RDC. Le Burundi officialise sa présence militaire aux côtés des terroristes rwandais des FDLR (Fulvio Beltrami)

Depuis juin 2022, un plan subversif est mis en œuvre dans les provinces orientales de la République Démocratique du Congo pour renforcer le contrôle du territoire du groupe terroriste rwandais Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et leur influence politique et militaire dans la Région des Grands Lacs.

Manifestations violentes de jeunes chômeurs congolais contre le Rwanda voisin, accusé de tous les maux qu’a traversé le Congo depuis l’indépendance de la Belgique jusqu’à nos jours. Tentatives de lynchage de citoyens congolais civils et militaires d’origine tutsie. Attaque des bases militaires du contingent de maintien de la paix de l’ONU : la MONUSCO. Les dernières violences dans l’ordre chronologique sont l’attaque de la prison de la ville de Butembo avec l’évasion de 800 criminels le 10 août et la fusillade entre terroristes FDLR et policiers lors d’une manifestation organisée le 12 août également à Butembo.

Le plan subversif est organisé par une triade de pouvoir incarnée par les terroristes FDLR, le Clan des Mobutistes (anciens dirigeants à l’époque du dictateur Mobutu Sese Seko), et par l’Etat-Major de l’armée congolaise : les FARDC. L’organisation pratique des manifestations, la propagande délirante et xénophobe sur les réseaux sociaux et l’incitation de la population à perpétuer la violence sont confiées aux secteurs les plus obscurs et irrationnels de la société civile congolaise : l’association des jeunes LUCHA, le mouvement ethnique banande Vèranda Mutsanga auquel s’est joint le prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu.

En se joignant à la cause, le Dr Mukwege a trouvé l’occasion d’exprimer sa haine ethnique profonde contre les Tutsis et le Rwanda mal dissimulée derrière son engagement humanitaire depuis des décennies. Le docteur Mukwege, devenu internationalement célèbre pour soigner gratuitement les femmes victimes de viols de guerre, est à la tête d’une belle entreprise de santé à Bukavu : l’hôpital protestant de Panzi. Une véritable machine à gagner de l’argent qui attire des fonds du monde entier grace au traitement gratuit des femmes victimes. Sur le plan militaire, les FDLR utilisent une myriade de groupes armés qu’elles contrôlent : des gangs d’assassins appelés MaiMai aux extrémistes islamistes ougandais ADF.

Le plan subversif de la triade s’articule autour de la récente décision d’activer l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers du parc des Virunga et du lac Kivu. Un marché de 19 millions de dollars par jour précisément dans les territoires contrôlés par les terroristes rwandais FDLR grâce à la complicité décennale des mobutistes et des généraux des FARDC. L’objectif à long terme est de rendre le contrôle du territoire irréversible pour s’imposer aux multinationales et au gouvernement de Kinshasa comme partenaires incontournables dans le grand business des hydrocarbures qui détruira l’éco système d’une des forêts tropicales les plus importantes au monde, conduisant à l’extinction des derniers spécimens de gorilles de montagne.

L’objectif à moyen terme est d’obliger la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo, la MONUSCO, à quitter le pays après 24 ans de présence. Critiquée et souvent ambiguë, la présence des Casques bleus dans les provinces de l’Est du pays garantit, pour le meilleur ou pour le pire, une relative stabilité. Le départ des près de 16 000 soldats ouvrirait les portes à un chaos total où les 140 bandes armées (composées pour beaucoup de quelques dizaines de bandits) auraient le contrôle total du territoire riche en minéraux et hydrocarbures rares. La situation ne profiterait qu’aux terroristes rwandais des FDLR qui contrôlent la majorité de ces gangs armés.

Au plan subversif s’opposent le Rwanda et l’Ouganda, deux pays historiquement impliqués dans les événements dramatiques du Congo puisqu’ils ont décidé en 1996 de renverser le règne dictatorial de Mobutu qui avait duré 30 ans dont l’économie nationale repose en grande partie sur l’exploitation systématique des ressources d’origine naturelle des provinces orientales du Congo, obtenues par entente ou par la force. Leur branche armée au Congo est représentée par le Mouvement 23 Mars – M23, un groupe politique militaire composé d’anciens militaires congolais pour la défense de la minorité congolaise tutsi.

