Burundi : le régime à court de liquidités privatise les entreprises publiques (Fulvio Beltrami)

Burundian men take part in a protest against the president's bid to cling to power for a third term in Musaga, outskirts of Bujumbura, on April 28, 2015. At least five people have died since clashes broke out on April 26 after the ruling CNDD-FDD party, which has been accused of intimidating opponents, designated President Pierre Nkurunziza its candidate in the June 26 presidential election. On April 28, a spokesman for the President Nkurunziza said the President "won't back down." AFP PHOTO / SIMON MAINA (Photo credit should read SIMON MAINA/AFP/Getty Images)

Le premier président du Burundi après l’indépendance: Michel Micombero (28 novembre 1966 – 1er novembre 1976) hérite un pays arriéré et une société divisée sur des bases ethniques (Hutu Tutsi) créées par le colonialisme belge pour mieux régner. Seulement 9 ans se sont écoulés depuis la publication d’abord au Congo puis au Rwanda et au Burundi du fameux document de douze pages intitulé: “Notes sur l’aspect social du problème racial autochtone au Rwanda” connu sous le nom de Manifeste Bahutu.
Un document rédigé par les Pères Blancs et signé par 12 intellectuels hutus rwandais dont deux deviendront présidents après l’Indépendance. Grégoire Kayibanda et Juvénal Habyarimana. Le document appelait à la justice sociale de la majorité hutue subjuguée par la minorité tutsie. Noble intention que Kaybanda et Habyarimana aient détruit avec l’introduction des dérives ethniques en remplaçant la monarchie tutsie au Rwanda par la dictature raciale du pouvoir hutu (HutuPower).
L’économie de la nation naissante dépendait en grande partie du secteur agricole qui représentait 50% du PIB national, 90% des possibilités d’emploi et des recettes fiscales. L’industrie et le secteur tertiaire en étaient à leurs balbutiements, le secteur minier étant pratiquement absent. La situation était aggravée par la situation géographique. Le Burundi est en fait un pays fermé sans littoral. Une situation qui rend les activités d’import-export difficiles et coûteuses.
Le général Micombero, qui a pris de l’importance en octobre 1965 pour avoir vaincu la rébellion des soldats hutus contre la monarchie, et pour avoir contrecarré une tentative de prise de pouvoir et de génocide des groupes armés hutus du Rwanda ; après avoir déposé le neuvième et le dernier roi Ntare V Charles Ndizeye, abolissant la monarchie pour s’installer à la présidence de la nouvelle République du Burundi, a dirigé un État à parti unique en centralisant les institutions du pays. Face aux tentatives continues de déstabilisation du Rwanda voisin (où la majorité Hutu avait établi une dictature raciale en massacrant les Tutsis et en forçant les survivants à s’exiler ou à se soumettre), Micombero a adopté un mélange de modernisation de l’État et de l’économie sous un contrôle étatique strict et une répression sociale très dure.

Les résultats étaient contradictoires. Le Burundi s’est doté d’une administration efficace, d’une excellente santé et éducation et les travaux ont commencé sur la construction des premières infrastructures stratégiques. La croissance économique est passée de 2,8% en 1970 à 13,4% en 1975. Le miracle burundais a été réalisé grâce à l’absence totale de démocratie et aux cycles de violence ethnique qui ont entraîné la mort de plus de 150 000 personnes, pour la plupart Hutu. Le massacre remonte à 1972 lorsqu’un groupe de rebelles hutus du Rwanda a envahi le Burundi pour prendre le pouvoir. Dans les premiers jours de leur avance, ils ont tué entre 50 et 65 000 Tutsis. Le général Micombero a envoyé l’armée qui, après avoir vaincu les rebelles, a massacré des civils hutus dont les proportions du massacre etnique font encore l’objet de controverses parmi les historiens.
La violence ethnique de 1972 (que certains historiens définissent comme l’holocauste hutu) crée un fossé irrémédiable entre la société burundaise qui conduira à des coups d’État continus, une guerre civile et le régime actuel du Comité National de Défense de la Démocratie CNDD et ses Forces armées pour la Défense de la Démocratie FDD. Renvoyé par un autre officier tutsi Jean-Baptiste Bagaza, Micombero mourut en Somalie en 1983.
Bagaza poursuivit les plans quinquennaux de l’économie d’État avec plus de succès. Le Burundi fait des pas forcés vers le progrès. Comme son prédécesseur, l’absence de démocratie et une répression vigoureuse ont caractérisé la période de développement socio-économique. Les entreprises publiques couvraient des secteurs divers et stratégiques. ONATEL pour les télécommunications, REGIDESO pour la gestion des ressources en eau, COCERDCO, SOGESTAL et OTB (Office du Thè du Burudi) pour respectivement la collecte et l’exportation du coton, du café et du thé.

