Dans la messe de Noël, le pape François cite Romero: “L’Église soutient ceux qui s’engagent à transformer les structures de l’injustice” (S.C.)

“L’Église soutient et bénit les efforts pour transformer les structures de l’injustice et pose une seule condition: que les transformations sociales, économiques et politiques se traduisent par un bénéfice authentique pour les pauvres”. Ces paroles interpellantes de l’évêque symbole de l’Amérique latine, San Oscar Arnulfo Romero, martyr assassiné à Salvador par les “escadrons de la mort” à la solde de l’oligarchie locale liée à Washington, ont été articulés par le pape François dans l’homélie de la messe de Noël célébrée dans la basilique de San Pedro remplie de 7 000 fidèles alors que celle 3 000 autres personnes ont assisté au rite depuis les écrans géants placés à l’extérieur, dans l’atrium de l’église. “Nous sommes appelés – a expliqué Bergoglio – à être une Église qui adore Jésus pauvre et sert Jésus dans les pauvres.

Bien sûr, non est facile de partir la chaleur chaleureuse de la mondanité pour embrasser la beauté nue de la grotte de Bethléem, mais rappelons-nous que ce n’est vraiment pas Noël sans les pauvres. n eux nous fêtons Noël, mais pas celui de Jésus Frères, sœurs, à Noël Dieu est pauvre: que la charité renaisse”. “Après deux millénaires depuis la naissance de Jésus, après de nombreux Noëls célébrés avec des décorations et des cadeaux, après tant de consommation qui a entraîné le mystère que nous célébrons, il y a un risque: nous savons beaucoup de choses sur Noël, mais nous oublions sa signification.

Et surtout, où aller le chercher?”, a demandé le Pape dans son homélie, s’attardant sur la “crèche”, car “pour retrouver le sens de Noël, il faut y chercher”: “C’est le signe, non accidentel, avec lequel le Christ entre sur la scène du monde. C’est le manifeste avec lequel il se présente, la manière dont Dieu naît dans l’histoire pour faire renaître l’histoire”. La mangeoire, a expliqué le pape, “sert à rapprocher la nourriture de la bouche et à la consommer plus rapidement”.

“Il peut ainsi symboliser un aspect de l’humanité: la voracité à consommer. Car, tandis que les animaux de l’étable consomment de la nourriture, les hommes du monde, avides de pouvoir et d’argent, consomment aussi leurs voisins, leurs frères. Combien de guerres ! Et dans combien d’endroits, aujourd’hui encore, la dignité et la liberté sont bafouées ! Et les principales victimes de la voracité humaine sont toujours les frêles, les faibles”.

Même ce Noël, a poursuivi le Saint-Père, “une humanité insatiable d’argent, de pouvoir et de plaisir ne fait pas de place, comme elle l’était pour Jésus, pour les plus petits, pour tant d’enfants à naître, pauvres, oubliés. Je pense surtout – confiait François – aux enfants dévorés par les guerres, la misère et l’injustice. Mais Jésus vient juste là, un enfant dans la crèche du gaspillage et du rejet. En lui, enfant de Bethléem, il y a tout enfant. Et il y a une invitation à regarder la vie, la politique et l’histoire à travers les yeux des enfants”.

“La première personne, la première richesse – a articulé le Pontife – c’est Jésus. Mais voulons-nous être à ses côtés ? Est-ce que nous nous rapprochons de lui, est-ce que nous aimons sa pauvreté ? Ou préférons-nous rester à l’aise dans nos intérêts? Surtout, le visitons-nous là où il est, c’est-à-dire dans les pauvres crèches de notre monde? Là, Il est présent”.

En effet, l’Enfant Jésus n’avait autour de lui que ceux qui l’aimaient: Marie, Joseph et quelques bergers; tous les pauvres, unis par l’affection et l’émerveillement, non par la richesse et les grandes possibilités. La pauvre mangeoire fait donc ressortir les vraies richesses de la vie : non pas l’argent et le pouvoir, mais les relations et les personnes”.

Sante Cavalleri