Le vaccin anti-covid ne doit pas être “donné en priorité aux riches” plaide le Pape François

Des Sud-Africains contaminés par le Covid-19 font la queue près de Pretoria pour recevoir de la nourriture, le 20 mai 2020.

 

 

“Nous devons concevoir le traitement du virus en privilégiant ceux qui en ont le plus besoin. Qu’il serait triste si, avec le vaccin pour le Covid-19, on donnait la priorité aux plus riches ! Si le vaccin devenait la propriété de l’une ou l’autre nation !” s’est exclamé François ce mercredi lors de l’audience générale, poursuivant sa catéchèse autour de la façon de réagir face aux conséquences de la pandémie.

“La pandémie est une crise, et d’une crise, on en sort meilleurs ou pires”, prévient le Saint-Père. Et d’ajouter : “Et quel scandale cela serait si toute l’aide économique que nous observons, dont la plus grande partie est issue de l’argent public, se concentrait sur le sauvetage des industries qui ne contribuent pas à l’inclusion des exclus, à la promotion des nécessiteux, au bien commun ou à la protection de la Création. Ce sont les quatre critères à retenir pour déterminer les industries à aider”.

Le Pape a ensuite mis en garde contre le risque de plus grandes injustices “si le virus s’intensifiait à nouveau dans un monde injuste pour les pauvres et les plus vulnérables”. Ainsi, il appelle : “nous devons changer ce monde, avec l’exemple de Jésus, médecin de l’amour divin intégral, c’est-à-dire de la guérison physique, sociale et spirituelle”.

Soigner le virus de l’injustice sociale

“Nous devons agir aujourd’hui pour guérir les épidémies provoquées par de petits virus invisibles et pour guérir celles provoquées par les grandes et invisibles injustices sociales”. Le Souverain pontife propose “que cela soit fait à partir de l’amour de Dieu, en plaçant les périphéries au centre et les derniers à la première place. À partir de cet amour, ancré à l’espérance et fondé dans la foi, un monde plus sain sera possible”.

Le Pape le reconnaît, “tous, nous sommes préoccupés par les conséquences sociales de la pandémie, beaucoup souhaitent un retour à la normalité et reprendre leurs activités économiques”. Certes, dit-il, pour autant, cette normalité “ne devrait pas inclure les injustices sociales et la dégradation de l’environnement”.

Aujourd’hui, insiste-t-il, “nous avons l’occasion de construire quelque chose de différent”, par exemple, “faire grandir une économie de développement intégrale des pauvres” et non un “assistanat” qui n’est pas suffisant. Ainsi, pour le Pape, “la pandémie a révélé les situations difficiles des pauvres et la grande inégalité qui règne dans le monde”. “Et le virus, s’il ne fait pas d’exception entre les personnes, a trouvé, sur son chemin dévastateur, de grandes inégalités et discriminations. Et il les a accrues !”.

La réponse à cette crise sanitaire est donc double, conclut François : d’un côté, “il est indispensable de trouver un traitement à ce virus petit mais terrible, qui met à genoux le monde entier”. D’un autre côté, “nous devons soigner un grand virus, celui de l’injustice sociale, de l’inégalité d’opportunités, de la marginalisation et du manque de protection des plus faibles”.