Face à la menace constante du Rwanda voisin dirigé par la dictature raciale de Juvénale Habyrimana, la minorité tutsie du Burundi a décidé d’empêcher toute rébellion hutue, établissant à son tour une dictature raciale où le développement économique était réservé aux Tutsis et à quelques Hutus «de confiance». La division claire du travail (agriculture pour les Hutus, industrie, commerce tertiaire et administration publique pour les Tutsis) et l’apartheid éducatif visaient les Hutus à empêcher la réforme d’une classe intellectuelle qui promouvait les idées HutuPower (la majorité des intellectuels hutus avaient déjà été physiquement éliminés par Micombero), a créé des ressentiments parmi la population et le renforcement de la haine ethnique.
C’est un autre officier tutsi Pierre Buyoya qui s’est rendu compte que la dictature raciale imposée pour protéger les Tutsis était en fait une politique qui les mettait en danger. Dans un jeu international compliqué impliquant les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Vatican, Buyoya a évincé Bagaza par un coup d’État sans effusion de sang. Le soutien du Vatican était dû à la politique répressive de Bagaza contre le clergé occidental, soupçonné d’être le cinquième pilier de l’extrémisme HutuPower. En raison de ces soupçons, Bagaza a expulsé tous les prêtres et missionnaires européens. Contrairement à ses prédécesseurs Buyoya s’est peu à peu ouverts à la majorité hutue et a accepté de se soumettre aux urnes, s’étonnant de la victoire de l’opposant hutu Melchiore Ndadaye dans les élections libres et democratiques du 1993.
Au cours de la première présidence Buyoya, les industries publiques ont connu une autre épopée en or. Le respect obsessionnel de la hiérarchie, l’obligation d’efficacité et l’importance de la propriété de l’Etat, facteurs inhérents à la culture tutsie, ont assuré une gestion efficace des entreprises publiques. La mort de Ndadaye (qui a eu lieu quatre mois après le bureau présidentiel suite à un coup d’État sur des soupçons de préparation d’un génocide en collaboration avec le rwandais de Habyrimana) a décrété la fin des entreprises publiques qui dirigeaient l’économie nationale. La longue période de guerre civile (10 ans) signifiait que les entreprises publiques devaient faire face à des difficultés extrêmes qui compromettaient leur capacité économique.
Depuis l’arrivée au pouvoir du dirigeant du CNDD-FDD Pierre Nkurunziza (un acteur majeur de la guerre civile) grâce aux accords de paix d’Arusha, le régime burundais utilise les entreprises publiques comme une oie qui pond des œufs d’or depuis 2005, en retirant à volonté non seulement les bénéfices produits mais aussi la liquidité provenant des ventes. Les entreprises publiques ont été transformées en opportunités d’enrichissement personnel, gérées par des personnes incompétentes suivantes liées au partis raciale. Les budgets perpétuellement dans le rouge sont devenus une règle administrative acceptée et tolérée.
Le gouvernement de Nkurunziza a cherché à réformer la privatisation en ouvrant les entreprises publiques aux entreprises privées pour attirer les investisseurs étrangers dans des projets des coentreprises. Les niveaux élevés de corruption manifestés ouvertement par le régime ont découragé les investisseurs étrangers qui ne voulaient pas se lancer dans des investissements à haut risque. Les sociétés mixtes n’ont jamais vu le jour.

