Tigré : l’Érythrée est-elle la perdante de la guerre ? (F. Beltrami)

Nouvelles provenant de la région nord de l’Éthiopie: le Tigré, diffusée de sources fiables, y compris le journaliste sud-africain, Martin Plaut. Toutes les sources conviennent que les combats dans la région Tigré sont repris alors que le gouvernement fédéral d’Addis-Abeba empêche les opérateurs humanitaires éthiopiens et internationaux d’atteindre des civils impliqués dans la lutte. Ils conviennent également que les adversaires se radicalisent de plus en plus.

Pour le Front de Libération du Peuple du Tigré (TPLF) est une question de survie politique. Pour le Premier Ministre Abiy Ahmed Ali est une question de suprématie nationale en tant que la défaite au Tigré encouragerait toutes les autres ethnies à revendiquer une plus grande autonomie et il serait pratiquement impossible de mettre en œuvre le projet de remplacement de la structure fédérale actuelle avec un État Central fort et autoritaire.
Pour le dictateur ade la Corée du Nord africaine: Isaias Afwerki (d’etnie Tigrinya et cousin du chef décédé du TPLF et Premier Ministre de la Fédération Ethiopienne Meles Zenawi) Il s’agit d’ajuster les comptes (dans le sang) avec les cousins TPLF Du Tigré, considéré comme un danger constant pour sa dictature. Pour les dirigeants d’AMHARA: Agegnehu Tshager (gouverneur d’État de l’État d’Amhara) et Temesgen Tirtuneh (directeur général de la police politique impitoyable Niss – Service national de sécurité du renseignement) Il s’agit de réimposer le domaine ethnique Amhara sur l’Éthiopie comme à l’époque des Empereurs de la dynastie Salomonique.

L’erreur brute commise par Abiy, Afwerki, Techesager et Tirtuneh était de transformer la guerre civile en une guerre ethnique d’extermination de la population du Tigré. Une guerre ethnique qui a maintenant atteint (si elle n’est pas adoptée) toutes les hypothèses juridiques pour déclarer que, dans Tigré, il y a un génocide en place comme le patriarche de l’Église Orthodoxe Ethiopienne Abuna Mathias (Nom du baptême: Teklemariam Asrat) a rappelé dans sa récente intervention.

La défaite des forces de défense de Tigray (TDF) principalement contrôlées par la TPLF, déclarées par le Premier Ministre Ethiopien le 28 novembre 2020, est loin de se réaliser après six mois de combats intenses.
Le TPLF a déjà obtenu quatre victoires stratégiques. Le soutien inconditionnel de la population victimes de crimes de la victime contre l’humanité commis par des soldats fédéraux éthiopiens, des Érythréens et des milices d’Amhara. La sauvegarde de son armée (estimée initialement à 250 000 hommes) grâce à des recrutements constants de jeunes tigres et de mystérieux fournitures dans des armes et des munitions (peut-être grâce à l’Égypte).
Le soutien international des diplomaties, des associations de défense des droits de l’homme et des médias. Un soutien qui n’est souvent pas directement réservé au TPLF, mais vers la population de Tigré, qui favorise de toutes les manières les dirigeants du TPLF en tant qu’autorité reconnue par plus de 7 millions de citoyens éthiopiens vivant dans le Tigré. Enfin, la destruction partielle de l’armée fédérale: ENDF (Force Ethiopienne de Défense Nationale).

