Royaume-Uni : le conservateur Boris Johnson risque de remporter les élections

“Tous les sondages le confirment, les élections du 12 décembre offriront une solide majorité au parti conservateur et ses 335 parlementaires, qui permettra au Premier ministre Boris Johnson de gouverner pour 4 ou 5 ans encore et boucler le Brexit. Il n’est évidemment pas possible de prévoir l’avenir avec certitude et il faut reconnaître que les prévisions se sont déjà trompées dans le passé, même si leurs méthodes d’études ont été corrigées depuis”, estime, prudent, le professeur Tony Travers, spécialiste des élections et administrations publiques, au sujet de ce scrutin le plus important de l’Histoire d’après-guerre du Royaume-Uni.

Une victoire assurée

L’expert s’exprimait devant la presse étrangère lors d’une rencontre organisée par le “Foreign Office”, le ministère des Affaires étrangères à l’université “London School of Economics” (Lse). Avec lui, rapporte l’agence Sir, était présent le professeur Patrick Dunleavy, lui aussi universitaire à la Lse et spécialiste des administrations publiques.

Pour ces deux experts, jeudi 12 décembre, jour des élections législatives britanniques, la victoire de Johnson à Westminster, le Parlement britannique, est une certitude.

Selon eux, Jeremy Corbyn devra démissionner de son poste au Labour et le parti travailliste entrera alors dans une difficile recherche d’un nouveau leader, afin d’assurer leur rôle d’opposition ces prochaines années. Le résultat final ne sera connu que le lendemain matin du scrutin, mais les sondages de sortie des urnes suffiront à en savoir l’issue dès 22h, estiment ces spécialistes.

Des contrôles durcis

C’est donc la victoire probable d’un xénophobe assumé comme Boris Johnson qui a promis de renforcer les contrôles à l’entrée du R-U, avec des visas électroniques et passeports obligatoires, mais aussi des contrôles pour rester sur le territoire, jouant la carte de la restriction de l’immigration, élargie aux citoyens de l’Union européenne à partir de 2021, et à la masse de touristes.

On prévoit l’introduction d’un système rigoureux de contrôles aux frontières, appelé Eta (Electronic Travel Authorisation), semblable au système Esta en vigueur aux États-Unis, à partir de la fin de la période de transition post-Brexit prévue pour l’instant dans le respect du statut quo jusqu’au 31 décembre 2020. En substance, les voyageurs sans visa permanent devront fournir leurs données en ligne.

Passeport obligatoire pour les Européens

“L’objectif affiché par le gouvernement, écrit le Huffington Post, est d’empêcher les entrées frauduleuses avec des documents européens, soit environ mille par an. Mais plus généralement, sa promesse est de serrer la vis sur les flux migratoires, selon un modèle de filtrage copié sur l’exemple australien, avec une sorte d’évaluation à points des ‘qualités’ de celui qui toque à la porte du R-U (talents, aptitudes, compatibilité avec les exigences et priorités du pays qui accueille).

Un même système pour tous, extracommunautaires ou non, donc y compris pour les citoyens européens à partir du 1er janvier 2021. Ils auront l’obligation de remplir un fichier, même les simples touristes, et attendre le feu vert des autorités britanniques trois jours avant d’entrer sur le territoire, par n’importe quel aéroport ou port”.

Ainsi, la carte d’identité qui permet aujourd’hui d’aller du continent à Londres et au reste de la Grande-Bretagne ne suffira plus : il faudra nécessairement un passeport. Par ailleurs, les Européens qui ont un casier judiciaire chargé pourraient être expulsés à tout moment. Et pour éviter toute dissimulation, un comptage électronique des sorties et entrées sera effectué.

Discours de propagande

“A cause des lois européennes, les drogues et les armes entrent aujourd’hui dans nos pays européens, augmentant les risques de violences et de toxicomanie. Après le Brexit, nos frontières seront beaucoup plus sûres”, promet la ministre de l’Intérieur du gouvernement Johnson. Pour la Travailliste Diane Abbott, ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme, ce sont des discours de propagande. Au contraire, selon elle, un “Brexit dur” de Boris Johnson handicaperait la coopération en matière de renseignements avec les 27 membres de l’UE. Et donc, de fait, “la sécurité” elle-même du Royaume-Uni.