Le M23 avait mené une rébellion au Nord-Kivu en 2012, occupant également la capitale Goma, puis s’était retiré en 2013 sur ordre de ses partisans : les présidents Yoweri Kaguta Museveni et Paul Kagame. Après s’être réfugiés au Rwanda et en Ouganda, le M23 s’est réactivé en 2021, conquérant une grande partie des territoires de Rutshuru, arrachés au contrôle des FDLR. Ces jours-ci, le M23 avance vers les villes de Rutshuru, Kiwanja, Ntamugenga, Matebe, Tanda et Rubare. Les affrontements se déroulent à une distance de 30km de la capitale provinciale du Nord-Kivu : Goma.

L’armée congolaise des FARDC, appuyée par les terroristes rwandais des FDLR, par des gangs armés MaïMaï et par un groupe armé bantou appelé Ntatura, est incapable d’arrêter les M23 qui, contrairement à leurs adversaires, sont organisés en une armée disciplinée, motivée, bien entraînée et armée qui agit selon une stratégie militaire raffinée et efficace dans le plein respect des populations civiles. L’ONU affirme que le M23 est le seul groupe armé opérant au Congo qui, dans la majorité des cas, n’exerce pas de violence sur la population civile dans les territoires qu’il occupe.

Suite à l’incapacité de contrer le M23, la coalition composée de l’armée congolaise, de terroristes et de divers gangs armés, a fait recours à la junte militaire burundaise illégalement au pouvoir depuis juin 2020 et héritière du sanguinaire Chef de Guerre, dictateur et fanatique religieux Pierre Nkurunzia décédé en 2020.

La demande d’aide adressée à la junte militaire burundaise a été forcée après que les casques bleus de la MONUSCO ont retiré leur soutien militaire et logistique dans la lutte contre le M23 en mai dernier et est facilitée par deux facteurs : le dénominateur commun de la haine contre l’ethnie tutsi et le Rwanda et le contrôle politique, économique et militaire exercé au Burundi par les terroristes des FDLR de 2014 à nos jours. Bujumbura abrite le quartier général des terroristes des FDLR (qui se trouvait auparavant à Goma) et le camp militaire de la forêt de Kibira d’où les terroristes des FDLR lancent des attaques régulières contre le Rwanda.

La junte militaire de Gitega, à travers sa représentation politique : le parti extrémiste HutuPower CNDD-FDD, le 15 août a officiellement envoyé à l’Est du Congo des unités de l’armée nationale et des membres de la milice génocidaire Imbonerakure pour soutenir l’armée congolaise et les FDLR contre le M23.

Autour de cette décision, qui élargit le conflit au niveau régional, trop de mensonges ont été construits. Le premier mensonge est de dire que le contingent burundais, avec les FARDC, combattra tous les groupes armés du Nord Kivu et du Sud Kivu. Pour cette raison, les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est – EAC (dont la RDC est récemment devenue membre) avaient décidé de déployer une force régionale dans ce pays. Pourtant, tout le monde sait et même les Nations Unies reconnaissent qu’il y a plus de 140 groupes armés dans ce pays. L’armée congolaise, soutenue par les forces de l’ONU, la MONUSCO, a passé plus de 20 ans à ne pas éliminer même le gang armé le plus insignifiant. Manque de moyens ou manque de volonté ? Tout le monde connaît la réponse.

La face cachée des autorités congolaises et des forces de l’ONU a été révélée lorsque la collaboration entre la MONUSCO, les FARDC, les FDLR et certains groupes extrémistes May May pour combattre le M23 a été mise au jour. Une alliance créée en 2013 et réactivée en mars dernier avant que les pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU ne fassent pression pour la fin du soutien des opérations de maintien de la paix de l’ONU aux FARDC et aux FDLR.

Pourquoi rejoindre et se concentrer uniquement sur le M23 alors qu’il existe une multitude d’autres groupes armés ? Derrière cette attitude, il y a à la fois l’idéologie génocidaire contre la minorité Tutsie qui est la matrice des terroristes des FDLR, et la nécessité d’éliminer ou de contenir les adversaires économiques : l’Ouganda et le Rwanda qui entendent continuer à jouer leur rôle dans l’exploitation des minerais et entrer dans l’immense business du pétrole des Virunga et du gaz du lac Kivu.

Il est à noter que la présence des forces armées burundaises remonte à novembre 2021 lorsque des unités de l’armée et des miliciens Imbonekure sont entrés au Sud-Kivu pour combattre le groupe rebelle burundais RED TABARA, qui s’est récemment allié au M23 sans rencontrer la moindre résistance de l’armée congolaise ou des protestations diplomatique par le gouvernement de Kinshasa.

