Tunis. Breaking News. Le siège d’Al Jazeera attaqué par la police. Journalistes expulsés. Bureau fermé (Fulvio Beltrami)

La police tunisienne sur ordre direct du Président Kais Saied a attaqué le siège de la télévision arabe Al-Jazzera après avoir dissous le parlement et le gouvernement et limogé le Premier Ministre Hicham Mechci à la suite du soulèvement populaire à Tunis et dans les principales villes du pays.

Le Président Saied a ordonné sa fermeture, selon le communiqué de la chaîne de télévision du Qatar. Selon Al-Jazzera, au moins 10 policiers lourdement armés ont attaqué ses bureaux et confisqué des téléphones (y compris personnels), des ordinateurs, des disques durs externes et d’autres équipements.

Il s’agissait d’une attaque militaire à grande échelle sans aucun mandat même si la police dit avoir exécuté les ordres de la justice de Tunis qui pour le moment ni dément ni confirme. Tous les journalistes ont en effet été expulsés, ayant reçu l’ordre de quitter le pays sans même leur permettre de récupérer leurs effets personnels dans l’immeuble ou dans leurs domiciles privés.

L’attaque contre le siège d’Al-Jazeera est une attaque calculée contre la liberté de la presse visant un média qui a toujours suivi la crise politique du pays depuis les devises révolutionnaires de 2010 qui ont déclenché les printemps arabes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont la dernière révolution au Soudan a renversé le féroce dictateur islamique Omar El Bashir. Le siège de la télévision qatarie à Tunis était considéré comme extrêmement dangereux car sa diffusion en arabe, atteignant ainsi un large public d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

L’attaque contre la presse libre a été possible parce que le Président Kais Saied a activé le mécanisme constitutionnel qui lui donne tous les pouvoirs en cas de soulèvement populaire. La société civile, la population et les partis d’opposition dénoncent la tentative de coup d’État de Saied pour réprimer la révolution et empêcher le changement démocratique dans le pays.
La tension monte rapidement. Les dirigeants révolutionnaires issus des manifestations ont juré de ne pas arrêter la manifestation jusqu’à la démission de Saied et l’instauration d’un régime démocratique capable de reconstruire le tissu social, politique et économique de la Tunisie.

L’attaque contre Al-Jazeera est le dernier exemple de la répression brutale de la liberté de la presse qui est désormais devenue monnaie courante parmi les régimes totalitaires et répressifs. De la Tunisie à l’Éthiopie et au Burundi, les journalistes mal à l’aise qui veulent rapporter les faits tels qu’ils se passent réellement sont désormais considérés comme un parti directement impliqué dans le conflit et sont brutalement réprimés. En Éthiopie et au Burundi, divers journalistes locaux ont été brutalement assassinés tandis que des journalistes étrangers ont été expulsés sans piété.

PlaceSTPierre exprime toute sa solidarité avec les collègues d’Al-Jazeera à Tunis, rappelant que le droit à la libre information doit être protégé et non réprimé.

Fulvio Beltrami