“La Constitution vous indique votre devoir, mais Noël vous montre quel est le moyen le plus authentique pour l’accomplir : renaître. Et la renaissance politique passe par la volonté de déposer les armes de la haine et de la calomnie, de mieux se connaître, de réussir à porter un regard différent, de tendre vers la création d’une communauté.” C’est ce qu’a affirmé le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la Conférence des Évêques italiens (Cei), face aux députés et sénateurs italiens dans son homélie lors de la messe de préparation de Noël.
“L’autorité de l’Institution parlementaire ne suffit pas à elle seule, s’il n’y pas la joie de partager entre vous la grande responsabilité dont vous êtes investis”, a ajouté le Cardinal. “Les règles sont importantes, mais ne suffisent pas: la clarté, la réflexion, la discussion, la cordialité et surtout, la conscience font beaucoup plus.”
Le Cardinal a invité à avoir “confiance et courage”, pour les “aider à regarder l’histoire du point de vue de ceux qui en souffre le plus”.
Être attentif à un monde en émoi
Selon le prélat, “tous ceux qui sont appelés à décider, gouverner, devraient se rappeler que, à l’extérieur de notre Parlement, de nos palais épiscopaux, de nos presbytères, le monde est en émoi. Cet émoi n’est pas une tragédie, mais quelque chose qui murmure, qui cherche à attirer notre attention. Et le bien de l’Italie réclame votre attention”.
“Ce que je peux vous souhaiter de mieux est donc d’éprouver en vous cet émoi du pays, que vous puissiez vraiment vivre ses inquiétudes et en chercher des remèdes. Il s’agit de faire votre possible avec passion et compétence, en sachant que reconstruire un tissu identitaire et communautaire ne s’improvise pas” a martelé le cardinal Bassetti. “Nous pouvons faire tout ce qui est possible, en reconnaissant qu’on peut être importants et déterminants même si on n’est pas omnipotents”.
“Vous êtes au service de la République en des temps difficiles, et souvent, vous êtes seuls. Si vous êtes, d’un côté, enviés, adulés, et recherchés de ceux qui espèrent obtenir quelques faveurs ou intérêts de votre part, d’un autre côté, vous être aussi souvent confronté à l’incompréhension, la méfiance, l’ingratitude, le mépris alimenté par des clichés qui mettent tout le monde dans le même sac”, a finalement souligné le Cardinal dans l’église bondée de politiques et de journalistes, à deux pas du Parlement dans le centre de Rome.
Répondre au manque de perspective
Mettant l’accent sur “le devoir difficile” des députés et sénateurs italiens, il a mis en évidence : “Tant de fatigues et de déceptions se déchargent sur vous, tant d’incertitudes et d’angoisses de notre peuple éprouvé par l’inquiétude de de l’avenir du modèle traditionnel de travail et de développement et, à un niveau encore plus profond, de la difficulté pour beaucoup de reconnaitre sa propre identité, l’appartenance à une famille et une communauté. La chute des naissances, le vieillissement démographique du pays et l’émigration mm de tant de jeunes à l’étranger en sont des signes”.
Le problème est le manque de perspectives, a remarqué le président de la Cei : “fatigués et opprimés, dirait l’Évangile aujourd’hui. La fatigue et l’oppression des gens qui ne se sentent pas soutenus, mais freinés par des poids insupportables, qui ne laissent pas de place au rêve, aux projets de vie de famille, professionnels, communautaires”.
Mais aujourd’hui, “l’incapacité de créer une relation aux autres s’ajoute souvent à l’absence de perspective : au fond, il s’agit des deux faces de la même pièce. Un regard qui louche sur la réalité rend surtout, voire uniquement, attentif et sensible à ses propres urgences individuelles qui deviennent alors le critère principal d’évaluation et d’action dans la sphère publique” a enfin dénoncé le cardinal Bassetti.