd’hui, tient avec une douce fermeté. »

Pendant la liturgie, après la proclamation de l’Évangile en latin et en grec, le pape a reçu le pallium des mains du cardinal-diacre (Zenari) et l’Anneau du Pêcheur du cardinal-évêque (Tagle). Il a ensuite reçu l’obéissance de trois autres cardinaux et de quelques fidèles, dont un couple marié.

Ainsi a commencé le 267e pontificat de l’Église catholique.

S.C.