«Un humble serviteur de Dieu et des frères, rien d’autre que cela». Le pape Léon XIV aux cardinaux : « Adhésion pleine au Concile, sur la voie tracée par mes prédécesseurs. Nous recueillons le précieux héritage de François» (S.I.)

«Le Pape, depuis saint Pierre jusqu’à moi, son indigne Successeur, est un humble serviteur de Dieu et des frères, rien d’autre que cela. Les exemples de tant de mes Prédécesseurs, et tout récemment celui du pape François lui-même, l’ont bien montré, avec son style de dévouement total dans le service et d’austère simplicité dans la vie, d’abandon à Dieu pendant le temps de la mission et de confiance sereine au moment du retour à la Maison du Père. Nous recueillons cet héritage précieux et nous reprenons le chemin, animés par cette même espérance qui vient de la foi». C’est avec ces paroles – empreintes d’une profonde humilité mais aussi très claires quant à la direction qu’il entend indiquer à l’Église universelle – que Léon XIV s’est présenté ce matin au Collège cardinalice réuni dans la Salle Nouvelle du Synode pour la première audience accordée par le nouveau Pontife, à peine deux jours après son élection au Conclave.

« Ces derniers jours – a observé le Pape élu – nous avons pu voir la beauté et ressentir la force de cette immense communauté, qui, avec tant d’affection et de dévotion, a salué et pleuré son Pasteur, l’accompagnant par la foi et la prière dans le moment de sa rencontre définitive avec le Seigneur. Nous avons vu ce qu’est la véritable grandeur de l’Église, qui vit dans la diversité de ses membres unis à l’unique Tête, le Christ, “pasteur et gardien” de nos âmes. Elle est le sein d’où nous avons nous aussi été engendrés, et en même temps le troupeau, le champ qui nous est confié pour que nous en prenions soin et le cultivions, que nous l’alimentions avec les Sacrements du salut et le rendions fécond avec la semence de la Parole, afin que, solide dans la concorde et enthousiaste dans la mission, il marche, comme autrefois les Israélites dans le désert, à l’ombre de la nuée et à la lumière du feu de Dieu ».

Comme François, Léon indique lui aussi la piété populaire, le dialogue et les ouvertures du Concile comme des axes à poursuivre.

À ce propos, Léon XIV a ensuite exhorté les cardinaux : « Je souhaiterais que nous renouvelions aujourd’hui ensemble notre pleine adhésion, sur ce chemin, à la voie que l’Église universelle parcourt depuis maintenant des décennies dans le sillage du Concile Vatican II. Le pape François – a souligné son successeur – en a magistralement rappelé et actualisé les contenus dans l’exhortation apostolique *Evangelii gaudium*, dont je souhaite souligner quelques orientations fondamentales : le retour à la primauté du Christ dans l’annonce ; la conversion missionnaire de toute la communauté chrétienne ; la croissance dans la collégialité et la synodalité ; l’attention au *sensus fidei*, spécialement dans ses formes les plus propres et inclusives, comme la piété populaire; le soin affectueux des plus petits, des exclus ; le dialogue courageux et confiant avec le monde contemporain dans ses diverses composantes et réalités».

« Il s’agit – a expliqué Léon – de principes évangéliques qui ont toujours animé et inspiré la vie et l’œuvre de la Famille de Dieu, de valeurs à travers lesquelles le visage miséricordieux du Père s’est révélé et continue de se révéler dans le Fils fait homme, ultime espérance de tous ceux qui cherchent sincèrement la vérité, la justice, la paix et la fraternité ».

Le Pape est ensuite revenu par la pensée au Conclave et au choix du nom au moment de son élection.

«C’est précisément en me sentant appelé à poursuivre dans ce sillage que j’ai pensé – a-t-il enfin confié aux cardinaux – à prendre le nom de Léon XIV. Les raisons sont diverses, mais principalement parce que le pape Léon XIII, avec l’encyclique historique *Rerum novarum*, a affronté la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle; et aujourd’hui, l’Église offre à tous son patrimoine de Doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui comportent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail».

Après le discours, le pape Prevost a ensuite dialogué avec les cardinaux réunis sur les thèmes et les problèmes soulevés durant les Congrégations générales qui ont précédé le Conclave, ne manquant pas de remercier le doyen du Collège, le cardinal Giovanni Battista Re, âgé de 91 ans, qui lui a adressé une brève allocution de bienvenue au début de la rencontre. « Il mérite des applaudissements, au moins un, sinon plusieurs – a déclaré le pape Prevost en désignant Re –. Sa sagesse, fruit d’une longue vie et de nombreuses années de service fidèle au Siège apostolique, nous a beaucoup aidés en ce temps ».

«Merci également au cardinal camerlingue, Kevin Farrell, pour le rôle précieux et exigeant qu’il a assumé durant le temps de la vacance du Siège et de la convocation du Conclave. J’adresse aussi ma pensée aux frères cardinaux qui, pour des raisons de santé, n’ont pas pu être présents, et avec vous je me sens uni à eux dans la prière et dans la communion de l’Esprit, car tous ensemble nous formons un seul Collège cardinalice, tous unis autour du Successeur de Pierre, pour servir l’Église et l’humanité».

Salvatore Izzo