La situation s’est aggravée depuis 2015, lorsque la décision de Nkurunziza d’accéder à un troisième mandat a déclenché une crise politique, sociale et militaire qui se poursuit encore aujourd’hui. Le régime CNDD-FDD a réussi à rester au pouvoir grâce à un bain de sang. Les sanctions économiques européennes et américaines qui en ont résulté ont provoqué l’effondrement de l’économie. Les sanctions occidentales avaient pour stratégie de provoquer l’effondrement du régime à travers la crise économique. Cet effondrement ne s’est pas encore produit mais le manque de liquidités a conduit les loups affamés au pouvoir à se déchirer entre leurs pour s’assurer l’accès aux ressources financières nationales désormais rares. Tous entreprises publiques ont été pillées.
Le cas de l’ONATEL et de la REGIDESO sont emblématiques. Ces deux entreprises pionnières dans les secteurs des télécommunications, de l’eau et de l’énergie sont dans une situation financière difficile. Les crédits s’accumulent au fil des ans. Le déficit est énorme: des dizaines de millions d’euros sont perdus. Tout cela en raison de la corruption endémique et de la voracité des cadres du CNDD-FDD qui utilisent ces deux sociétés comme distributeurs automatiques au lieu de permettre aux dividendes qu’elles génèrent de contribuer au développement du pays, en les réinvestissant dans la construction de routes, des écoles, des hôpitaux; pour payer les agents publics et renforcer l’assistance sociale.
Au contraire, chaque centime qui entre est volé. Le combat entre loups s’est manifesté avec la mort subite du dictateur Nkurunziza, hospitalisé pour Covid19. Divers indices laissent penser que les autres loups ont profité de l’infection pour ne pas lui offrir de soins médicaux adéquats, accélérant l’issue fatale de la maladie. Vient ensuite la mystérieuse maladie du Maréchal Général Alain Guillaume Bunyoni, numéro deux du parti, ancien chef de la police qu’ils contrôlait les services secrets et actuel Premier Ministre. Des soupçons de maladie provoquée, peut-être d’empoisonnement, figurent également dans son dossier médical. Beaucoup au sein du CNDD pointent du doigt le président Evariste Ndayishimiye alias Général Neva, son nom de guerre pendant la guerre civile qui apparaît sur ses pages officielles en ligne et sur les réseaux sociaux.

Le Général Neva et le Maréchal Général Buyoni règnent sur un pays économiquement dévasté où la violation des droits de l’homme est désormais institutionnalisée par le recours aux milices Imbonerakure et aux mercenaires rwandais des FDLR, responsables de l’Holocauste rwandais de 1994. L’absence de reprise économique et la poursuite des sanctions occidentales aiguisent la lutte interne entre Neva et Bunyoni qui se retrouvent désormais en désaccord sur tout, y compris l’ouverture vers l’Union Européenne, espérée par Neva et contrée par Bunyoni.
Les derniers investisseurs étrangers ont depuis longtemps fui le pays. Il ne reste que de petites réalités d’un poids insignifiant et des entrepreneurs peu scrupuleux qui, de leurs secteurs d’origine, s’étendent à divers autres secteurs économiques grâce à une adhésion idéologique au régime HutuPower au pouvoir. Des entrepreneurs qui signent des contrats d’une valeur de 30 millions d’euros pour la construction de projets de construction pharaoniques contestés pour leur réelle orientation économique et leur utilité pour le progrès économique du pays.
La contrebande d’or du Congo connaît également des temps sombres. L’opération « Couloir Est », commandée par le nouveau président congolais Félix Tshisekedi et menée par les armées congolaise et rwandaise dans les provinces orientales du pays, a mis les alliés du régime burundais FDLR en sérieuse difficulté. Ce groupe terroriste a perdu la majorité des territoires contrôlés où se trouvaient d’importantes mines d’or, de diamants et de coltan.
Il est encore possible de voler de l’or au Congo mais plus avec la facilité du bon vieux temps. En témoigne le dernier lot d’or volé d’une valeur de 10 millions d’euros destiné au recyclage à Dubaï. Un accord où la complicité des investisseurs des organisations mafieuses italiennes est suspectée, qui s’est mal terminée. En raison d’un défaut technique, l’avion-cargo, qui a décollé de la ville congolaise de Goma, a dû atterrir à Kigali, au Rwanda et la précieuse cargaison a été découverte et confisquée.

