Le Pape dénonce « l’imaginaire commercial » qui prend le pas sur la tradition de la crèche

La crèche et les illuminations du sapin de Noël du Vatican ont été inaugurées ce 5 décembre Place Saint-Pierre.

Le cardinal Giuseppe Bertello, président du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, et son Secrétaire général l’évêque Fernando Vérgez ont présidé la cérémonie.

L’arbre de Noël provient d’Asiago, en Vénétie, dans le nord-est de l’Italie. Il s’agit d’un épicéa rouge haut de 26 mètres et de 70 cm de diamètre, installé près de la crèche. La fête d’inauguration a été rythmée par des danses et des chants populaires du Trentin et de la Vénétie. Le sapin et la crèche sont tous deux originaires de ces deux régions du nord italien qui, l’an dernier, ont été dévastées par une tempête dévastatrice qui a abattu un grand nombre d’arbres, provoquant de graves dégâts sur l’écosystème alpin.

La représentation de la Nativité est offerte cette année par le Groupe de crèche artistique de Paré, à Conegliano dans la région de Trévise. Le Pape en a rencontré les représentants dans la journée au Vatican. Cette crèche a pour décor la terre vénitienne. La Sainte Famille est, elle, représentée dans une auberge de Fittanze située en haute altitude (1300 m) dans les Alpes véronaises, et qui, avec ses voûtes en ruines, rappelle l’étable dans laquelle est né Jésus. Les personnages ont été réalisés en bois et sont haut d’un mètre vingt en moyenne. De véritables oeuvres d’art réalisées selon la tradition sculpturale du Trentin.

Ne pas perdre le sens de la crèche

La crèche est “une façon authentique de communiquer l’Évangile dans un monde qui, parfois, semble avoir peur de se souvenir ce qu’est vraiment Noël et supprime les signes chrétiens pour garder seulement ceux d’un imaginaire banal, commercial” a dénoncé le Pape face à la délégation des habitants du Trentin-Vénétie qui, un an après le désastre écologique dont ils ont été victimes, ont offert l’épicéa rouge comme arbre de Noël du Vatican.

Dans son message, François a rappelé que “la crèche est un signe simple et merveilleux de notre foi qu’il ne faut pas perdre, au contraire, sa transmission des parents aux enfants, des grands-parents aux petits-enfants est belle”. S’adressant aux participants, il a ajouté : “cette rencontre m’offre l’opportunité de redire mon soutien pour vos populations qui l’an dernier, ont subi une catastrophe naturelle dévastatrice qui a ravagé des forêts entières”.

Comme il est visible sur la photo, des troncs d’arbres tombés lors de la tempête qui a frappé les territoires du Trentin et de la Vénétie sont exposés dans la crèche du Vatican, derrière les personnages de la Nativité.

La tradition de Saint François

Le Souverain pontife a aussi fait référence à l’‘Admirabile Signum’, la Lettre apostolique au sujet du sens de la crèche signé le dimanche 1er décembre lors de sa visite au sanctuaire franciscain de Greccio, commune du Latium au nord-est de Rome. Là, le Saint-Père a insisté sur le “signe admirable” que représente la Nativité, qui “suscite toujours étonnement et émerveillement”.

Comme chacun le sait, la tradition de la crèche, a alors rappelé le Pape, vient de François, le Saint d’Assise dont le Pape porte le nom, qui s’était rendu à Greccio dans la vallée sainte de Rieti “où Saint François, qui y a fait étape probablement en étant parti de Rome, a reçu le 29 novembre 1223 la confirmation de sa règle de la part du Pape Honoré III” et réalisa ici la première représentation de la Nativité.

Dans sa Lettre ‘Admirabile Signum’, François se penche sur le symbole de la crèche dont il a “passé en revue les différents signes pour comprendre le sens qu’elle porte. D’abord, nous nous représentons un ciel sombre où brillent les étoiles et le silence de la nuit. Ce n’est seulement pour être fidèle aux récits des Évangiles, mais aussi pour le sens que ça donne. Tant de fois, nous nous retrouvons dans la nuit dans nos vies. Eh bien, dans ces moments aussi, Dieu ne nous laisse pas seul et se fait présent pour répondre aux questions décisives sur le sens de notre existence : qui suis-je ? D’où viens-je ? Pourquoi suis-je né maintenant ? Pourquoi j’aime ? Pourquoi je souffre ? Pour donner une réponse à ces interrogations, Dieu s’est fait homme. Sa proximité nous apporte la lumière là où il y a l’obscurité et illumine tous ceux qui traversent les ténèbres de la souffrance”.

Jésus, une vie au milieu des ruines

Par ailleurs, dans cette Lettre, le Pape souligne aussi le sens des ruines qu’il reste des anciens édifices tombés, comme la reproduction de l’auberge qui accueille la crèche Place Saint-Pierre cette année. Ces ruines sont le symbole, écrit François, de “l’humanité déchue, de tout ce qui s’abîme, pourri, devient triste”.

“Ce scénario, a-t-il ajouté, nous dit que Jésus est une nouveauté au cœur d’un vieux monde et est venu guérir et reconstruire, redonner à notre vie et au monde leur splendeur originelle”. Dans le texte, le Saint-Père s’adresse aussi aux humbles “les pauvres et les simples présents dans la crèche” qui rappellent que Dieu s’est fait homme pour ceux qui ont le plus besoin de son amour et sa présence”.

Nazareno Galiè