Vendredi 4 mars, le quartier « Kara » du camp de réfugiés de la ville de Diffa au Niger a été détruit par un incendie. Issoufou Adamou, directeur adjoint du centre d’incendie et de secours de Diffa, indique qu’« il y a eu beaucoup de dégâts, ce qui est regrettable car nous avons eu 4 corps calcinés dont 1 homme et 3 filles âgés de 2 à 20 ans et 5 blessés dont 4 hommes et une fille qui sont soignés immédiatement à l’hôpital régional de Diffa”.
“La cause de l’incendie reste indéterminée”, a déclaré Adamou mais l’incendie s’est déclaré alors que tout le monde est parti pour la prière du vendredi, l’endroit était dans un état critique avant que le feu des pompiers n’arrive. Le rapport montre que les maisons touchées par l’incendie sont des huttes de réfugiés. 113 cases incendiées, 644 familles sinistrées, 13 tôleries et paillotes.
Issoufou Adamou déplore que “les biens perdus dans cet incendie sont des pièces détachées d’une valeur de 500 000 nairas, une somme en numéraire de 2 600 000 nairas et 230 000 francs CFA, 4 sacs de 50 kg de mil, 30 caisses d’huile, 8 bonbonnes de gaz, trois petits ruminants et une mosquée incendiée.”
En raison de la crise provoquée par Boko Haram en 2015, la région peu peuplée de Diffa abrite plus de 265 000 personnes déplacées et réfugiées, principalement du Nigeria et du Tchad. Le camp est géré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés : le HCR avec le soutien financier du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique.
La récente note d’éloges à l’UNHCR de l’UE concernant le camp de Diffa semble sarcastique. « La relation dynamique entre le HCR et le gouvernement permet de mettre en œuvre des solutions innovantes pour les réfugiés au Niger, en plus de la protection et de l’assistance. Avec le soutien du fonds fiduciaire de l’UE, le HCR est en mesure de mettre en œuvre son approche alternative au camp de réfugiés nigérians dans la région de Diffa”.
L’incendie, dont l’origine fait l’objet d’enquêtes par les autorités locales, devait se produire tôt ou tard puisque le camp est une agglomération de paillotes et de baraques en tôle. Des maisons certainement pas adaptées aux réfugiés qui ont échappé à la mort infligée par les terroristes islamistes de Boko Haram.
Ce n’est pas la première fois que des tragédies similaires se produisent dans des camps de réfugiés gérés par le HCR. Par sa définition, chaque camp de réfugiés est une horreur et une insulte à la dignité humaine. Fondés en Afrique au début des années 90, les camps de réfugiés ont subi une dégradation progressive des infrastructures et de l’aide humanitaire pour une raison simple. Le HCR les gère pas directement mais par le biais de contrats de sous-traitance avec des ONG internationales pour économiser de l’argent. Des ONG qui n’ont pas le même bagage technique que l’agence onusienne.
Le HCR est également accusé de diverses négligences, voire de crimes contre les réfugiés. Il s’agit notamment d’autoriser le recrutement effectué par des terroristes ou des groupes armés dans les camps de réfugiés ou la violence contre les réfugiés par leurs gouvernements en quête de vengeance.
Le recrutement au sein des camps de réfugiés africains a commencé en 1994 lorsque, au Zaïre (aujourd’hui la République Démocratique du Congo), le HCR a autorisé les camps de l’est du pays de Goma et de Bukavu qui abritaient des réfugiés rwandais ayant survécu au génocide à être gérés par des forces génocidaires qui ont fui le Rwanda avec la protection des soldats français après avoir massacré 1 million de personnes, principalement des Tutsis. Le recrutement dans les camps de réfugiés s’est ensuite poursuivi dans divers autres pays sans que le HCR ne trouve les solutions adéquates pour l’empêcher.
En Tanzanie, les camps de réfugiés burundais du HCR font depuis des années l’objet d’opérations militaires punitives menées par la police politique et la milice paramilitaire Imbonerakure de la junte militaire. En collaboration avec la police tanzanienne, ils pénètrent dans des camps de réfugiés pour arrêter des opposants politiques. Arrêter est évidemment un euphémisme, car ces opposants disparaissent littéralement…
Il y a plusieurs histoires expliquées par des humanitaires dégoûtés, de harcèlement, de corruption, d’abus de pouvoir, de promotion de la prostitution et de trafics illicites perpétués dans les camps de réfugiés, parfois même par les agents du HCR eux-mêmes qui, pendant des décennies, ont forcé des milliers d’êtres humains à vivre dans des conditions inadaptées et indignes en demandant annuellement des fonds pour leur “protection”.
Pourtant, toutes les négligences et, dans certains cas, les crimes commis par le HCR restent impunis et les gouvernements occidentaux continuent de payer leur dû à cette agence de l’ONU qui sous-loue ensuite l’assistance aux réfugiés à n’importe quelle ONG. Un chiffre d’affaires milliardaire qui a transformé la souffrance humaine en source de revenus.
Il est temps de réfléchir sérieusement à la situation des camps de réfugiés, de trouver des solutions respectueuses de la dignité humaine en trouvant des systèmes d’assistance en dehors du HCR, un une agence qui a depuis longtemps failli à son mandat de “protection” mais protégée par l’immunité internationale.
Fulvio Beltrami