RDC. Kinshasa ne respecte pas le cessez-le-feu. Goma encerclé. Le M23 précise qu’il n’a pas participé au sommet de Luanda

Une réunion d’urgence s’est tenue à Luanda mercredi 23 novembre sur le conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo qui a débuté en août septembre quand le mouvement politique militaire congolais M23 a conquis de vastes territoires du Nord-Kivu atteignant moins de 30 kilomètres de la capitale régionale : Goma.

Le M23, auteur d’une rébellion en 2012, a repris les hostilités face au non-respect par le gouvernement de Kinshasa des accords de paix de 2013 et à l’épuration ethnique dont est victime la minorité congolaise tutsi à l’est du pays, emporté par le groupe terroriste rwandais Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FLDR) avec le consentement tacite de l’armée congolaise (FARDC) et du gouvernement de Kinshasa.

La reprise de la lutte armée du M23 coïncide avec l’échec du président congolais Félix Tshisekedi à libérer les provinces orientales des nombreux gangs armés congolais et étrangers qui contrôlent d’importants gisements miniers et sont responsables de crimes atroces contre la population civile. En mai 2021, Tshisekedi a imposé l’état d’urgence à la province du Nord-Kivu, remplaçant les autorités civiles par des autorités militaires. Les actions prévues de l’armée congolaise contre les gangs armés, après quelques succès superficiels, prennent fin juste au moment où l’action policière contre les terroristes rwandais des FDLR devait se démarrer.

Les FDLR sont une véritable puissance politique économique et militaire qui a bénéficié pendant plus de 15 ans de la protection de Kinshasa sur la base d’un pacte politique signé avec l’ancien dictateur Joseph Kabila qui comprenait également une association criminelle pour la gestion illégale des richesses minières des provinces est du pays. Les revenus du commerce illégal de minerais ont été progressivement investis par les FDLR dans le tissu économique du Sud et du Nord-Kivu, créant les bases d’une domination de l’économie et augmentant l’influence politique régionale.

En agissant habilement sur le psychisme de la population congolaise, les FDLR ont créé un climat de haine envers le Rwanda qui au fil du temps est devenu une véritable menace pour la survie de la minorité tutsie congolaise. Ce climat de haine était supporté par la plupart des militants de la société civile du Kivu qui ont été les artisans des violences récentes contre la mission de maintien de la paix de l’ONU : la MONUSCO et des tensions entre la RDC et le Rwanda. L’échec des opérations militaires contre les FDLR ordonnées par le président congolais est dû à une alliance entre l’état-major de l’armée et les terroristes rwandais.

Le sommet de Luanda, convoqué dans le cadre des initiatives diplomatiques continentales visant à ramener la paix dans les territoires déchirés de l’Est du Congo, s’est conclu par une résolution qui prévoit un cessez-le-feu à commencer le vendredi 25 novembre à 18h00 heure locale (17h00 GMT ), suivi deux jours plus tard par le retrait du M23 des zones «occupées» pour s’installer sur ses positions initiales au Nord-Kivu à la frontière avec l’Ouganda. En cas de refus, une force régionale ouest-africaine serait déployée au Nord-Kivu et autorisée à recourir à la force pour combattre et vaincre le M23. La réunion de Luanda a réuni le président de l’Angola, João Lourenço, le président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, Félix Antoine Tshisekedi de la République démocratique du Congo, le ministre rwandais des Affaires étrangères, le Dr Vincent Biruta et Uhuru Kenyatta.

Le mouvement politico-militaire congolais M23 a accepté de respecter la demande de cessez-le-feu mais quant aux décisions prises au sommet de Luanda, il a déclaré qu’elles ne le concernaient pas car il n’était pas présent car il n’était pas invité. Par conséquent, le mouvement n’envisage pas de se retirer des positions conquises, où, par ailleurs, il s’occupe de sécuriser les populations menacées par les groupes armés. Quant à l’embuscade présumée dans laquelle le M23 aurait perdu une dizaine de ses soldats, il s’agit d’une attaque communicationnelle du Service d’Information des Forces Armées de la RDC à travers le pool de journalistes sous son contrôle. Aucun membre du M23 n’a jamais fait de déclaration sur le sommet de Luanda et les décisions prises.

Fulvio Beltrami