Les récentes ouvertures de l’Union Européenne, exprimées par son Délégué au Burundi Claude Bochu avec des tons qui s’écartent de la sobriété obligatoire des communications diplomatiques officielles, ont fait entrevoir aux loups l’ouverture pour sortir du tunnel et revivre les années d’or (2005-2012) où il y avait une abondance d’argent à voler. La fin des sanctions et la reprise de l’aide économique résoudraient toutes les tensions existantes entre Neva et Bunyoni, renforçant le régime.
Une aide qui serait immédiatement détournée vers des comptes bancaires étrangers, maintenant la population dans une misère totale par la coercition et la répression. Un exemple concret vient du sort des fonds donnés par la communauté internationale pour lutter contre l’épidémie de Covid19 qui sévit désormais dans le pays en raison de la mutation sud-africaine du virus. Les hôpitaux n’ont pas suffisamment de tests ou de médicaments. L’argent pour les acheter a disparu.
C’est dans ce climat dépressif d’une administration de la misère nationale aggravée par le danger constant de l’opposition armée soutenue par le Congo et le Rwanda, que le président Ndayishimiye a déclaré aux médias nationaux le projet de privatisation des entreprises nationales dont REDIGESO, ONATEL, OTB, annonçant des licenciements masse “du simple gardien au directeur général”. La première illustre victime est le directeur de la REGIDESO remplacé par le major Jean Albert Manigomba, fidèle loyaliste de la Neva.

Manigomba a pour tâche de lancer un obscur processus de privatisation. Bien que certains diplomates européens pensent le contraire, les investisseurs internationaux sont bien conscients qu’au Burundi, les conditions de stabilité politique et de paix sociale nécessaires à l’investissement n’existent toujours pas. La privatisation des entreprises publiques burundaises favorisera deux catégories d’investisseurs. La première: les différents hiérarchies de régime. La deuxième: les mafias internationales, y compris probablement certaines organisations criminelles italiennes. Ces deux bénéficiaires utiliseront des entreprises publiques pour blanchir l’argent sale provenant de la corruption, du trafic d’or et d’armes ou d’activités criminelles internationales.
Le régime a lancé une lourde campagne pour détruire les syndicats présents dans les entreprises publiques, témoins incommodes des opérations de recyclage impliquant organisations mafieuses étrangères, déjà existantes dans le secteur hôtelier du pays maintenant en profonde crise à cause du Covid19. Les dirigeants syndicaux sont arrêtés les accusant de complicité avec l’opposition et les rebelles qui se trouvent dans l’intérieur du pays. Selon les experts économiques régionales, la politique de privatisation est bien planifiée. Prenant comme prétexte que de nombreuses entreprises sont en faillite (en raison de la voracité des militaires FDD et des cadres du CNDD), le régime entend mettre la main sur les dernières ressources financières disponibles.
La menace de licenciements massifs de Neva s’est déjà matérialisée au COTEBU (complexe textile de Bujumbura) où 2000 salariés ont été licenciés. La majorité des licenciés sont des Hutus dont la COTEBU était la leur seule source de survie. Les licenciements massifs aggraveront la situation déjà précaire dans laquelle se trouve la population. Au Burundi, il y a maintenant une lutte pour pouvoir manger. Deux repas par jour sont devenus un luxe. La catastrophe économique est aggravée par l’épidémie de Covid19 qui fait des victimes parmi des personnes déjà affaiblies par la malnutrition.
Les licenciements massifs sont incompréhensibles car ils créeront un plus grand mécontentement de la population contre le régime. C’est ce qui apparaît à la surface. En réalité, c’est un échange de positions. La partie de la population qui sera exclue du cycle de production, le condamnant à une misère totale, sera remplacée par les adeptes du CNDD-FDD, qu’ils soient des responsables du parti ou de simples militants.

