« Aucune paix n’est possible sans un véritable désarmement ! Le besoin qu’ont les peuples d’assurer leur propre défense ne peut se transformer en une course générale au réarmement. La lumière de Pâques nous pousse à abattre les barrières qui créent des divisions et entraînent de lourdes conséquences politiques et économiques. Elle nous pousse à prendre soin les uns des autres, à accroître la solidarité mutuelle, à œuvrer pour favoriser le développement intégral de chaque être humain. » C’est le passage politiquement le plus fort du message de Pâques du pape François, qui a rejeté sans détour la voie du Rearm Europe empruntée par l’Union européenne sous l’impulsion de l’OTAN. Il a également été très sévère à propos des bombardements sur Gaza, un traitement que François a qualifié d’« ignoble ».
Le texte – riche en références explicites aux parties belligérantes, en particulier à Israël qui est en train d’anéantir Gaza, à la Russie et à l’Ukraine ainsi qu’aux militaires du Myanmar – s’est ouvert sur un rappel à la « liberté religieuse, de pensée et d’expression et au respect des opinions d’autrui », sans lesquelles « aucune paix n’est possible ».
À 12 h 02, François est apparu à la Loggia des Bénédictions, la même d’où, le 13 mars 2013, son élection avait été annoncée et où il s’était adressé pour la première fois à l’humanité tout entière. C’est le Maître des cérémonies, Mgr Diego Ravelli, qui a lu le Message, tandis que le cardinal protodiacre Dominique Mamberti a prononcé la formule des indulgences. Aux côtés du Pape se trouvait également le camerlingue, le cardinal Farrell, au moment où François, d’une voix fatiguée, a donné sa bénédiction à Rome et au monde. Peu avant, « le Pape a eu une brève rencontre privée avec le vice-président des États-Unis d’Amérique, James David Vance. La rencontre, qui a duré quelques minutes, a permis un échange de vœux en ce jour de Pâques ». Après la bénédiction, le Pape a ensuite effectué un tour en papamobile parmi la foule.
Auparavant, le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre émérite de la basilique Saint-Pierre et vicaire général émérite pour la Cité du Vatican, avait célébré, par délégation du pape François, la messe du dimanche de Pâques sur la place Saint-Pierre.
Avec plus de 35 000 personnes, la place Saint-Pierre resplendissait du message fort de joie et de paix.
Les chants en différentes langues caressaient l’âme.
« Si l’amour a vaincu la haine et la lumière a vaincu les ténèbres, la vérité a vaincu le mensonge et le pardon a vaincu la vengeance. » François a souligné que « le mal n’a pas disparu de notre histoire, il y restera jusqu’à la fin, mais il n’a plus de domination, il n’a plus de pouvoir sur ceux qui accueillent la grâce de ce jour ».
Ceux qui espèrent en Dieu mettent leurs mains fragiles dans la sienne, grande et forte, se laissent relever et se mettent en marche : avec Jésus ressuscité, ils deviennent pèlerins de l’espérance, témoins de la victoire de l’Amour, de la “puissance désarmée” de la Vie.
En une époque tragique pour l’humanité, la violence s’est répandue entre les peuples et l’on en voit souvent aussi dans les familles, à l’égard des femmes ou des enfants. On nourrit parfois du mépris envers les plus faibles, les marginalisés, les migrants.
Le Pape a poursuivi : « En ce jour, je voudrais que nous retrouvions l’espérance et la confiance dans les autres, même dans ceux qui ne nous sont pas proches ou viennent de terres lointaines, avec des usages, des modes de vie, des idées, des coutumes différents des nôtres, car nous sommes tous enfants de Dieu ! Je voudrais que nous retrouvions l’espérance que la paix est possible ! »
Du Saint-Sépulcre, Église de la Résurrection, où cette année Pâques est célébrée le même jour par les catholiques et les orthodoxes, que la lumière de la paix rayonne sur toute la Terre Sainte et sur le monde entier. Je suis proche des souffrances des chrétiens en Palestine et en Israël, ainsi que de tout le peuple israélien et de tout le peuple palestinien. M’inquiète le climat croissant d’antisémitisme qui se répand dans le monde entier.
François lance « un appel aux parties belligérantes : qu’un cessez-le-feu soit proclamé, que les otages soient libérés et que l’on vienne en aide aux populations, qui ont faim et aspirent à un avenir de paix ! »
Prions pour les communautés chrétiennes au Liban et en Syrie qui, alors que ce dernier pays traverse une étape délicate de son histoire, aspirent à la stabilité et à la participation aux destinées de leurs nations respectives. J’exhorte toute l’Église à accompagner avec attention et prière les chrétiens du bien-aimé Moyen-Orient.
Une pensée particulière va aussi au peuple du Yémen, qui vit l’une des pires crises humanitaires « prolongées » du monde à cause de la guerre, et j’invite tous à rechercher des solutions par un dialogue constructif.
Le Pape a aussi évoqué le Caucase du Sud et a exhorté « à prier pour qu’un accord de paix définitif entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan soit bientôt signé et appliqué, afin qu’advienne la réconciliation tant désirée dans la région ».
Aucune partie du monde n’est oubliée : « Que la lumière de Pâques inspire des intentions de concorde dans les Balkans occidentaux et soutienne les acteurs politiques dans leurs efforts pour éviter l’aggravation des tensions et des crises, ainsi que les partenaires de la région dans leur refus de comportements dangereux et déstabilisateurs.
Le Christ ressuscité, notre espérance, accorde paix et réconfort aux peuples africains victimes de violences et de conflits, surtout en République démocratique du Congo, au Soudan et au Soudan du Sud, et soutienne ceux qui souffrent à cause des tensions dans le Sahel, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, ainsi que les chrétiens qui, en de nombreux endroits, ne peuvent pas professer librement leur foi.
Un message d’espérance a été adressé à tout le Myanmar et au Sud-Est asiatique, frappés par le récent et terrible séisme. « En ce temps, que notre aide ne manque pas au peuple birman, déjà tourmenté par des années de conflit armé, qui affronte avec courage et patience les conséquences du tremblement de terre dévastateur à Sagaing, cause de la mort de milliers de personnes et de souffrances pour de nombreux survivants, parmi lesquels des orphelins et des personnes âgées. Prions pour les victimes et leurs proches, et remercions de tout cœur les généreux volontaires engagés dans les opérations de secours. »
L’annonce du cessez-le-feu par les différents acteurs du pays est un signe d’espoir pour l’ensemble du Myanmar ».
Comme toujours, le pape François a offert une vision « catholique » au monde entier.
Carlo Marino