Macron a payé l’écart en faveur de Zelensky, le président ukrainien ambigu qui n’aime pas les Français

Avec une ligne prudente face aux revendications de Kiev (qui veut plus d’armes et un accès immédiat à l’UE mais n’a rien à offrir en retour autre que l’approbation de Washington au nom de qui les Ukrainiens sont massacrés) et une tentative de garder une ligne directe pour dialoguer avec Poutine , il y a tout juste deux mois, Macron avait obtenu une brillante réélection. Mais après le voyage désastreux avec Draghi et Scholz pour embrasser la pantoufle du président douteux Zelensky, ce soir la douche froide d’une cuisante défaite est arrivée à l’Elysée. C’était prévisible: dans aucun pays européen les citoyens ne s’enthousiasment pour une guerre qui aurait pu être évitée en respectant les traités et le bon sens, et même si la France a moins besoin de gaz russe que nous et l’Allemagne, le cauchemar de la flambée des prix des énergies fossiles certainement ne les laisse pas indifférents. Et ils ont rejeté à l’expéditeur l’appel déconcertant et péremptoire du président ukrainien (un personnage ambigu que les Français n’aiment pas): “Les entreprises françaises doivent abandonner la Russie, Renault, Le roi Merlin, Auchan doivent immédiatement cesser de parrainer la machine de guerre et cesser financer ceux qui sont coupables de la mort de femmes et d’enfants, car les valeurs morales comptent plus que les profits”.

Si bien qu’avec près de 98% des sièges des votants (565 sur 577 au total), la coalition du président Emmanuel Macron, Ensemble !, a obtenu 236 sièges, les Nupes de Jean-Luc Mélenchon 130 sièges, le Rassemblement National de Le Pen 89 sièges, le Républicains 63 sièges, autres partis de gauche 13 sièges, autres partis de droite 9 sièges, partis centraux 4 sièges, extrême droite 2 sièges, régionaliste 6 sièges.

Macron perd donc sa majorité absolue deux mois seulement après sa réélection à l’Elysée, voyant la réalisation de l’agenda présidentiel se compliquer ; boom pour Jean-Luc Mélenchon à la tête de la première force d’opposition au Parlement, tandis que Marine Le Pen récolte un nombre record de sièges pour sa formation d’extrême droite. “Cette situation constitue un risque pour notre pays au regard des défis auxquels nous sommes confrontés, tant sur le plan national qu’international”, a déclaré la Première ministre Élisabeth Borne en fin de soirée. “Nous travaillerons dès demain pour construire une majorité d’action” et “il faudra construire de bons compromis”, a-t-il ajouté. C’est un séisme politique qui remodèle le visage de l’Assemblée nationale.

Macron avait demandé une majorité “forte et claire”, agitant aussi le spectre de l’instabilité avant de partir pour Kiev, mais ce n’était pas le cas. Selon les projections, la coalition Ensemble réunie autour de lui (qui regroupe LREM, Modem, Horizons et Agir) s’arrête à une fourchette entre 205 et 235 sièges. Un résultat bien loin du seuil de la majorité absolue de 289 députés (ses 577 sièges) qui aurait donné au président une plus grande sérénité pour pouvoir tenir ses promesses électorales (de l’augmentation controversée de l’âge de la retraite de 62 à 65 années aux mesures contre l’augmentation du coût de la vie). Le gouvernement aura besoin de chiffres, en effet, par la bouche du porte-parole, il s’apprête à tendre la main à quiconque veut « faire avancer le pays ». Mais le parti de droite Les Républicains (LR) a fait savoir qu’il entendait rester dans l’opposition : « Nous avons probablement plus de 60 députés. C’est une cuisante défaite pour Emmanuel Macron », a déclaré le président LR Christian Jacob.

Mélenchon, qui a terminé troisième de la présidentielle, est parvenu à faire de la coalition de la gauche Nupes (qui comprend La France Insoumise, écologistes, communistes et socialistes) le premier groupe d’opposition, obtenant entre 170 et 190 sièges. “La défaite” de Macron “est totale”, a tonné le chef de file de la gauche radicale, qui ne cesse d’espérer pouvoir gouverner. Marine Le Pen, battue à la présidentielle seulement d’avril, semble être la vraie gagnante de ces législations : son Rassemblement national (RN) passe de ne pas avoir assez de sièges pour former son propre groupe parlementaire à l’obtention d’un record de députés. Selon les projections, entre 75 et 95 députés de sa formation seraient élus, un nombre qui, s’il était confirmé, dépasserait les 35 députés de l’alors Front National élus en 1986 (puis à la proportionnelle). “Ce groupe sera de loin le plus important de l’histoire de notre famille politique”, a commenté Le Pen, promettant qu’il incarnera “une opposition ferme mais “responsable”.