«Le pape François a véritablement partagé les angoisses, les souffrances et les espérances de notre temps de la mondialisation, et il s’est donné tout entier pour réconforter et encourager à travers un message capable de toucher le cœur des gens de manière directe et immédiate.» Le doyen du Collège cardinalice, Giovanni Battista Re, a ainsi résumé le trait le plus marquant du pontificat de François, en célébrant ses funérailles solennelles sur la place Saint-Pierre devant 200 000 fidèles et 170 délégations internationales, dont 50 conduites par des chefs d’État, comme Donald Trump.
Re a décrit François comme un pasteur «plein de chaleur humaine et profondément sensible aux drames contemporains. Son charisme d’accueil et d’écoute, associé à un comportement propre à la sensibilité d’aujourd’hui, a touché les cœurs, cherchant à réveiller les énergies morales et spirituelles».
«La primauté de l’évangélisation – a souligné le cardinal doyen dans sa magnifique homélie – a été le guide de son pontificat, diffusant, avec une empreinte missionnaire claire, la joie de l’Évangile, qui a été le titre de sa première exhortation apostolique Evangelii Gaudium. Une joie qui remplit de confiance et d’espérance le cœur de tous ceux qui se confient à Dieu.»
Selon Re, le «fil conducteur» du pontificat de François a aussi été «la conviction que l’Église est une maison pour tous ; une maison aux portes toujours ouvertes. Il a souvent eu recours à l’image de l’Église comme ‘hôpital de campagne’ après une bataille ayant fait de nombreux blessés ; une Église désireuse de s’occuper avec détermination des problèmes des personnes et des grandes détresses qui déchirent le monde contemporain ; une Église capable de se pencher sur chaque homme, au-delà de toute croyance ou condition, en soignant ses blessures».
«Innombrables – a rappelé le cardinal originaire de Brescia – sont ses gestes et ses exhortations en faveur des réfugiés et des déplacés. Son insistance à œuvrer pour les pauvres a également été constante.» Et d’ajouter avec force : «Il est significatif que le premier voyage du pape François ait été celui à Lampedusa, île symbole du drame de l’émigration avec des milliers de personnes noyées en mer. Dans la même ligne s’inscrivent également le voyage à Lesbos, aux côtés du Patriarche œcuménique et de l’archevêque d’Athènes, ainsi que la célébration d’une messe à la frontière entre le Mexique et les États-Unis lors de son voyage au Mexique.»
«Parmi ses 47 voyages apostoliques éprouvants, restera dans l’histoire – a ensuite observé Re – celui en Irak en 2021, accompli en bravant tous les risques. Cette difficile visite apostolique a été un baume pour les blessures ouvertes de la population irakienne, tant éprouvée par l’œuvre inhumaine de l’EI. Ce voyage a aussi été important pour le dialogue interreligieux, une autre dimension majeure de son action pastorale.» À ce sujet, le cardinal a aussi évoqué un autre fait historique très important : «En 2019, lors de son voyage aux Émirats arabes unis, le pape François a signé un document sur la “Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune”, rappelant la paternité commune de Dieu.»
Centrale fut également l’encyclique Laudato si’, adressée aux hommes et aux femmes du monde entier, dans laquelle, a expliqué le doyen, François «a attiré l’attention sur les devoirs et la coresponsabilité à l’égard de la maison commune». Tandis que «face à l’escalade des nombreuses guerres de ces dernières années, avec leurs horreurs inhumaines et leurs innombrables morts et destructions, le pape François a sans cesse élevé la voix pour implorer la paix et inviter à la raison, à une négociation honnête pour trouver des solutions possibles, car – disait-il – “la guerre, c’est seulement la mort des personnes, la destruction des maisons, des hôpitaux et des écoles. La guerre laisse toujours le monde pire qu’il ne l’était auparavant : elle est pour tous une défaite douloureuse et tragique”».
«Construire des ponts et non des murs – a répété Re – est une exhortation qu’il a souvent formulée, et son service de la foi en tant que successeur de l’apôtre Pierre a toujours été lié au service de l’homme dans toutes ses dimensions.»
Enfin, Re a rappelé que «le pape François avait l’habitude de conclure ses discours et ses rencontres par ces mots : “N’oubliez pas de prier pour moi.” Cher pape François – a-t-il conclu d’une voix émue – maintenant, c’est à toi que nous demandons de prier pour nous et de bénir depuis le ciel l’Église, bénir Rome, bénir le monde entier, comme tu l’as fait dimanche dernier depuis le balcon de cette basilique, dans une ultime étreinte avec tout le peuple de Dieu, mais aussi, symboliquement, avec toute l’humanité qui cherche la vérité avec un cœur sincère et tient haut le flambeau de l’espérance.»
Sante Cavalleri