La nouvelle que le 29 novembre à Kishishe, à l’est de la République Démocratique du Congo, un massacre aurait eu lieu qui aurait causé la mort de 141 civils selon les données fournies par le gouvernement de Kinshasa, adoptées par les Nations unies s’est avérée être de fausses nouvelles.
L’intention était de rejeter la responsabilité du massacre sur les soldats du mouvement militaro-politique M23 qui a repris les hostilités depuis août dernier, conquérant de vastes territoires dans la province du Nord-Kivu, menaçant même la capitale, Goma.
Le journaliste et caméraman Marc Hoogsteyns, originaire de Liburg, aux Pays-Bas, qui a vécu et travaillé à Kigali, au Rwanda pendant environ 25 ans, est allé enquêter sur le lieu du massacre, découvrant une réalité différente de celle décrite par les autorités congolaises. Avant d’atteindre Kishishe, il s’est rendu à Bwiza et Ktchanga où il a rencontré une communauté tutsi congolaise.
Les personnes qu’il a interrogées ont dénoncé le groupe terroriste rwandais Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FLDR) de menacer la communauté. Les témoignages recueillis ont été ignorés par la police et l’armée congolaise car les terroristes FDLR combattent le M23 aux côtés des forces armées congolaises, venant dans divers cas être intégrés dans l’armée régulière comme cela s’est produit pour les milices néo-nazies en Ukraine.
Une fois à Kishihe, Marc Hoogsteyns a rencontré des officiers du M23 qui contrôlent toujours la zone. Les unités du M23 ont récemment été rejointes par des miliciens congolais du Sud-Kivu, appartenant à l’ethnie tutsi Banyamulenge depuis des années décimée par l’armée congolaise et les terroristes des FDLR, des miliciens appartenant à l’ethnie Bagogwe (également tutsi) qui vivent à la frontière entre et miliciens rwandais et tutsi du Burundi voisin.
Ces officiers ont expliqué que les combats contre les soldats congolais soutenus par les terroristes des FDLR et les miliciens congolais des gangs armés Nyatyra et Maï Maï avaient commencé le 21 novembre. Il y a eu des victimes civiles lors des affrontements. Pas plus de 20 selon les rapports des officiers du M23. Après les affrontements, de nombreux civils ont fui vers la ville de Rwindi, dans le parc des Virunga. Des civils interrogés par le journaliste néerlandais ont dénoncé les officiers des FDLR et de l’armée congolaise pour forcer la population locale à travailler pour renforcer le commerce du charbon, théoriquement interdit car il détruit les arbres du Parc. Les civils ont également déclaré qu’ils n’avaient aucune information selon laquelle 141 de leurs concitoyens auraient été tués à Kishishe le 29 novembre.
Les témoins ont également fourni un autre élément important. Les Casques bleus de la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Congo, la MONUSCO, n’étaient jamais présents dans la région avant et après le massacre présumé. Pendant des années, le contingent de casques bleus affecté à la zone (principalement des soldats pakistanais, paraguayens et kenyans) est resté confiné dans sa base près de Rwindi. Ils n’auraient procédé à aucune inspection du lieu où s’est produit le massacre présumé, se contentant d’enregistrer les témoignages de présumés rescapés qui, selon la population locale, sont des Hutu rwandais partisans des FDLR qui n’habitent pas la zone. Ces témoins ont d’abord parlé de 300 morts, accusant le M23. Le nombre a été réduit de plus de moitié par les autorités congolaises, peut-être pour le rendre plus crédible.
Les enquêtes et témoignages recueillis ont conduit le journaliste néerlandais Marc Hoogsteyns à affirmer que le gouvernement de Kinshasa, partant de 20 civils tués lors des affrontements qui ont eu lieu entre le 21 et le 29 novembre, a créé de toutes pièces le massacre de 141 civils, se basant sur les témoignages de Hutus rwandais partisans des terroristes FDLR.
Bref, une opération à l’usage des médias occidentaux, conçue par le gouvernement congolais dans l’espoir d’obtenir le même soutien et soutien que l’Ukraine reçoit pour pouvoir vaincre le mouvement militaro-politique M23 dans l’est du pays . Un soutien que jusqu’à présent la communauté internationale n’a pas accordé, ayant de sérieux doutes sur le travail des forces armées congolaises et l’honnêteté d’un des gouvernements considérés parmi les plus inefficaces et corrompus du continent africain.
Fulvio Beltrami