Ils ont dit ‘oui’. Près de 70% des électeurs qui se sont déplacés pour voter au referendum ont plébiscité la réforme voulue par le Mouvement 5 Etoiles : la réduction d’un tiers du nombre de parlementaires.
Ce week-end du 20 et 21 septembre, plus de 46 millions d’Italiens étaient appelés aux urnes pour deux jours de scrutins: régionaux dans sept régions, administratifs dans 1184 communes, ainsi qu’un référendum constitutionnel. Il s’agit d’un vote pour ou contre la réduction du nombre de parlementaires, qui devait avoir lieu le 29 mars dernier et a été repoussé à cause du Covid-19.
La réforme des articles 56, 57 et 59 de la Constitution permet de diminuer de plus d’un tiers (36,5%) les effectifs du Parlement italien, de 945 à 600 : lors de la prochaine législature, les députés passeront de 630 à 400 et les Sénateurs de 315 à 200. Le premier argument du camp du ‘oui’, en faveur de cette réduction, est économique : elle permettrait de fluidifier et rendre plus efficace la machine législative et le travail de chaque parlementaire, plus impliqué; mais surtout d’économiser plus de 100 millions d’euros par an (300 000 euros par jour, soit 109,5 millions par an estime Luigi Di Maio, ex-patron du M5S). Selon l’Osservatorio dei conti pubblici italiani de l’Université catholique de Milan en revanche, l’épargne annuelle s’élèverait à 57 millions, soit 0,007% de la dépense publique italienne.
Ceux qui s’opposent à cette réforme dénoncent un coup donné à la démocratie représentative. Moins de parlementaires, c’est moins de représentants régionaux pour défendre les problématiques locales et porter la voix des territoires dans cette république parlementaire.
Cette initiative a été présentée comme le cheval de bataille du Mouvement 5 Etoiles (M5S), au pouvoir en coalition avec le Parti démocrate (PD), qui a fait campagne pour le ‘oui’ (dont 20% voteraient pourtant ‘non’ selon certains médias italiens). Avec la majorité écrasante pour le ‘oui’, le mouvement populiste anti-système, en perte de vitesse depuis 2018 (ils ont perdu la moitié de leurs électeurs), revendique ainsi une victoire, qui lui permet de compenser ses défaites récentes aux élections régionales et remettre au centre leur autre sujet de prédilection, et prochaine étape : la réduction des salaires des parlementaires.
‘Oui’ ou ‘non’, chaque camp divisé
Le camp en faveur de la réduction des parlementaires est aussi soutenu par la Ligue, de Matteo Salvini, à l’origine de la proposition de réforme dans son programme électorales lors des dernières législatives en 2018. Officiellement, les deux partis d’extrême-droite, tout comme lors des quatre derniers votes pour cette réforme, appellent aussi à voter ‘oui’.
Mais en interne, les voix ont été divisées tout le long de la campagne. Plus de 36% des partisans de Salvini avaient annoncé préférer le ‘non’. Au centre-droit, le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, n’a pas donné de mot d’ordre précis et reste divisé. Un mal pour un bien ? Selon le taux d’abstention, la Ligue et Fratelli d’Italia, de Giorgia Meloni, avait prévoit de voir, dans une victoire surprise du ‘non’, une claque au M5S qui ébranlerait la coalition au pouvoir, et remettrait l’opposition en position de force. D’autant que le partenaire démocrate du M5S a aussi décidé de pencher pour le ‘oui’. Sauf qu’au sein du parti de centre-gauche, tous n’étaient pas prêts à suivre la même consigne que leurs ennemis de droite. De nombreux autres partis de gauche et du centre ont d’ailleurs appelé à voter contre la réforme.
Avec cette réforme approuvée par les électeurs, lors la prochaine législature l’Italie deviendra le pays européen avec le moins de députés (0,7 pour 100 000 Italiens) et un des pays européens avec le moins de parlementaires (1 pour 101 000), derrière l’Allemagne (1 pour 117 000), la France (1 pour 116 000) et les Pays-Bas (1 pour 115 000). Actuellement, l’Italie a un rapport de un parlementaire élu pour 64 000 habitants (945 parlementaires pour 60,4 millions).