Ethiopie. Le dictateur érythréen Isaias Afwerki attaque le Tigré pour la deuxième fois

À l’aube d’hier, dimanche 9 janvier, l’armée érythréenne a lancé une attaque à grande échelle dans le nord-ouest du Tigré à partir des zones occupées militairement par l’Érythrée depuis novembre 2020. L’attaque a été lancée dans les zones de Sigem Kofolo et Afi Tsetser contrôlées par l’Armée régionale du Tigré : TDF. Des combats intenses sont en cours et la ville de Sheraro sera bientôt impliquée. La nouvelle a été donnée par le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, qui a fourni les détails à l’agence de presse Reuters. Des sources indépendantes confirment l’attaque érythréenne.
L’offensive érythréenne intervient au lendemain du massacre du camp de déplacés de Dedebit, dans le Tigré, qui a été bombardé par les drones de l’armée de l’air éthiopienne vendredi soir dernier.

Le bilan actuel s’élève à 57 morts et 126 blessés, dont 28 dans un état critique. Le camp était principalement habité par des femmes, des personnes âgées et des enfants. Le nombre de victimes est malheureusement destiné à augmenter. Les hôpitaux du Tigré manquent également de médicaments de base en raison du blocus humanitaire qui continue d’être maintenu contre la région « rebelle ».
Pour le moment, les données sont insuffisantes pour comprendre quels sont les objectifs de l’offensive ordonnée par le dictateur érythréen. Afwerki a-t-il l’intention d’annexer plus de territoires au nord du Tigré que ceux actuellement occupés ou a-t-il initié la deuxième invasion du Tigré dans le but de détruire le TPLF?

Des sources diplomatiques rapportent que l’offensive érythréenne sur le Tigré a été décidée par Afwerki après consultation des principaux dirigeants nationalistes amhara : Agegnehu Teshager, Temesgen Tiruneh, Demeke Mekonnen, sans toutefois consulter le Premier ministre Abiy. Les sources affirment que le raid aérien à Dedebit et l’offensive érythréenne dans le nord du Tigré font partie d’une contre-offensive politique des dirigeants d’Amhara et d’Afwerki contre la décision du Premier ministre éthiopien d’amnistier les prisonniers politiques «dangereux» d’Oromia et du Tigré.

Abiy aurait pris la décision sans consulter ses alliés gouvernementaux et l’Érythrée. Les deux actions militaires menées immédiatement après le geste de “détente” du Premier ministre ont supprimé toute possibilité de dialogue et mis Abiy dans une situation difficile au niveau international.

Dans une interview diffusée à la télévision publique Eri-TV le samedi 8 janvier, Afwerki avait averti la direction du TPLF de ne pas tenter une guerre avec les forces érythréennes. Un avertissement incompréhensible étant donné que les forces tegaru et érythréennes s’affrontent depuis 14 mois.

Isaias Afwerki a assuré l’État que ses troupes travailleraient pour empêcher les forces du Tigré d’attaquer son pays ou de menacer la stabilité de l’Éthiopie, soulignant que pour rétablir la paix en Éthiopie, le TPLF doit être anéanti. Il a également exprimé sa frustration face à la réticence du Premier ministre éthiopien à réaliser ce qu’Afwerki considère crucial pour la stabilité à long terme de la région de la Corne de l’Afrique, en éliminant la constitution fédérale et en résolvant le problème ethnique interne. Une invitation claire à reproduire le modèle érythréen d’un régime à parti unique.

Reuters a contacté le ministre érythréen de l’information Yemane Gebremeskel, le porte-parole militaire éthiopien, le colonel Getnet Adane, le porte-parole du gouvernement éthiopien Legesse Tulu et le porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed Billene Seyoum. Tout le monde a refusé de commenter cette nouvelle guerre déclenchée au Tigré par une armée étrangère. Si pour le ministre érythréen le silence est compréhensible, celui des autorités éthiopiennes est une énième démonstration d’une perte progressive de souveraineté nationale au profit du dictateur érythréen qui contrôle de plus en plus la politique éthiopienne assurant la défense du régime.

Les rumeurs d’une alliance entre Isaias Afwerki et les dirigeants nationalistes d’Amhara, à la fois contrastées et en désaccord avec le Premier ministre Abiy, sont de plus en plus intenses.

Fulvio Beltrami