Au cours de ces six premiers mois de conflit, toutes les parties concernées ont subi de lourdes pertes, mais les soldats du ENDF étaient ceux qui ont payé le plus grand hommage de sang. Il existe de fortes soupçons que les ENDF ont subi un tel certain nombre de pertes qui ne sont plus en mesure d’être une force de défense nationale valide et efficace. À l’appui de ces “bruits” deux épisodes récents: la demande à l’allié érythréen d’envoyer des divisions pour défendre la capital Addis Abeba contre l’offensive du groupe de l’Armée de Libération d’Oromo (OLA) et le rejet du Premier Ministre éthiopien de la demande du gouvernement somalien d’envoyer les troupes éthiopiennes à défendre Mogadiscio lors des protestations armes passées de l’opposition somalienne contre la décision du président Famaajo de reporter les élections et de renouveler son mandat présidentiel.
La majorité des affrontements sont concentrés dans le centre et le nord du Tigré. Dans une situation paradoxale, dans la région, il existe deux offensives offensifs militaires majeurs. La première menée par l’armée érythréenne, des soldats fédéraux et miliciens Amhara à partir de la ville historique de Gondar (dans l’état de l’Amhara) dans le but de conquérir la forteresse du TPLF au centre du Tigré, où les dirigeants militaires et politiques de ce mouvement qui gouvernaient l’Éthiopie de 1991 à 2019 sont probablement opérationnels.

La deuxième offensive est menée dans le nord du Tigré par les Forces de Défense Tigray – TDF, contrôlée par la TPLF. L’objectif est d’élargir les territoires sous leur contrôle, pour empêcher le centre du Tigré de devenir un piège pour la résistance Tigrinya. À partir des nouvelles reçues, les deux offensives ne donnent pas les résultats souhaités. Les troupes d’érythréens et les fédéraux ont été bloqués au centre alors que l’offensive du TDF dans le nord a été arrêtée. Les TDF avaient réussi à atteindre la ville d’Agula, à environ 40 kilomètres au nord de la capital régionale Mekele, avant d’être rejeté par les forces érythréennes. Maintenant, ils essaient de bloquer la contre-offensive érythréen dans les villages d’Edaga Arbi, Aba Guna, Edace Hamu, Endabatsahama et Zana.

Persiste l’interdiction de la parte du Gouvernement de Addis Ababa au Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies, Médecins Sans Frontières, World Vision et d’autres ONG à intervenir pour sauver la population dans le nord avec des convois d’aide alimentaire. Une interdiction obligatoire pour le gouvernement fédéral d’Addis-Abeba afin de ne pas faire clairement comprendre l’horrible entité du génocide en cours et la réalité militaire sur le terrain extrêmement complexe et défavorable pour le Premier Ministre éthiopien.
L’armée du dictateur Aferki se trouve en sérieuses difficultés. La résistance ferrée du TDF contre les forces d’invasion de l’Erythrée` est soutenue par une logique de guerre entre les clans Tigrinya éthiopiennes et érythréennes qui augmente la détermination du TDF et du TPLF à lutter contre les cousins au de la de la frontière. Dans la mentalité guerrière éthiopienne n’y a pas pire ennemi de celui que combat contre sa propre ethnie.

Les trois offensives précédentes effectuées par l’armée érythréenne ont échoué en impliquant des nombreuses pertes entre soldats et officiers érythréens. La quatrième offensive en cours ne donne pas des résultats. En mars dernier, le régime nord-coréen érythréen a procède à l’enrôlement forcé d’enfants de 15 et 16 ans. Après une formation militaire partielle ils sont envoyés au front dans le Tigré. Maintenant, nous parviens de l’opposition érythréenne en exil l’information que l’enrôlement a été également ouverte aux criminels communs tenus dans les prisons érythréen. Le régime offre leur l’amnistie de leurs crimes en échange de leur engagement à lutter contre le TDF et le TPLF. L’entrée de scène des criminels communs dans les rangs de l’armée nationale érythréenne engagée dans Tigré marquera une escalade des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Devant les défaites subi, le dictateur Afwerki réalisa la difficulté d’obtenir une victoire décisive et totale sur les cousins du TPLF. L’aventure militaire de Tigré contre s’en train de transformer en un boomerang contre le régime d’Asmara, la merveilleuse ville construite par les Italiens au cours de l’ère coloniale. Trop de soldats sont morts sur le front du Tigré, affaiblissant les rangs de l’armée érythréenne qui a le premier “devoir” de contrôler la population érythréenne et de réprimer dans le sang chaque mécontentement populaire, début de l’opposition armée ou de pire encore, des tentatives révolutionnaires .

