«Que la paix soit avec vous tous. » Ce sont les premiers mots du nouveau pape, le missionnaire augustinien américain Robert Fra, qui a ajouté : « la paix du Christ, une paix désarmée et désarmante. » La première rencontre du nouveau pontife avec les fidèles de Rome, quelques minutes à peine après son élection et juste après l’annonce du Habemus Papam faite par le protodiacre Dominique Mamberti, donne déjà le ton de ce nouveau pontificat, qui sera fortement engagé en faveur de la paix. Le choix du nom de Léon nous renvoie à Léon XIII, le pape Pecci, auteur de la Rerum Novarum et initiateur de la Doctrine Sociale de l’Église. Ce nom indique une option claire en faveur des travailleurs, des exploités, de ces exclus que le pape François avait placés au centre de son ministère pastoral.
« Nous gardons encore dans nos oreilles – a dit le nouveau pape – cette voix faible mais toujours courageuse de François qui bénissait Rome et le monde ce matin de Pâques. Permettez-moi de poursuivre cette même bénédiction. Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas. Nous sommes tous dans les mains de Dieu. Alors, sans peur, unis, main dans la main avec Dieu et entre nous, avançons. Nous sommes disciples du Christ. Le Christ marche devant nous. Le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de lui comme pont pour rejoindre Dieu et son amour. Aidez-nous, et aidez-vous les uns les autres, à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours en paix. Merci au pape François. »
Le nouveau pape n’a pas salué ses compatriotes en anglais, mais a parlé en espagnol à son diocèse péruvien de Chiclayo, un territoire très pauvre situé sur la côte nord du Pérou, dans lequel, en tant qu’évêque, il s’est totalement investi pour défendre les droits des campesinos. Il s’agit d’un choix – qu’il confirme aujourd’hui comme pape, on peut l’affirmer sans hésitation – en faveur des plus pauvres et des marginalisés. C’est dans ce contexte que Robert Francis Prevost s’est distingué, d’abord comme missionnaire, puis comme évêque, s’engageant avec dévouement. Au cours de son ministère, le nouveau pape s’est fait connaître pour sa proximité concrète avec les communautés les plus vulnérables, en défendant les droits des derniers et en promouvant une pastorale attentive à la justice sociale. Son action a laissé une empreinte profonde dans la vie ecclésiale et civile de la région, témoignant d’une Église attentive aux besoins réels de son peuple. « Et si vous me le permettez – a-t-il dit – un salut à tous, et en particulier à mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi et a tant donné, tant donné pour continuer à être une Église fidèle à Jésus-Christ. »
« Je veux remercier aussi – a ajouté Prevost – tous les confrères cardinaux qui m’ont choisi pour être le Successeur de Pierre et marcher avec vous, comme une Église unie, cherchant toujours la paix, la justice, travaillant toujours comme hommes et femmes fidèles à Jésus-Christ, sans peur, pour proclamer l’Évangile, pour être missionnaires. Je suis un fils de saint Augustin, un augustinien, qui a dit : “avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque”. En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers cette patrie que Dieu nous a préparée. »
« À l’Église de Rome – a-t-il poursuivi – un salut spécial ! Nous devons chercher ensemble à être une Église missionnaire, une Église qui construit des ponts, le dialogue, toujours ouverte à accueillir comme cette place, avec les bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, du dialogue et de l’amour. À vous tous, frères et sœurs de Rome, d’Italie, du monde entier, nous voulons être une Église synodale, une Église en marche, une Église qui cherche toujours la paix, qui cherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche, surtout de ceux qui souffrent. »
« Aujourd’hui – a-t-il conclu – c’est le jour de la Supplication à la Vierge de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche, nous aider par son intercession et son amour. Alors, je voudrais prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l’Église, pour la paix dans le monde et demandons cette grâce spéciale à Marie, notre Mère. »
Une note de couleur : la mosette rouge est revenue sur les épaules d’un pape, après que François l’eut reléguée au placard. C’est aussi un signe de sa volonté d’être bergoglien, mais avec une empreinte et une sensibilité personnelles, qui, sur le plan liturgique, rappellent peut-être celle de Benoît XVI, le pape Ratzinger, auquel il ressemble aussi un peu physiquement.
Salvatore Izzo