La laïcité de la France et le rôle des catholiques en politique dans l’entretien du cardinal Parolin avec La Croix

Le rôle des catholiques dans la société et la politique, également à la lumière des nouvelles lois approuvées au-delà des Alpes comme celle sur la bioéthique. Puis un éventuel voyage du Pape à Paris, le fléau de la pédophilie dans l’Église, la réforme de la Curie; enfin, une référence au prochain procès au Vatican.

L’interview ces derniers jours du journal ‘La Croix’ avec le secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, en conversation avec le journal catholique français quelques jours après son déplacement à Strasbourg pour le centième anniversaire de la mort du saint patron de l’Alsace Saint Odilia. Quant à la Constitution apostolique sur la réforme de la Curie, actuellement à l’étude par le Conseil des cardinaux dont il est membre, Parolin se borne à signaler que le document qui remplacera le Pastor Bonus de Jean-Paul II est «à l’attention des canonistes adapter la terminologie au caractère juridique du document».

Pour le moment de la publication, «cela dépend du Pape», glose-t-il, puis ajoute: «Dans une organisation complexe et pluri-siècle comme la Curie romaine, le changement peut poser quelques difficultés. Mais il y a une réelle volonté d’en faire un instrument au service du Saint-Père pour le bien de l’Église. Désormais, nous devons éviter tout ce qui aurait pu ternir l’image de ses services par le passé».

Pas de voyage de Francesco en France pour le moment
En référence au Pape, son plus proche collaborateur précise que, du moins pour le moment, le voyage du Pape en France n’est pas prévu, même s’il y a “un projet”. «Le Pape a déjà manifesté son intérêt pour Emmanuel Macron. Mais je suis incapable de donner une date. J’espère que cela pourra être fait au plus vite, car la France mérite une visite du Saint-Père». Dans la même veine, le cardinal rappelle les cent ans de relations diplomatiques entre la France et le Vatican : des relations « positives», dit-il, «nous partageons des préoccupations communes, comme l’écologie, qui est devenue un thème central de l’activité internationale du Saint-Siège, et la gestion de la pandémie». Cependant, «certaines divergences subsistent, comme la question du désarmement et du nucléaire».

La laïcité française, une question sensible Interrogé sur la question de la laïcité française, alors que les discussions de l’Assemblée nationale (la chambre basse du Parlement français) se poursuivent, sur le projet de loi contesté sur le «séparatisme religieux» qui prévoit un contrôle accru de l’État sur les organisations religieuses et les lieux de culte, Parolin dit que c’est «un sujet très sensible en France. «La laïcité française a des caractéristiques qu’on ne retrouve pas ailleurs, liées à votre histoire, et en particulier à la Révolution française, mais aussi aux différentes étapes qui ont conduit à la séparation entre l’Église et l’État, et parfois à un rejet fort de la religion. Tous ces épisodes ont laissé leur empreinte et ont contribué à la marginalisation de la dimension religieuse dans la vie sociale. Ce n’est pas bien. L’idéal est toujours d’avoir à la fois une autonomie de la communauté politique par rapport à l’Église et une saine collaboration entre elles. L’Église et l’État ont pour objectif commun de contribuer au bien commun. Le cardinal, en revanche, ne se dit pas préoccupé par les tensions qui précèdent chaque campagne électorale, parfois «nécessaires pour avancer», mais recommande que celles-ci «ne se transforment pas en conflits violents, en attaques personnelles qui contribueraient à un climat destructeur».

Loi sur la bioéthique et la voix des catholiques Dans la conversation avec La Croix, il y a aussi une référence à la loi sur la bioéthique qui vient d’être adoptée en France, et fortement critiquée par la population catholique. «Il est important – a fait remarquer le secrétaire d’Etat du Vatican – que les catholiques puissent faire entendre leur voix, avec des arguments basés sur leur foi, même dans des débats aussi délicats». Ceci même si la loi a déjà été approuvée, «parce qu’ils le font au nom de la défense de la dignité et de la valeur de toute vie humaine». Attention toutefois à « rester dans un débat de raison et à ne pas glisser dans l’idéologie.