L’aventure au Tigré compromet également la sortie de l’isolation internationale offerte par le Premier Ministre éthiopien avec la paix signée en 2018 qui a mis fin au conflit frontalier du 1998. L’accord de paix signé par Afwerki et Abiy Ahmed en juillet 2018, il a évité l’effondrement economique du régime érythréen, considéré comme une État paria en raison de sa myriade de violations des droits de l’homme. Paradoxalement, juste lorsque le régime érythréen s’effondrait à cause de la situation économique nationale catastrophique causée par l’embargo des Nations Unies, l’Union Européenne et les États-Unis ont partiellement réhabilité à Afwerki grâce à l’œuvre d’un hall d’accueil étouffé par l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis qui ont convaincu Bruxelles et Washington de adopter la politique du «Soft Power» de la Chine envers le brutal régime de Afwerki. Le soutien des monarchies féodales arabes a permis la suppression des sanctions des Nations Unies, revitalisant un peu l’économie de l’Érythrée.

La participation militaire de l’Érythrée au Tigré, les crimes de guerre documentés commis par des soldats érythréens sur la population civile impuissante et l’absence de retrait des troupes d’érythréens ont obligeant l’Union Européenne à examiner sa politique de «Soft Power» pour fermer à nouveau les espaces de dialogue et coopération précédemment ouverte. Le 22 mars 2021, l’Union Européenne a sanctionné l’Agence nationale de la sécurité nationale en Érythrée avec le gel des biens et l’interdiction des voyages, affirmant que l’Agence était “responsable des violations graves des droits de l’homme en Érythrée, en particulier des arrestations arbitraires, des exécutions extrajudiciaires, des exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées des personnes et des actes de torture commises par ses agents ».

Les condamnations de l’UE et la reprise de l’utilisation des sanctions économiques comme une arme de pression ont forcé le régime d’Asmara à adopter des tons belliqueuses et hostiles vers Bruxelles. Récemment, le Ministère des Affaires Etrangères érythréen a accusé l’Union Européenne à faveur du cliquet TPLF». Au de là de ces accusations, ils sont évident les préoccupations croissantes du régime érythréen pour la condamnation unifiée de la communauté internationale sur les violations des droits de l’homme commises par ses forces armées en Éthiopie depuis le début du conflit actuel dans le Tigré.

Pour compliquer la situation : les déclarations unilatérales du Premier Ministre Ethiopien Abiy. Le 23 mars, il a officiellement reconnu la présence de forces érythréennes au Tigré, jusqu’à présent niée par Asmara et Addis-Abeba. Le 26 mars, après la visite à Asmara et à la réunion avec Afwerki, Abiy a annoncé qu’Erythrée avait accepté de retirer ses troupes. Déclaration pas confirmée par le régime Asmara.
L’inversion de l’allié éthiopien sur la question a probablement faite tomber en colère et inquiété Afwerki, qui aurait préféré maintenir l’implication de son pays dans le conflit en tant que secret de Pulcinella. Selon certaines sources, le dictateur érythréen aurait exprimé toute sa déception pour les déclarations unilatérales du Premier Ministre Ethiopien, lui rappelant qu’il doit sa survie politique à l’engagement militaire érythréen au Tigré.

