Migrants. “La solution n’est pas de rejeter”, prévient le pape à Marseille. “L’intégration est laborieuse, mais tournée vers l’avenir”. “Les nouvelles générations nous le reprocheront”

“L’histoire nous met au défi d’un sursaut de conscience pour éviter un naufrage de la civilisation. Il y a un cri de douleur qui résonne le plus et qui transforme la mare nostrum en mare mortuum, la Méditerranée du berceau de la civilisation à la tombe de la dignité. C’est le cri étouffé des frères et sœurs migrants”. Des paroles graves prononcées par le pape François à l’issue des “Rencontres méditerranéennes” au Palais du Pharo à Marseille, où il a expliqué que “l’avenir ne sera pas dans la fermeture, qui est un retour au passé, un renversement du chemin de l’histoire”. “Il y a un cri de douleur qui résonne surtout et qui transforme Mare Nostrum en Mare Mortuum, la Méditerranée de berceau de civilisation en tombeau de dignité. C’est le cri étouffé de nos frères et sœurs migrants…”, a déclaré le souverain pontife, qui a exprimé en privé sa consternation face à ce qui arrive aux “pauvres” qui se tournent vers l’Europe avec espoir (et désespoir) : réfugiés, personnes déplacées, migrants, mais aussi personnes âgées seules, familles effrayées, enfants à naître, et qui se sentent submergés par les “campagnes alarmistes”, les “rhétoriques fondamentalistes” et les “nationalismes archaïques et belliqueux qui veulent flétrir le rêve de la communauté des nations”

“Contre le terrible fléau de l’exploitation humaine, la solution n’est pas de rejeter, mais d’assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable du continent européen, dans le cadre d’une coopération avec les pays d’origine”, a expliqué François, selon qui “en dire assez”, comme le prétendent certains dirigeants dont la première ministre italienne Giorgia Meloni et toutes les droites qui la soutiennent, “c’est fermer les yeux”. Tenter de se sauver maintenant”, a averti François, “se transformera en tragédie demain, lorsque les générations futures nous remercieront si nous avons su créer les conditions d’une intégration inévitable, tandis qu’elles nous blâmeront si nous n’avons fait que favoriser une assimilation stérile”.

“Combien de personnes vivent dans la violence et souffrent de situations d’injustice et de persécution !” s’est exclamé le Pape qui, dans son discours au Palais du Pharo à Marseille, a également mentionné les “nombreux chrétiens, souvent contraints de quitter leurs terres ou de les habiter sans voir leurs droits reconnus, sans jouir d’une pleine citoyenneté”.

“S’il vous plaît, engageons-nous pour que tous ceux qui font partie de la société puissent en devenir les citoyens à part entière”, a-t-il demandé, rappelant que “Marseille a un grand port et est une grande porte, qui ne peut être fermée”, l’avertissement du Pape : “Plusieurs ports de la Méditerranée, cependant, se sont fermés. Et deux mots ont résonné, alimentant les peurs des gens : invasion et urgence. Mais ceux qui risquent leur vie en mer n’envahit pas, cherche l’accueil, cherche la vie”.

“L’intégration est laborieuse, mais tournée vers l’avenir”, a-t-il noté. “Elle prépare l’avenir qui, qu’on le veuille ou non, sera ensemble ou non ; l’assimilation, qui ne tient pas compte des différences et reste figée dans ses propres paradigmes, fait au contraire prévaloir l’idée sur la réalité et compromet l’avenir, en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, qui fait flamber l’hostilité et l’intolérance. Nous avons besoin de fraternité comme de pain. Nous ne nous maintiendrons qu’en nourrissant d’espérance les plus faibles, en les accueillant comme des frères”, a proclamé le pape.

“Laissons-nous toucher par l’histoire de tant de nos frères et sœurs en difficulté, qui ont le droit d’émigrer et de ne pas émigrer, et ne nous enfermons pas dans l’indifférence. “Nous chrétiens, a conclu François, ne pouvons accepter que les chemins de la rencontre soient fermés, que la vérité de l’argent divin l’emporte sur la dignité humaine, que la vie se transforme en mort !

Sante Cavalleri