Vœux du Pape François à la veille du G20: “éradiquer les germes des conflits: cupidité, indifférence, ignorance, peur, injustice, insécurité et violence”

“Chers auditeurs de la BBC, bonjour!
Le changement climatique et la pandémie de Covid-19 révèlent la vulnérabilité radicale de chacun et de tout et soulèvent de nombreux doutes et perplexités sur nos systèmes économiques et les modes d’organisation de nos sociétés”. C’est le salut du pape François aux auditeurs du principal diffuseur anglais, à la veille du G20 à Rome.

“Nos sécurités – a dit le Pape – se sont effondrées, notre appétit de pouvoir et notre désir de contrôle s’effondrent.
Nous nous sommes retrouvés faibles et pleins de peurs, plongés dans une série de ‘crises’: sanitaire, environnementale, alimentaire, économique, sociale, humanitaire, éthique. Crises transversales, fortement interconnectées et annonciatrices d’une ‘tempête parfaite’, capable de briser les lìens qui enveloppent notre société dans le don précieux de la création.
Chaque crise nécessite une vision, des compétences de planification et une rapidité d’exécution, repenser l’avenir de notre maison commune et de notre projet commun.
Ces crises nous confrontent à des choix radicaux qui ne sont pas faciles”.

Selon le Pape, “chaque moment de difficulté contient également des opportunités, qui ne peuvent être gaspillées.
Ils peuvent être combattus par les attitudes dominantes d’isolement, de protectionnisme, d’exploitation ; ou ils peuvent représenter une réelle opportunité de transformation, un véritable point de conversion, pas seulement dans un sens spirituel”.

“Cette dernière voie – a souligné Bergoglio – est la seule qui mène à un horizon ” lumineux ” et ne peut être poursuivie qu’à travers une coresponsabilité mondiale renouvelée, une nouvelle solidarité fondée sur la justice, sur le partage d’un destin commun et sur la conscience de l’unité de la famille humaine, le dessein de Dieu pour le monde.
C’est un défi de civilisation en faveur du bien commun et d’un changement de perspective, d’esprit et de regard, qui doit placer la dignité de tous les êtres humains d’aujourd’hui et de demain au centre de toutes nos actions.
La leçon la plus importante que ces crises nous transmettent est qu’il est nécessaire de construire ensemble, car il n’y a pas de frontières, de barrières, de murs politiques, à l’intérieur desquels se cacher. Et on le sait : on ne peut pas sortir d’une crise tout seul”.

Il y a quelques jours, le 4 octobre, je rencontrais – le Pape a dit plus tard – des chefs religieux et des scientifiques pour signer un appel commun appelant à des actions plus responsables et cohérentes à la fois pour nous-mêmes et pour nos dirigeants.
A cette occasion, j’ai été frappé par le témoignage d’un des scientifiques qui disait : “ma petite-fille, qui vient de naître, devra vivre dans un monde inhabitable d’ici 50 ans, si c’est ainsi”.
Nous ne pouvons pas le permettre ! ».

Pour François donc, “l’engagement de chacun dans ce changement de cap si urgent est fondamental ; un engagement qui doit aussi se nourrir de sa propre foi et de sa propre spiritualité. Dans l’Appel conjoint, nous avons rappelé la nécessité de travailler de manière responsable en faveur de la culture du souci de notre maison commune et aussi de nous-mêmes, en essayant de déraciner les germes du conflit : cupidité, indifférence, ignorance, peur, injustice, insécurité et violence”.

En fait, conclut plus tard le Pontife, “l’humanité n’a jamais eu autant de moyens pour atteindre cet objectif qu’aujourd’hui. Les décideurs politiques qui participeront à la COP26 à Glasgow sont appelés de toute urgence à apporter des réponses efficaces à la crise écologique dans laquelle nous vivons et, ainsi, un espoir concret pour les générations futures. Mais nous tous – cela vaut la peine de le répéter, qui que ce soit et où que nous soyons – pouvons jouer un rôle dans la modification de notre réponse collective à la menace sans précédent du changement climatique et de la dégradation de notre maison commune”.