Le Pape revient pour condamner ceux qui rejettent les migrants. “Celui qui construit des murs perd le sens de l’histoire. Les gouvernements de l’UE trouvent un accord”

“À propos de ces gens qui empêchent la migration ou qui ferment les frontières, je dirai ceci.. Maintenant, il est à la mode de faire des murs ou des barbelés ou même de la ficelle avec des accordéons (les Espagnols savent ce que cela signifie). Il est habituel de faire ces choses pour empêcher l’accès. La première chose que je dirais est: pensez à l’époque où vous étiez un migrant et où ils ne vous ont pas laissé entrer. C’est vous qui vouliez vous échapper de votre terre et maintenant vous voulez construire des murs. C’est bon pour vous. Parce que ceux qui construisent des murs perdent le sens de l’histoire, de leur propre histoire. Quand il était esclave d’un autre pays. Ceux qui construisent des murs ont cette expérience, au moins en grande partie ): celle d’avoir été esclaves. Vous pourriez me dire: mais les gouvernements ont le devoir de gouverner. Et si une telle vague de migrants arrive, elle ne peut pas être gouvernée”.

Lors de son vol de retraite depuis Athènes, le pape François a une nouvelle fois évoqué les migrants et le manque d’accueil dans les pays européens. Selon le Pape, “chaque gouvernement doit clairement dire ‘Je peux en recevoir beaucoup…’. Car les gouvernants savent combien il y a de migrants qu’ils sont capables d’accueillir. C’est leur droit. C’est vrai. Mais – a dit Bergoglio – les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si un gouvernement ne peut en accueillir plus qu’un certain nombre, il doit dialoguer avec les autres pays, chacun prenant soin des autres. C’est pourquoi l’Union européenne est importante. Parce qu’elle peut amener l’harmonie entre tous les gouvernements pour la répartition des migrants. Pensons à Chypre ou à la Grèce. Ou encore à Lampedusa, en Sicile. Les migrants arrivent et il n’y a pas d’harmonie entre tous les pays pour les envoyer ici, ou là, ou là. Cette harmonie générale manque. Je répète le dernier mot que j’ai dit : intégré. Intégré. Car si vous n’intégrez pas le migrant, ce migrant aura une citoyenneté de ghetto”.

A ce propos, le Pape a rappelé la tragédie de Zaventem, en Belgique. « Les garçons qui ont fait cette catastrophe à l’aéroport étaient des Belges, mais des enfants de migrants ghettoïsés, non intégrés. Si vous n’êtes pas un migrant, vous ne l’intégrez pas à l’éducation, au travail, aux soins, vous risquez d’avoir une guérilla, celle qui fait ensuite ces choses. Il n’est pas facile d’accueillir des migrants, de résoudre le problème des migrants, mais si nous ne résolvons pas le problème des migrants, nous risquons de détruire la civilisation, aujourd’hui, en Europe, dans l’état actuel des choses, notre civilisation. Pas seulement des naufragés en Méditerranée. Non, notre civilisation”.

La demande de François est donc que “les représentants des gouvernements européens se mettent d’accords”. “Pour moi – confiait-il à des journalistes – un modèle d’intégration, d’accueil à l’époque, c’était la Suède, qui accueillait les migrants latino-américains qui fuyaient les dictatures (chilien, argentin, brésilien, uruguayen) et les intégrait. Aujourd’hui, je suis allé dans un internat à Athènes. J’ai regardé. Et je l’ai dit au traducteur mais ici il y a une salade de fruits des cultures. Ils sont tous mélangés. J’ai utilisé une expression domestique. Il répondit: C’est l’avenir de la Grèce. L’intégration. Grandir dans l’intégration. C’est important”. “Mais – a-t-il ajouté – il y a un autre drame que je veux souligner. C’est quand les migrants, avant d’arriver, tombent entre les mains de trafiquants qui leur prennent tout l’argent qu’ils ont et les transportent sur des bateaux. Lorsqu’ils sont renvoyés, ces trafiquants les reprennent. Et il y a des films au Dicastère pour les migrants qui montrent ce qui se passe là où ils vont quand ils sont renvoyés, sur le chemin du retour. De même que nous ne pouvons pas seulement les accueillir, et les quitter mais nous devons les accompagner, les promouvoir intégralement ; donc si je renvoie un migrant je dois l’accompagner, le promouvoir et l’intégrer dans son pays; ne le laissez pas sur la côte libyenne. C’est de la cruauté. Si vous en voulez plus, demandez au service de l’immigration qui a cette vidéo. Il y a aussi un film ‘Open Arms’ qui montre cette réalité. Quelque chose qui fait mal. Mais nous risquons la civilisation. Nous risquons la civilisation”.