Il servira également à calmer les esprits chauds des miliciens Imbonerakure qui se verront proposer un emploi. C’est l’une des demandes de l’UE pour reprendre la collaboration économique avec le Burundi. Dans un habile tour de passe-passe, le régime veut garder la milice, comme garantie de défense, intégrant les meilleurs éléments dans la police et l’armée et offrant des opportunités d’emploi à la masse des miliciens. Officiellement, les Imbonerakure disparaîtraient, consolidant l’illusion du désir de réformes démocratiques sur lequel se fonde la tromperie du général Neva envers Bruxelles.
«Toutes les privatisations réalisées dans des pays africains bien plus stables et mûrs que le Burundi ce sont avérées être un désastre. Pour décoller, les économies africaines ont besoin d’une intervention de l’État comme cela s’est produit en Europe après la Seconde Guerre mondiale », explique un ancien professeur de l’université de Bujumbura en exil. «Le projet de privatisation en cours conçu par le CNDD-FDD sera une catastrophe car il repose sur deux piliers insensés: la nécessité de blanchir l’argent sale et l’emploi du personnel sur la base de l’appartenance politique. L’absence de critères d’évaluation professionnelle créera à très court terme les mêmes effets dévastateurs rencontrés lors de la zaïrisation de Mobutu Sese Seko et de l’expulsion des Bahindi sous Idi Aminin Dada ».
Dans les années soixante-dix, le dictateur Mobutu (arrivé au pouvoir grâce à l’assassinat du Premier Ministre Patrice Lumbumba, conçu par la Belgique et les États-Unis) a chassé tous les investisseurs étrangers du pays, entamant un processus de zaïroisation: l’économie aux mains des Zaïrois. Mobutu avait changé le nom du pays du Congo au Zaïre. Quelques mois après son arrivée au pouvoir (par coup d’État), le dictateur ougandais Idi Amin Dada a chassé tous les Bahindi (commerçants et entrepreneurs indiens) en 24 heures, confisquant leurs propriétés, boutiques et usines destinées aux Ougandais. Dans les deux cas, la productivité a chuté drastiquement en raison de l’incompétence des nouveaux dirigeants et de la cupidité des politiques à s’approprier les revenus produits par les entreprises.
Un sort similaire est réservé aux entreprises publiques burundaises privatisées. La majorité des dirigeants du CNDD-FDD sont semi-analphabètes. Selon des indiscrétions diplomatiques, même le Ministre des Affaires Etrangères (chef des Imbonerakure) a beaucoup de mal à s’exprimer en français et à ne pas connaître les protocoles diplomatiques. La destruction du patrimoine national représenté par les entreprises publiques s’accompagne d’une politique de moralisation menée au sein du secteur public. Les enseignants qui sont payés (pas tous les mois) moins de 100 dollars, doivent maintenant répondre aux critères occidentaux d’efficacité et de professionnalisme, risquant d’être licenciés autrement. Il en va de même pour le service de santé et les autres agents publics.

Les nouvelles normes d’efficacité et de professionnalisme ne sont rien de plus que le cheval de Troie pour remplacer les employés publics actuels par des cadres, des militants de la base et des miliciens Imbonerakure. Beaucoup d’entre eux, analphabètes, ont hâte de prendre des fonctions dans le secteur public afin d’avoir la liberté d’accéder au coffre-fort chaque fois qu’un besoin personnel ludique et urgent se présente. De l’achat d’une voiture de luxe à une nuit de rêve avec une belle escorte.
La politique économique actuelle, qui détruira les derniers vestiges productifs du pays en augmentant la pauvreté et le désespoir, associée aux violations continues et désormais endémiques des droits de l’homme, doit faire réfléchir le Parlement européen. Malgré l’apport positif des certains diplomates européens au Burundi ou de la pression du lobby de l’Etat parisien, le Parlement Européen, s’il veut être fidèle aux principes moraux fondateurs de l’Union, doit bien réfléchir avant de dégager la junte militaire burundais et de reprendre l’aide économique.
La semaine dernière, à l’occasion d’une retraite du CNDD-FDD, L’archevêque de Gitega Simon Ntamwana en a profité pour demander aux autorités issues du CNDD-FDD de respecter la diversité d’opinion et de chercher le bien collectif. A ce sujet nous avons contacté l’ACAT Italie (Action Chrétienne pour l’Abolition de la Torture) pour illustrer la situation actuelle des droits de l’homme au Burundi afin de vérifier si la prétendue amélioration redoutée par le Délégué de l’UE à Bujumbura est réelle ou le résultat d’une logique diplomatique incompréhensible avec des objectifs et des effets pas encore claires. Nous publierons prochainement leur rapport sur le sujet.

Fausto Beltrami