Des sources diplomatiques garantissent que Asmara prend sérieusement l’examen du retrait de ses troupes, mais l’opération n’est pas facile à mettre en œuvre pour des raisons politiques, militaires, ethniques et de réputation du régime. Le retrait des troupes d’érythréens du Tigré aurait vécu comme une défaite et pourrait sérieusement compromettre la sécurité interne du régime Afwerki.
Le dictateur érythréen est maintenant dans une situation de plus en plus difficile. Le régime érythréen peut toujours résister aux pressions internationales et garder ses troupes dans le Tigré, mais rester trop longtemps dans un environnement hostile aurait un coût énorme. Non seulement en termes de vies humaines mais aussi de cohésion interne de l’armée érythréenne avec le risque d’un révolte contre les dirigeants politiques de Asmara.
Des sources diplomatiques africaines affirment que récemment le mécontentement bouillant déjà dans les forces érythréennes, qui ne voient pas une sortie du Tigré, dans un proche avenir. Un refus du régime érythréen de se retirer d’Éthiopie pourrait également entraîner des sanctions paralysantes de la communauté internationale.
La solution actuellement trouvée consiste à tenter un dernier effort militaire dans l’espoir de briser la défense du TPLF dans sa forteresse du centre Tigré obtenant la victoire finale.

À l’heure actuelle, sur le deuxième front d’Oromia, les guérillas OLF / OLA semblent être maîtrisés et donc il est possibles pour l’armée érythréenne de déplacer des troupes d’Oromia à Tigré. Si la victoire ne se produit pas, l’armée érythréenne n’aurait aucun choix de se retirer seulement après la protection des frontières nationales maintenant étendues illégalement aux zones contestées du Tigré. Ils seraient destinés à devenir une zone portante pour empêcher le TPLF (si l’appât victorieux du conflit) d’envahir l’Érythrée.
Le plan de confinement territorial semble être mis en pratique simultanément au tentative de prévaloir militairement et vaincre le TPLF. En tant que témoignage de cette thèse, la destruction d’un pont stratégique relie le Tigré central (forteresse du TPLF) au nord, vers la frontière avec l’Érythrée. L’ordre de détruire le pont est venu malgré l’infrastructure était fermement entre les mains des soldats érythréens et n’était pas menacée par les forces de défense de Tigray.
Témoins oculaires rapportént au journaliste sud-africain Martin Plaut que les forces érythréennes creusent des tranchées et des systèmes de défense terrestres autour des villes de Badme et d’Egela, les domaines objet du litige avec le Tigré qui enfreint la guerre entre les deux pays en 1998. Ces territoire sont été annexé à l’Érythrée en novembre 2020 au début de la guerre civile au Tigré. Il est clair que l’Érythrée se prépare également à la pire hypothèse: la victoire du TPLF. En détruisant l’entrée principale au nord et en renforçant les territoires recentement volé à l’Ethiopie, le régime d’Asmara a l’intention de bloquer une future guerre de conquête menée par le TPLF sur le territoire érythréen.
De nombreux observateurs régionaux sont d’accord pour penser que nous verrons bientôt un retrait progressif des troupes d’érythréens, bien qu’un nombre jugé nécessaire pour soutenir les troupes éthiopiennes fédérales dans la lutte contre le TDF restera dans le Tigré portant des uniformes éthiopiens et s’intègrent dans les rangs de l’Armée Fédérale. Pour une victoire soudaine, il n’y a pas d’espoir. Donc, le retrait des troupes d’érythréens devient de plus en plus une option valide.

Si cela aura lieu une question. Afwerki va-t-il garder le pouvoir après la guerre de Tigray?
«Il est probable que dans les prochains jours, le régime Afwerki sera également confronté à une nouvelle vague de dissidence interne. Alors que le président Erytheen s’est concentré en particulier sur la guerre au Tigré, les conditions de vie sont détériorées au quotidien pour les citoyens en Érythrée. Les familles érythréennes qui ont envoyé leurs proches à la guerre en Éthiopie ont été entièrement détenues dans le noir et ne connaissent pas leur destin. L’étendue des pertes ne sera révélée qu’après que l’Érythrée commencera à se retirer du Tigré, ce qui entraînerait probablement une colère publique importante et un sentiment anti-régime », explique Abraham T Journalisa pour Al Jazeera et écrivain érythréen exilé dans les États Unis.

Fulvio Beltrami