Conclave. Les cardinaux demandent de poursuivre les réformes de Bergoglio. L’Anneau du Pêcheur de François a été brisé (S.C.)

Un Pape qui soit « Pontife, c’est-à-dire bâtisseur de ponts, et pasteur, maître d’humanité et visage d’une Église samaritaine » ; un Pape qui, « en des temps de guerre, de violence et de profonde polarisation », soit un signe de « miséricorde, de synodalité et d’espérance ». Telles sont les caractéristiques – complétant le portrait-robot du nouveau Pape – indiquées par les cardinaux lors de la dernière Congrégation générale. Vingt-six interventions d’environ cinq minutes chacune, au cours desquelles ont été énumérées, entre autres, les missions et priorités pour l’Église et pour le monde d’aujourd’hui, a rapporté le porte-parole Matteo Bruni. Il a ajouté que ces attentes viennent s’ajouter à ce qui est ressorti des précédentes Congrégations, où les cardinaux « ont exprimé leur gratitude pour le magistère du pape François et les processus qu’il a initiés, soulignant la responsabilité collective de les poursuivre avec fidélité et courage ».

Même lors de cette dernière rencontre du pré-conclave, il a été question des « réformes lancées par le pape François, qui doivent être poursuivies : la lutte contre les abus, la transparence économique, la réorganisation de la Curie, la synodalité, l’engagement pour la paix et le soin de la création » – ces deux derniers aspects ayant été évoqués avec mention des encycliques *Fratelli tutti* et *Laudato si’*. La responsabilité de l’Église dans ces domaines est ressentie de manière profonde et partagée. Un thème central de la réflexion a été celui de la communion, présentée comme une vocation essentielle pour le nouveau Pontife. Le profil qui se dessine est celui d’un Pape pasteur, maître d’humanité, capable d’incarner le visage d’une Église samaritaine, proche des besoins et des blessures de l’humanité. En ces temps marqués par les guerres, les violences et les fortes polarisations, le besoin se fait vivement sentir d’un guide spirituel qui offre miséricorde, synodalité et espérance. »

Certains discours – rapporte *Vatican News* – ont abordé des questions de nature canonique, en réfléchissant au pouvoir du Pape. Le thème des divisions au sein de l’Église et de la société a également été abordé, ainsi que la « manière d’être cardinaux dans l’Église » ou encore la « proximité avec les pauvres », en rappelant la Journée mondiale qui leur est dédiée, instituée par le pape François, symboliquement « proche » de la fête du Christ Roi. Parmi les autres thèmes évoqués : la nécessité de rendre les réunions du Collège cardinalice lors des consistoires plus significatives ; l’initiation chrétienne et la formation « comme actes missionnaires » ; le témoignage des martyrs de la foi dans des terres de conflit ou où la liberté religieuse est limitée ; le thème d’une date commune pour célébrer Pâques – en cette année marquant le 1700e anniversaire du Concile de Nicée – et donc le dialogue œcuménique. Lors de la Congrégation, a également été lue une Déclaration dans laquelle les cardinaux lancent un appel aux parties impliquées dans les conflits pour un cessez-le-feu permanent et soulignent l’urgence des négociations. Une Déclaration née à l’initiative de l’un des cardinaux présents, accueillie par ses confrères, rédigée ensuite par le secrétariat et approuvée par la Congrégation.

L’Anneau du Pêcheur a été annulé

Les cardinaux ont ensuite assisté à l’acte d’annulation de l’anneau du Pêcheur du pape François, en argent doré, sur lequel figurait la gravure de saint Pierre tenant les clés, ainsi que le sceau de plomb parmi les insignes pontificaux que reçoit le nouveau Pontife au cours de la messe inaugurale de son pontificat. L’annulation – réalisée concrètement par une jeune femme, fonctionnaire de l’Aumônerie apostolique – s’est déroulée ce matin dans l’Aula du Synode, en présence du camerlingue Kevin Farrell et du Collège des cardinaux.

Demain matin à 10h, la messe *Pro eligendo Pontifice* sera célébrée par le cardinal doyen Giovanni Battista Re ; dans l’après-midi, à 16h30, aura lieu la procession des cardinaux selon leur ordre d’appartenance (d’abord les cardinaux diacres, puis les cardinaux prêtres, enfin les cardinaux évêques), tous en habit de chœur, avançant au chant du *Veni, Creator Spiritus* en direction de la chapelle michelangelesque. Là se dérouleront le serment, la méditation du père Raniero Cantalamessa, prédicateur émérite de la Maison pontificale, le premier scrutin et la première fumée du soir.

Jeudi matin, les cardinaux électeurs se retrouveront avant 8h au Palais apostolique pour la messe et les laudes dans la chapelle Pauline. Ensuite, à 9h15, ils se retireront en chapelle Sixtine pour réciter l’*Hora media* puis procéder aux scrutins. Le déjeuner aura lieu vers 12h30 à Sainte-Marthe, à 15h45 départ vers le Palais apostolique, puis à 16h30 nouveau retrait en chapelle Sixtine pour d’autres votes et, à la fin (vers 19h30), les vêpres. Les prières et les textes seront tous en latin, a précisé Bruni. Ce dernier a également rappelé qu’il y aura deux fumées par jour : une en fin de matinée, vers 12h, et une le soir, vers 19h. Cela correspondra à la fin du deuxième scrutin du matin ou du soir.

S.C.