Deuxième mensonge éhonté : les médias régionaux affirment que ces soldats burundais sont déployés au sein de la force régionale décidée à Nairobi par les chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est – EAC. Il a été annoncé dès sa conception qu’il serait sous le commandement du Kenya. Cependant, cette force n’a pas encore été déployée à ce jour. Selon le porte-parole de la force opérationnelle au Sud-Kivu, les soldats burundais seront sous le commandement de l’armée congolaise FARDC.

Actuellement le général Neva (alias Evariste Ndayishimiye) en situation d’illégalité à la présidence depuis 2020 qui occupe aussi le poste de président de l’EAC, a déployé ses soldats et miliciens avant l’envoi officiel de la force régionale de maintien de la paix sous direction kenyane. L’Ouganda et le Rwanda devraient également participer à cette force régionale. Ainsi le contingent burundais agit en dehors de la future force régionale de maintien de la paix.

Ce déploiement militaire anticipé par rapport à d’autres pays est le fruit d’entretiens que le dictateur Ndayishimiye a eu avec le président congolais Antoine Félix Tshisekedi lors de sa visite de 5 jours au Burundi en mai 2022. Le Burundi risque de se retrouver seul à déployer ses hommes dans ce pays. L’intervention du Rwanda et de l’Uganda est entravé par le gouvernement de Kinshasa pour des raisons évidentes. La Tanzanie ne montre aucun enthousiasme à envoyer des troupes autres que celles déjà présentes dans la mission de maintien de la paix de la MONUSCO. Le Soudan du Sud est dévasté par la guerre civile et tribale et ne pouvait envoyer que quelques soldats demandant des lourde financement. Le Kenya vient de sortir d’élections frauduleuses où un homme politique, William Ruto, connu pour ses activités criminelles, l’a emporté.

Un autre mensonge dans ce déploiement est lié au nombre de militaires burundais récemment déployés dans l’est de la République Démocratique du Congo. Les médias parlaient de 630 soldats ; nos sources d’information parlent de 1000 soldats qui auraient été préparés pour cette mission. Ils seraient issus de la 11e brigade et des 212e et 112e bataillons. Théoriquement ces militaires devraient être déployés au Nord Kivu pour combattre le M23 mais il est probable qu’ils resteront au Sud Kivu pour mener leur propre guerre contre le groupe rebelle burundais RED TABARA.

Leur base d’opérations était installée dans la ville congolaise d’Uvira qui borde Bujumbura. Ces militaires sont rejoints par un nombre non déclaré de miliciens Imbonerakure, l’ancienne aile jeunesse du parti au pouvoir CNDD-FDD transformée en 2014 par les terroristes FDLR rwandais en une véritable milice paramilitaire.

Faut-il s’attendre à des résultats sur le champ de bataille après ce renfort FARDC envoyé par la junte militaire burundaise ?

Officieusement, cette force est envoyée rejoindre les FARDC, les terroristes des FDLR, les gangs armés MaiMai et les extrémistes islamistes ougandais des ADF, pour vaincre le M23. Les soldats burundais envoyés au Congo sont mal armés et mal entraînés. Forcés de risquer leur vie au nom d’un régime qu’ils détestent parce qu’en 17 ans, il a irréversiblement détruit l’économie nationale.

Il est hilarant que le contingent de l’armée burundaise aient été placés sous le commandement de l’armée congolaise connue pour son incapacité militaire totale, pour la corruption de ses généraux, pour aimer au pillage de sa propre population et pour fuir en abandonnant armes et munitions au premier signe d’une confrontation militaire sérieuse contre l’ennemi.

Le risque est grand qu’aucun de ces soldats burundais ne retourne dans son pays. Les parents savent que leurs enfants partis pour cette mission en RDC sont en danger de mort et préparent déjà leur deuil sachant qu’ils ne verront même pas leurs cadavres. Des revirements probables de la campagne militaire conçue par le général Neva et une forte perte d’hommes pourraient exacerber les tensions déjà existantes au sein des forces armées burundaises pouvant conduire à une rébellion ou un coup d’État contre la junte militaire de Gitega.

Les experts régionaux avertissent que la décision du dictateur Ndayishimiye d’envoyer des soldats et des miliciens au Congo pourrais cacher l’intention d’occuper des territoires riches en minerais au Sud-Kivu pour assurer le contrôle du trafic illégal (comme le font les FDLR et la plupart des gangs des armées congolaises) pour remplir les poches des généraux de la junte militaire burundaise, sans s’engager sur les champs de bataille du Nord-Kivu. Dans ce cas les pertes parmi les militaires du contingent burundais devraient être moindres.

Fulvio Beltrami

Cet article s’inspire des analyses politiques d’Urne Hitamwoneza Meeting pour la renaissance du pays